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Rendez-vous raté avec la reprise

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Rendez-vous raté avec la reprise | business-magazine.mu

Cela devait être l’année de la reprise économique mais entre un investissement en panne, une consommation stagnante et les tractations politiques, le pays a manqué son rendez-vous.

La crainte que 2014 serait sous le signe de la politique se faisait sentir dès la rentrée. D’ailleurs, nombre d’analystes avaient prévenu contre les effets sur la relance. Douze mois plus tard, il est malheureux de constater que l’économie n’a jamais autant pâti de la politique. Résultat, Maurice termine l’année avec une croissance de 3,5 %. Il ne pouvait en être autrement alors que l’investissement privé nécessaire à la relance s’est contracté de 7,4 % tandis que la consommation des ménages a crû au même rythme que l’an dernier, soit de 2,7 %.  

L’estimation de Statistics Mauritius repose sur des données sectorielles. Ainsi, il ressort que l’industrie manufacturière a crû de 2,1 % cette année, soit à un taux supérieur à celui anticipé en septembre dernier. En 2013, la croissance dans ce secteur a été de 4,4 %.

L’hébergement et les services de restauratione st un autre secteur qui a sauvé la mise. Il a progressé de 4,1 %, soutiennent les officiels du bureau des statistiques en se basant sur des arrivées touristiques de 1,040,000.Dans la livraison des comptes nationaux en septembre, la croissance projetée de ce secteur était calculée à 3,5 %. Pour ce qui est des recettes, elles ont été de l’ordre de Rs 45 milliards contre Rs 40,6 milliards l’an passé. Les services financiers et les activités relatives aux assurances ont enregistré une croissancede 5,4 %, la même qu’en 2013, tandis que le secteur des technologies de l’information et de la communication a connu un léger repli, passant d’une croissance de 6,9 % l’année dernière à 6,4 % cette année.

Au final, la performance 2014 a été en demi-teinte.Ce qui n’étonne nullement eu égard aux nombreux événements qui, durant l’année écoulée, n’ont fait que contribuer à reléguer l’économie au second plan et à décourager l’investissement.

La preuve, nous avons assisté à un véritable yoyo des estimations. D’abord, en juin, l’institut des statistiques décide d’abaisser ses projections initiales de 3,7 % à 3,5 %. Cela après l’avoi rmaintenues en mars en anticipant une mise en application rapide des mesures annoncéesdans le Budget 2014, notamment en ce qu’il s’agit des projets d’investissement. Ce coup de semonce dans le ciel économique au mois de juin a été suivi trois mois plus tard, soit en septembre, d’une révision des chiffres trimestriels. Le taux de croissance au premier trimestre est ainsi revu à la hausse. Il passe de 2,4 % à 2,7 % permettant le maintien d’une prévision de croissance de 3,5 % pour 2014.

Toutefois, ce n’était que partie remise car les analystes de Statistics Mauritius sont revenus à la charge, cette semaine, en rognant cette fois-ci le taux de croissance pour le deuxième trimestre de 0,3 points pour l’amener à 4,3 %. « Cette révision s’explique par une contraction plus prononcée dans le secteur de la construction. Au lieu de -6,2 % celle-ci a été de 8,2 %. La croissance dans le secteur manufacturier a aussi été moindre, soit de 3,7 % contre une estimation initiale de 4,1 % », déclare Statistics Mauritius. 

Avec un gouvernement à l’époque se préoccupant surtout de sa survie politique, il était difficile de s’attendre à des actions concrètes pouvant remettre l’économie sur les rails d’une croissance solide et durable. Déjà au premier trimestre, les signes de la reprise tant attendue n’étaient toujours pas visibles. La croissance au dernier trimestre de 2013 calculée à 2,9 % comparé à 3,7 % à la même période en 2012 était loin de fouetter l’optimisme alors que le pays entamait les premiers mois de 2014.

L’économie en mode pilotage automatique

Pourtant, à la même période, les institutions de Bretton Woods annonçaient une embellie pour l’économie globale. Avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale tablant sur un taux de croissance supérieur à 2013, il était difficile de croire que Maurice manquerait le train de la reprise. D’autant plus que le FMI avait relevé ses prévisions d’octobre 2013 qui étaient de l’ordre de 3,6 % à 3,7 % pour cette année. Une progression non négligeable en comparaison des 3,3 % enregistrés en 2013.

Mais face à certaines réalités, à l’instar de la chute du taux de l’investissement privé qui est passé de 18,8 % en 2010 à 16,2 % en 2013 puis à 14,4 % cette année, certains analystes ne se sont pas laissés gagner par l’euphorie, préférant garder les pieds sur terre. Et, ilsavaient tout à fait raison car les positionnements et repositionnements sur l’échiquier politique ajoutés à la démission de Xavier-Luc Duval comme ministre des Finances n’ont fait qu’accroître les incertitudes incitant la communauté des affaires à jouer la carte de la prudence.

Avec le moral des entrepreneurs en berne et l’économie place en mode pilotage automatique, il était devenu évidentque 2014 ne serait pas l’année de la reprise.

Même la Banque centrale, souvent si prompte à dégainer sur l’inflation, a émulé le bureau des statistiques en procédant à une baisse de sa projection initiale de croissance à une fourchette de3,4 % à 3,6 %. Ce faisant, le comité de politique monétaire (CPM) a pris également la peine d’annoncer au marchéque le taux directeur serait maintenu à 4,65 % jusqu’à la fin de l’année. Le but étant d’offrir une meilleure visibilité quant aux décisions d’investissement, de consommation et de l’épargne. Il est important de noter que Navin Ramgoolam occupait le portefeuille des Finances lorsque cette décision a été prise à l’unanimité par le CPM.

La reprise sera-t-ellefinalement pour 2015 ? La question se pose avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernementet d’un nouveau ministre des Finances. En tout cas, une chose est sûre, le statu quo n’est pas une option pour une nation qui aspire au rang des pays à revenu élevé.