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Économie Finance

Valeurs refuges, Les actifs de protection sont-ils des mythes financiers ?

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Les valeurs refuges sont des actifs privilégiés par les investisseurs en temps de crise économique et d’incertitude. Bien qu’elles offrent des perspectives sur le long terme, les investisseurs se sentent rassurés en détenant certains de ces actifs dans leur portefeuille. Pour autant, faut-il investir les yeux fermés dans les actifs de protection ?

La situation est actuellement complexe dans le domaine des investissements. Le tissu économique et financier est, d’une part, fragilisé, voire éclaboussé, par l’effondrement de certaines néobanques américaines et par des scandales financiers européens comme l’affaire de CumCum en France ou encore l’ingérence de Crédit Suisse et, d’autre part, dans le sillage de la lutte contre l’inflation, les banques centrales pratiquent des tours de vis monétaires en rehaussant les taux d’intérêt, ce qui, de fait, impacte les rendements des marchés, notamment les obligations de gouvernement. Une conjoncture qui oblige les investisseurs à réfléchir de manière pragmatique et intelligente afin d’engranger des profits.

Toutefois, d’ordre général, lorsque l’économie est de plain-pied empêtrée dans une situation sensible et incertaine, une famille d’actifs sort du lot : les valeurs refuges. Parmi les instruments connus sous ce foyer, l’on retrouve l’immobilier, l’or ou encore les obligations de gouvernement, entre autres. Cette classe d’actifs, décrits comme des actifs de protection, offre des perspectives à long terme et résiste aux différents impacts
économiques.

Mais cette tendance est-elle toujours d’actualité ? C’est la question posée à Imrith Ramtohul. Le Senior Investment Consultant d’AON Solutions fait remarquer que chaque cas diffère l’un de l’autre. Ainsi, il préconise d’analyser la situation économique actuelle, car l’investissement est intiment lié à la conjoncture économique. «La situation dans le monde de la finance est en proie à des chamboulements. Les récents événements comme la fermeture de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank aux États-Unis, ainsi que les problèmes de Crédit Suisse en Europe, ont eu un impact négatif sur la confiance des investisseurs. Idem pour la hausse des taux d’intérêt et des taux d’inflation qui rend également plus difficile l’identification d’investissements rentables pour les investisseurs», observe-t-il.

En dépit de ce contexte particulièrement compliqué, le financier note tout de même des opportunités pour les investisseurs patients qui pourraient se tourner vers des obligations sous-évaluées susceptibles de résister à la tempête économique. «Avant de prendre une décision d’investissement, il est important que les investisseurs évaluent soigneusement leurs buts et objectifs d’investissement et prennent en compte des facteurs tels que le climat économique actuel, leur tolérance au risque et leur horizon temporel», conseille Imrith Ramtohul.

Crise des subprimes : les faiblesses des actifs de protection dévoilées

Toutefois, la situation est encore plus complexe pour les valeurs refuges. La raison remonte à la crise des subprimes en 2008 aux États-Unis lorsque l’immobilier, qui est un actif de protection par excellence, a été le vecteur principal de la crise économique. Depuis cet événement, les financiers sont vigilants lorsqu’ils composent les portefeuilles de leurs clients. Ils mettent en avant l’importance de la diversification des placements.

Ainsi, même s’ils composent des portefeuilles avec des actifs de protection, les courtiers s’assurent que l’investisseur dispose également d’actifs plus risqués comme, par exemple, ceux sur le marché des capitaux afin que ses clients investisseurs fassent du bénéfice sur le court, moyen ou long terme. Les subprimes ont également été un lanceur d’alerte pour la communauté des investisseurs car, bien que les actifs de protection offrent des rendements intéressants, ils peuvent engendrer de lourdes pertes.

Imrith Ramtohul revient sur une analyse approfondie de ce segment des investissements et répond à la question de savoir si les actifs de protection sont toujours certains d’assurer des bénéfices. «La raison pour laquelle ces actifs sont considérés comme des valeurs refuges est qu’ils ont fourni une protection contre l’inflation dans le passé, c’est-à-dire que le pouvoir d’achat de l’actif a été mieux préservé. Toutefois, dans la situation actuelle de forte inflation, il peut être difficile d’obtenir des rendements supérieurs à celle-ci. En outre, il convient de noter que les valeurs refuges n’offrent pas toujours des rendements réguliers au fil des années. Le prix de l’or a été très volatil et les investisseurs doivent en être conscients. Le prix peut baisser et ils peuvent donc subir des pertes. De plus, l’or devient moins intéressant lorsque les taux d’intérêt grimpent, car les investisseurs ne perçoivent pas de revenus pour le détenir. Étant donné que les taux d’intérêt pourraient encore augmenter au cours de l’année 2023, le prix de l’or pourrait être affecté négativement. On ne peut donc pas dire que les valeurs refuges offrent toujours une protection du capital

Le métal jaune, un actif de référence

Mais qu’en est-il de la situation actuelle ? Car, comme on le sait, l’environnement de fort taux d’intérêt couplé à la forte inflation est source d’incertitude au niveau des investissements. Les valeurs refuges s’en trouvent d’ailleurs impactées, notamment les obligations de gouvernement qui demeurent tributaires du fléau inflationniste et de l’environnement de fort taux d’intérêt. Néanmoins, tous les actifs de protection ne sont pas pénalisés par cette tendance. L’or, par exemple, est en effervescence depuis le début de l’année : le métal jaune a gagné près de 8 % jusqu’au 30 mars !

Imrith Ramtohul décortique la situation. L’expert financier rappelle que les obligations de gouvernement sont traditionnellement considérées comme des investissements sans risque. Cependant, dans le contexte actuel de forte inflation, la situation peut être plus complexe.

«Les banques centrales du monde entier ont réagi en adoptant des mesures de politique monétaire sans précédent pour tenter de juguler l’inflation. Lorsque les taux d’intérêt sont en hausse, les prix des obligations ont tendance à baisser, puisqu’ils sont inversement liés. De plus, le rendement actuel des obligations est bien inférieur au taux d’inflation. Il convient également de noter que ces instruments gouvernementaux ne sont sûrs que s’ils sont conservés jusqu’à la date d’échéance. S’ils sont vendus avant l’échéance, l’investisseur peut subir des pertes (surtout si les taux d’intérêt ont augmenté). Cette situation a été récemment observée par certaines banques américaines telles que la Silicon Valley Bank et la First Republic Bank», explique-t-il.

Et de conclure en suggérant qu’investir dans les obligations de gouvernement, dans l’or ou encore dans un autre actif de protection requiert au préalable une analyse du contexte économique, tout en analysant tous les paramètres macroprudentiels économiques. «Les valeurs refuges telles que l’or sont généralement privilégiées en période d’incertitude économique. Un actif refuge est un type d’investissement dont on s’attend à ce qu’il conserve ou augmente sa valeur en période de turbulences sur les marchés. De fait, investir dans l’or est souvent considéré comme une protection contre l’inflation. Cette année, compte tenu des problèmes bancaires rencontrés aux États-Unis et en Europe, de nombreux investisseurs ont transféré une partie de leur portefeuille vers l’or. Depuis le début de l’année, le prix de l’or a augmenté d’environ 8 %
(en USD). Cependant, cette tendance pourrait s’inverser en cas de nouvelles stratégies des banques centrales

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