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La finance lutte contre le changement climatique

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Dans le sillage de son étude ‘Klima Neutral 2050’ et de ses engagements écoresponsables, le groupe MCB a lancé la semaine dernière une semaine dédiée à la sensibilisation et à la réflexion au changement climatique anthropique.

Employés et membres de la direction du groupe bancaire, mais aussi parties prenantes des secteurs privé et public, étudiants, ont été mobilisés pour réfléchir ensemble à la problématique posée par le climat, avec le concours du Dr. François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations, et coauteur des rapports du GIEC, d’Elizabeth Laville et de son cabinet français Utopies, ainsi que du Dr. Aman Kumar Maulloo, directeur du Rajiv Gandhi Science Centre.

Lors d’un point de presse organisé jeudi dernier par le groupe MCB pour rendre compte de sa ‘semaine Klima’, le Dr. François Gemenne a fait ressortir que la question du financement était un peu le point aveugle de la lutte contre le changement climatique.  A la question de Business Magazine sur la propension donnée à l’accès aux financements lors des dernières conférences (COP27, COP15, One Forest Summit, Traité sur la haute mer…), et sa pertinence comme clef pour la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité, il répond que pendant trop longtemps on a cru que la finance n’avait aucun rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. Et qu’aujourd’hui un effort de rattrapage considérable est à effectuer et le monde de la finance converge dans ce sens.

« On se rend compte aujourd’hui que c’est d’abord un pivot central dans les négociations, que c’est un levier d’actions qui jusqu’ici était insuffisamment actionné simplement parce que la finance s’est longtemps focalisée sur le développement se fondant sur l’extraction des énergies fossiles. La question maintenant est comment on fait basculer d’importants volets de financement dans les énergies fossiles vers les énergies vertes. Mobiliser de la finance, c’est encore plus compliqué pour les questions d’adaptation et les questions de compensation. Très clairement, c’est aussi par la finance qu’on va pouvoir rapprocher les points de vue des pays industrialisés et ceux des pays du Sud, parce qu’on se rend compte que cela va coûter pas mal d’argent et donc qu’il va falloir mobiliser des instruments et des mécanismes financiers considérables, et j’ai envie de dire que pendant trop longtemps on a considéré que la finance n’avait pas de rôle à jouer dans tout cela, et sans mauvais jeu de mots, on le paie un peu aujourd’hui. » Le coauteur des rapports du GIEC souligne que la MCB, comme d’autres grandes banques aussi bien que les compagnies d’assurances ou encore les fonds de pension à travers le monde, sont en train d’évoluer dans ce sens, et de se demander comment demain financer un monde décarbonné.

Compte tenu des vulnérabilités de l’économie mauricienne, et de l’exposition aux risques de ces secteurs d’activités, l’attractivité de Maurice comme place financière est d’ailleurs en jeu. Et la résilience viendra des efforts d’adaptation effective et de la démonstration de ces efforts, notamment aux agences de notation financière, indique le Dr François Gemenne. « Aujourd’hui quand on regarde les chiffres, il est certain que Maurice va devenir moins attractif et que c’est le cas de beaucoup de pays où les impacts du changement climatique vont effectivement rendre, au regard des investissements, davantage risqués. Le pays en lui-même risque de devenir moins attractif. Les politiques d’adaptation éclairées, la mise en mouvement de la société mauricienne dans la lutte contre le changement climatique et la durabilité, est aussi une manière de maintenir la durabilité des investissements. »

Si Maurice prend dès à présent des mesures d’adaptation pour essayer de mitiger autant que possible les effets du changement climatique, c’est aussi une manière de garantir la durabilité des investissements, réitère le spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations. Il ajoute que c’est intéressant de voir que les agences de notation financière aujourd’hui, à l’instar de Fitch ou de Moody’s, sont en train de considérer comment il est possible d’intégrer, dans la note qu’elles vont octroyer à l’économie de différents pays, un critère de résilience face au changement climatique ; précisément dans le but de rassurer les investisseurs, “et de dire nous vous maintenons .

