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Sucre: une année 2014 mouvementée

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Sucre: une année 2014 mouvementée | business-magazine.mu

Ce secteur a connu bien des remous en 2014, le bras de fer entre MSPA et syndicalistes ayant mené à une grève de huit jours. Les difficultés sont loin d’être terminées dans un contexte où le prix du sucre continue de chuter sur le marché international.

L’année écoulée a été assez mouvementée dans le secteur sucrier, culminant avec une grève qui aurait pu avoir des conséquences fâcheuses sur l’économie.

La hausse salariale et la question des horaires de travail 24/7 en cas de nécessité dans les usines ont divisé le secteur sucrier avec, d’un côté, le patronat à travers la Mauritius Sugar Producers Association (MSPA) et de l’autre, les ouvriers, laboureurs et artisans représentés par le Joint Negociating Panel (JNP). Dès le début de l’année, les syndicalistes du JNP ontmis la pression, évoquant des « négociations historiques en 2014 ».

Avec l’ouverture de la coupe, en juin, la tension est montée d’un cran et les syndicalistes ont brandi la menace de grève. Au fil des mois, les hostilités n’ont fait que gagner en puissance, débouchant sur une grève de huit jours.Heureusement, une solution a pu être trouvée pour mettre fin à la grève et la récolte durant la première quinzaine de janvier. Mais tous les problèmes ne sont pas résolus pour autant…

Les opérateurs sucriers attendent désormais les conclusions de  l’étude enclenchée par l’ancien gouvernement en vued’évaluer l’impact socio-économique et environnemental de la fin des quotas de l’Union européenne (UE) sur le secteur sucrier mauricien. Cette étude a été réalisée par la firme LMC International. Elle est sur le point d’être complétée. Elle  devrait proposer des mesures appropriées pour protéger la viabilité à long terme de l’industrie sucrière et l’aider à assurer son rôle multifonctionnel dans le développement futur du pays.

D’autantque les difficultés sur le plan local se conjuguent aux grands défis auxquels le secteur sucrier doit faire face sur le marché international. Après la fin du protocole sucre en 2009 et les mesures de réforme adoptées sous le Multi-Annual Adaptation Strategy Action Plan (MAAS) 2006-2015, les producteurs sucriers sont confrontés à des difficultés et doivent trouver les moyens d’assurer leur rentabilité tout en gérant leur trésorerie immédiate. Les défis posés par la réforme du régime sucrier européen, annoncée cette année avec l’abolition des quotas sur le sucre de betterave en septembre 2017, ont forcé Maurice à centrer le développement du secteur sucrier sur la diversification en se tournant vers le sucre raffiné, les sucres spéciaux, la production d’électricité et d’éthanol. L’environnement international devient de plus en plus compétitif  avec un marché libéralisé.

Ces dernières années, la baisse du prix du sucre a aussi contribué à affaiblir le secteur :  de Rs 17 500 la tonne en 2012, il est passé à Rs 16 000 en 2013 et devrait atteindreRs 12 000 cette année. Une situation qui affecte sévèrement les petits planteurset la profitabilité des usiniers.

Aujourd’hui, les prix garantis ont disparu et les producteurs locaux sont désormais totalement exposés au prix du marché, qui lui-même dépend de l’équilibre de l’offre et de la demande. Si certains observateurs estiment que le prix du sucre continuera de chuter dans les prochaines années, d’autres avancent que l’environnement dans lequel nous évoluons est tellement volatil que rien n’est certain. Les marchés sucriers sont complexes et les tendances sont déterminées par de multiples facteurs. 

Ce dont on est certain, c’est que la consommation mondiale augmente de 3 millions de tonnes par an et qu’il faudra trouverquelque 30 millions de tonnes additionnelles sur les dix prochaines années. Selon les dernières indications de l’International Sugar Organisation (ISO), après quatre années de surplus, le marché mondial devrait connaître une période de déficit de stock. D’ailleurs, cetteannée (2014/15), le surplus de sucre devrait être réduit à 1,3 million de tonnes et l’ISO annonce un retour au déficit de stock à partir de 2015/16. Si cela s’avèredans les faits, la fin des quotas en 2017 pourrait coïncider avec une hausse de prix mondiale, ce qui devrait en retour aider à soutenir le prix du sucre sur le marché européen.

Toutefois, le dernier rapport de l’UE publié début décembre souligne qu’avec l’élimination des quotas sur le sucre de betterave et l’isoglucose en 2017, le prix du sucre accusera une baisse de 42,5 % comparativement à celui en vigueur en 2012. La situation s’annonce donc très difficile pour les années à venir, le prix du sucre se situant dans la fourchette des 416/415 euros entre 2017 et 2020. Ce prix représente une baisse de 42,5 % par rapport aux 723 euros la tonne payés en 2012.