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Bilan et Perspective

Jacqueline Sauzier : «L’objectif annoncé du projet Smart Agriculture en 2015 a été atteint»

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Face aux nombreux défis climatiques de 2023, l’agriculture mauricienne tente de se renforcer avec des projets tels que la Smart Agriculture, en adoptant des pratiques durables.

Quelle a été la performance globale du secteur agricole à Maurice en 2023 ?

De manière générale, l’année 2023 a été très complexe pour le secteur agricole. La performance globale a été impactée par des conditions climatiques erratiques et une disponibilité réduite de l’eau pour l’irrigation. Pour commencer, le début de l’année a été marqué par des restrictions drastiques sur la disponibilité en eau à des fins d’irrigation, en raison des retards dans les pluies d’été de 2022. Cette période de sécheresse a été suivie de plusieurs semaines de pluies continues, comprenant le passage du cyclone Freddy de catégorie 5.

Malgré le retour des pluies, les restrictions d’irrigation maintenues depuis novembre ont fortement impacté la performance agricole, avec des conditions météorologiques imprévisibles, des rendements bas et des défis accrus pour les cultures de pommes de terre et d’oignons.

Quelles ont été les principales difficultés qu’a rencontrées le secteur agricole de Maurice en 2023 ?

Il est essentiel de noter que la rémunération des producteurs est en hausse depuis les trois dernières années, soit Rs 16 765 la tonne de sucre en 2021, Rs 25 554 pour la coupe 2022 et une estimation à Rs 27 000 pour la coupe 2023, à laquelle il faut ajouter la rémunération de la bagasse et de la mélasse. Cependant, ces revenus se trouvent érodés par le coût des intrants en hausse tels que les fertilisants, la main-d’œuvre, l’électricité pour l’irrigation et le transport.

Cependant, en parallèle aux mesures d’accompagnement annoncées pour rebooster le secteur, nous aurions souhaité une certaine accélération dans l’implémentation du ‘National Biomass Framework’. Les mesures qui accompagnent ce cadre telles que le ‘Cane Replantation Revolving Fund’, permettront d’incurver positivement la courbe des superficies sous canne et aussi répondre aux objectifs de production de 60 % d’énergie renouvelable d’ici à 2030. Mais replanter sans eau est un vrai casse-tête pour les producteurs.

Pouvez-vous faire un bilan de la deuxième phase du projet Smart Agriculture, qui a pris fin cette année à Maurice ?

L’objectif annoncé du projet Smart Agriculture en 2015 a été atteint. Sous le prisme de l’objectif de réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse, nous avons réussi à modifier les pratiques culturales des bénéficiaires du projet.

Par exemple, entre 2020 et 2022, une avancée majeure a été la réduction substantielle de l’utilisation des pesticides, atteignant une moyenne de 57 % pour sept cultures, avec des réductions individuelles allant jusqu’à 93 %. Parallèlement, la transition vers des pratiques durables s’est traduite par une augmentation de la fertilisation organique de 23 % à 38 %, tandis que l’utilisation de la fertilisation minérale a chuté de 63 % à 32 %. De plus, une analyse économique révèle un gain net annuel moyen de Rs 333 000 pour une exploitation agricole dédiée à sept cultures différentes.

Les résultats sont encourageants pour les bénéficiaires qui ont pleinement adopté les pratiques et techniques partagées. Il s’agit maintenant de faire passer le message pour qu’un plus grand nombre de producteurs puissent en bénéficier. À cela nous avons débuté le projet Karo Natirel pour la certification de ces produits et la mise en place de circuits plus courts permettant de mettre en contact les consommateurs et les producteurs.

Comment la Chambre d’Agriculture a-t-elle contribué au développement du secteur sucrier local ?

En vue de promouvoir les intérêts de l’industrie pour une commercialisation optimale de nos sucres dans l’Union européenne, la Chambre avait opéré conjointement avec le Mauritius Sugar Syndicate, des bureaux à Londres et à Bruxelles, permettant au pays d’être au plus proche des négociations. Elle a également joué un rôle clé dans l’élaboration d’une vision commune pour le secteur sucrier, favorisant la transition de la production de sucre roux vendu en vrac vers des sucres raffinés et spéciaux commercialisés dans plus de
50 pays avec une valorisation locale.

En cette année de célébration, la Chambre prévoit un dialogue approfondi avec ses membres et partenaires pour définir une feuille de route répondant aux besoins spécifiques du pays. Un livre souvenir sera également publié lors de la prochaine Assemblée Générale en juin 2024.