L’initiative ‘Semaine Klima’ du groupe MCB survient dans le sillage de la publication de la synthèse du sixième cycle d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le 20 mars dernier. Un sixième rapport de synthèse rappelant que les activités humaines, principalement par le truchement des émissions de gaz à effet de serre (GES) « ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète ». Un réchauffement climatique atteignant 1,1°C de plus en 2011-2020 comparativement à la période 1850 et 1900 ; période préindustrielle considérée comme le tournant dans l’augmentation des GES. Face à ce réchauffement inédit par sa rapidité et sa fulgurance, soutient le rapport du GIEC, des changements rapides et généralisés se sont produits dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère. Et ce changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du globe. Les communautés vulnérables ayant « historiquement contribué le moins au changement climatique actuel sont touchées de manière disproportionnée » peut-on lire dans ce rapport.

Tout « en étant pleinement consciente que le changement climatique doit être l’affaire de tous », la MCB souhaite être le moteur de la transition écologique pour Maurice, communique le groupe bancaire. Dans le cadre du point de presse qu’il a organisé le jeudi 27 avril dernier,  l’on a étayé le fait que depuis 2018 la MCB avait entamé une suite de consultations et de réflexions autour de la question avec, entre autres, la tenue d’une conférence Klima en 2020, en amont de la pandémie. « Le Groupe s’engageait alors à réduire ses émissions de carbone, à sortir du financement du charbon et avait alors annoncé un soutien aux entreprises désireuses de s’engager dans des projets d’atténuation ou d’adaptation par rapport à la réalité climatique ». Raison pour laquelle Jean Michel Ng Tseung, CEO du Groupe MCB, a indiqué que le Groupe MCB s’est mobilisé durant cette semaine nommée « Semaine Klima », à travers une série d’actions de sensibilisation sur le changement climatique avec des conférences avec ses clients, master class avec ses employés, formation des professeurs et des élèves dans les écoles à travers le ‘Deba klima’, formations de ces Relationship Managers. La semaine Klima a débuté par des master class de François Gemenne aux employés de la MCB et aux membres de la direction du groupe, axées sur l’adaptation au changement climatique et son atténuation.

Depuis 2009, avec la collaboration de l’AFD, le groupe MCB a déjà mis en place des green loans. « Nous sommes sur la troisième phase de financement. Nous avons décaissé environ 130 millions d’euros », a fait ressortir pour sa part Alain Law Min, CEO de la MCB. Durant ces quelques 12 dernières années, le groupe bancaire s’est beaucoup orienté vers les mesures d’atténuation. « Un certain nombre de projets d’aujourd’hui nous ont permis d’atténuer l’empreinte carbone et, à notre niveau, depuis l’année dernière, nous avons commencé à réfléchir sur ce qui serait un modèle de sustainable finance. Cela veut dire qu’est-ce que nous pouvons faire comme membre pour nous assurer que les financements que l’on met à la disposition de nos clients sont en règle et sont injectés dans des projets qui mènent à réduire l’empreinte carbone, augmenter notre résilience pour mieux nous adapter au changement climatique. On a annoncé officiellement en février Rs 5 milliards de ligne à des taux favorables, bonifiés, et on a vu un engouement à cette ligne, et déjà on voit des projets venir ; le retour est intéressant. »

L’engouement était tel que le groupe MCB a décidé de donner les moyens à ceux qui veulent faire la différence en doublant la ligne de financement de Rs 5 milliards à Rs 10 milliards. En marge de la ‘Semaine Klima’, la nouvelle a été annoncée. « Ce qui permettra d’amener du financement à de nombreux projets. Ce n’est pas tout. J’ai juste brossé un dessin de là où nous sommes en train d’aller. L’important est d’agir ; je crois que cela démontre qu’en étant un peu catalyseur, en travaillant avec l’Etat, on arrive à toucher le curseur. »

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