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« Notre riz n’a rien à voir avec le riz ration d’antan »

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« Notre riz n’a rien à voir avec le riz ration d’antan » | business-magazine.mu

« Se procurer du riz sur des contrats à long terme, c’est faire du hedging. On peut le faire quand le prix est nettement plus bas que la moyenne dans le temps. Aucun fournisseur n’offrira un prix qui ne couvrira pas ses risques. »

BUSINESSMAG. La crise économique actuelle aurait-elle une incidence sur le volume de consommation à Maurice ?

De manière générale, non. Les produits qui nous concernent sont des aliments de base vendus à des prix nettement inférieurs au prix coûtant dans les pays producteurs. Les consommateurs sont tenus à l’abri des aléas du cours mondial par les subsides consentis par l’État.

En fait, la consommation globale de blé par année par personne a atteint 68 kg et pour le riz, elle s’élève à 56 kg. Cela peut varier énormément de pays en pays, dépendant de l’importance de consommation d’autres aliments de base traditionnels. À Maurice, nous sommes arrivés à 107 kg de blé et 75 kg de riz par personne par an. À Rodrigues, on consomme plus de riz : 100 kg et moins de farine, 45 kg par personne. La consommation de blé est en très légère hausse. La consommation du riz semble être en baisse constante de 2 à 3 % par an sur les trois dernières années. Cette tendance ne s’explique pas par les prix qui n’ont guère évolué.

BUSINESSMAG. Mais cette protection contre les aléas du cours mondial se limite à un type de riz, car la STC se charge de l’importation du ‘Ration Rice’ exclusivement…

Oui, le marché du riz est libéralisé depuis janvier 1997 sauf pour le riz dit « ration ». La STC n’en importe que ce type, soit un riz de base qui bénéficie d’un subside pour le rendre accessible à tous.

S’agissant de la nomenclature, il est grand temps d’abandonner cette appellation « riz ration » parce que notre riz n’a rien à voir avec ce riz d’antan sale et repoussant avec 25 à 40 % de brisures dont on pouvait se procurer que muni d’une ‘carte ration’. Cette ‘carte ration’ associée à une connotation négative était exigée. Désormais, c’est un riz blanc dit « long grain », avec un taux de brisures en dessous de 15 %. Il s’agit d’un riz poli et nettoyé à l’usine, emballé dans des sacs de 25 kilo pratiques à transporter, et dorénavant disponible à travers le pays et même dans les grandes surfaces.

Ce riz coûte actuellement Rs 8,58 la livre à la STC. Il est vendu en détail à Rs 5,40. On peut dire qu’il n’est consommé que par un Mauricien sur cinq.

BUSINESSMAG. Est-il vrai de dire qu’avec la volatilité du prix du riz sur le marché mondial, la STC évite les contrats à long terme ?

Se procurer du riz sur des contrats à long terme, c’est faire du hedging. On peut le faire quand le prix est nettement plus bas que la moyenne dans le temps. Mais aucun fournisseur n’offrira un prix qui ne couvrira pas ses risques par rapport aux cours qui fluctuent en permanence. On n’avait peut-être pas grand choix dans le passé quand toute une délégation partait annuellement pour négocier l’achat du riz sur des contrats annuels. Puis on a procédé par des tenders annuels qui n’attiraient que quelques initiés.

En 2009, la STC avait alloué un tender de 20 000 tonnes sur une année à 610 dollars la tonne, estimant que c’était une bonne affaire car le cours mondial était beaucoup plus élevé. Mais trois mois plus tard – et moins de 2 000 tonnes dans le contrat – le cours dégringola à moins de 500 dollars la tonne. Il ne faut pas oublier que le cycle de production du riz est de quatre mois en moyenne et qu’il y a une récolte quelque part tout le long de l’année. Dans le monde agricole, une contraction des stocks, causant une hausse de prix, est souvent suivie d’une surproduction résultant en une baisse de prix conséquente.

Aujourd’hui, le riz s’échange instantanément sur les marchés d’exportation et les prix sont connus de tous, à n’importe quel moment. Nous nous adaptons et tâtons le marché régulièrement à travers des Requests for Quotations (RFQ). Nous jouons à fond les forces du marché ouvrant le concours on line.

BUSINESSMAG. Quelle est la stratégie de la STC pour mener à bon port sa mission de maintenir la disponibilité du riz sur le marché local et pour assurer que le riz importé reste financièrement accessible à toutes les composantes de la population ?

Nous contrôlons le stock et la vente chaque jour et analysons régulièrement les tendances. Il nous faut garder 7 à 8 semaines de stock pour assurer l’approvisionnement additionnel en cas d’urgence, comme avec le passage d’un cyclone. Un stock plus important est aussi maintenu à Rodrigues. Il représente trois mois de consommation en raison de son éloignement.

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