EVE FIDÈLE : URGENCE AGRICOLE

L’urgence d’agir face aux effets du changement climatique sur les systèmes agroalimentaires n’a jamais été aussi évidente. Comme l’affirme l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les systèmes agroalimentaires doivent devenir plus résistants aux impacts actuels et futurs du changement climatique, en s’inspirant des bonnes pratiques pour promouvoir des politiques, des plans et des actions d’adaptation transformateurs.

Notre situation insulaire nous expose aux fluctuations extrêmes imputables au changement climatique. À cet égard, des mesures d’adaptation sont déjà en cours de mise en œuvre. La rapide expansion des techniques de culture en environnement contrôlé en est une illustration concrète. Dans le domaine de l’agriculture en plein champ, les deux extrêmes auxquels nous pouvons faire face grâce à des solutions palliatives sont principalement liés à la pluviométrie (sécheresse et inondation avec le récent passage du cyclone Belal).

Le changement climatique constitue une menace pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, tandis que l’activité agricole elle-même contribue de manière significative au changement climatique. Englobant la production végétale et animale, la pêche, l’aquaculture et la sylviculture, l’agriculture joue un rôle crucial dans la réponse aux défis posés par le changement climatique pour l’humanité. Il est impératif et urgent de comprendre les liens complexes entre le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire afin de concevoir des stratégies d’adaptation qui amélioreront la sécurité alimentaire. Cela permettra également de garantir que notre secteur agricole puisse contribuer de manière efficace à l’atténuation du changement climatique.

Le passage du cyclone Belal a mis en évidence la fragilité de notre secteur agricole face aux changements climatiques. Les répercussions sur la production alimentaire nationale sont à la fois matérielles et financières, se manifestant par des pertes directes de chiffre d’affaires, impactant ainsi la trésorerie. Les conséquences dévastatrices du cyclone, combinées aux dommages causés par les fortes pluies en novembre et décembre 2023, laissent les agriculteurs dans l’incertitude quant à leur capacité à se relever. La question de savoir comment retrouver le courage moral et les ressources financières nécessaires pour recommencer se pose désormais de manière pressante.

Ces conditions météorologiques extrêmes, de plus en plus fréquentes chaque année, sont susceptibles de compliquer davantage les activités agricoles pour les travailleurs. Les baisses de productivité dans l’agriculture résultant du changement climatique auront de graves conséquences négatives sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Les pénuries d’approvisionnement alimentaire entraîneront des hausses importantes des prix des denrées alimentaires. D’un autre côté, les températures et l’humidité excessives peuvent aussi entraîner une diminution de la productivité et une réduction des revenus due à une diminution du temps de travail.

Comme l’a si bien dit Bruno Dubarry, président du Vélo Vert, la clé pour moderniser l’agriculture à Maurice réside dans le développement de modèles agroforestiers adaptés. En incorporant nos futures cultures au sein d’un agencement comprenant des plantes de couverture du sol, des arbustes et des haies, ainsi que des arbres de taille moyenne et grande, nous pourrons influencer les mécanismes d’adaptation aux perturbations climatiques. Cela inclut la régulation des températures au sol et la gestion des précipitations massives, entre autres aspects.

«Le changement climatique constitue une menace pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, tandis que l’activité agricole elle même contribue de manière significative au changement climatique»