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Le consommateur contraint de descendre en gamme

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Le consommateur contraint de descendre en gamme | business-magazine.mu

Une conjoncture économique difficile couplée à une baisse du pouvoir d’achat ont forcé nombre de Mauriciens à se serrer la ceinture en 2014. Résultat : une croissance estimée à  2,7 %  cette année qui fait suite à celle de 2,6 % en 2013, démontrant une quasi-immobilité du secteur.

La consommation devrait connaître une croissance de 2,7 % cette année, un taux légèrement plus élevé que celui de l’année dernière qui était de 2,6 %, soit Rs 288,7 milliards contre Rs 270,2 milliards en 2013. C’est ce qu’estime l’Institut national des statistiques.

Selon Suttyadeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), les Mauriciens ont dû se contenter de l’essentiel pour leurs achats en 2014. En cause : la situation économique difficile dans laquelle nous avons évolué durant l’année et la hausse des prix des denrées de base telles que le riz, les grains secs, le lait et la viande. « Il n’y a pas eu de dépenses ‘de luxe’ pour se permettre des loisirs coûteux comme un séjour à l’étranger ou dans un hôtel. Ceux qui on tpu le faire ne sont qu’une petite poignée», souligne le président de l’Apec. Il note égalementque les commerçants « disent sans exception queleur commerce a piétiné. Les Mauriciens - ceux tombant dans la catégorie ‘middle income’et ‘low income groups’ - ont donc été judicieux dans leurs dépenses. »

Avec le chômage qui continue de grimper, les choses deviennent de plus en plus difficiles pour les ménages. Ce qui fait que les Mauriciens optent pour des produits dont les prix sont à leur portée. Par exemple, le coût du riz basmati ayant augmenté de manière substantielle, beaucoup de consommateurs se voient obligés de se tourner vers d’autres types de riz.

Cyril Monty, consultant en agri-business a réalisé une étude sur le comportement alimentaire des Mauriciens au cours des années 1970 à 2006, quand il était à la Chambre d’agriculture. Il explique qu’ « en 1983, 56 % de ce que nous importions consistait en des produits bas de gamme. En 1993, notre consommation de produits bas de gamme est passée à 24 %. Aujourd’hui, en 2014, la tendance s’oriente de nouveau vers le bas de gamme ».

Cette tendance se fait principalement ressentir au niveau du lait. Le « filled milk » - un mélange de lait en poudre et d’autres ingrédients - est en train de grappiller la part du marché du lait traditionnel. « De plus en plus de Mauriciens qui avaient l’habitude d’acheter deux sachets de lait par mois, achètent un sachet de lait ‘filled milk’ et un sachet de lait pur. Et pour beaucoup de produits, on se rend compte que nous allons vers ce type de consommation. Avec les prix qui augmentent, le consommateur descend en gamme», ajoute Cyril Monty.

Pour Jayen Chellum, de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), le pays a connu un contexte économique où la courbe du chômage a été en pente ascendante. Ajouté à cela, il y a eu des contextes salariaux difficiles avec des tensions dans différents secteurs dont l’agriculture, le transport et le sucre. Ainsi, « il n’y a pas vraiment eu d’apports d’argent conséquents dans le portefeuille des ménagères. Surtout celles au bas de l’échelle et faisant partie de la classe moyenne », souligne Jayen Chellum.