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Édito

Demain se prépare aujourd’hui

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Demain se prépare aujourd’hui | business-magazine.mu

D’un point de vue politique, il n’y a point de doute, tout est mis en œuvre pour préparer l’échéance 2019. D’ailleurs, tous s’accordent à dire que l’introduction de l’impôt négatif dans le dernier Budget marque la première étape de ce processus. On guette désormais la prochaine initiative de Pravind Jugnauth.

Le Premier ministre et ministre des Finances pourrait, en effet, décider de faire coïncider le paiement de la première tranche avec un événement majeur. À la dimension des célébrations du cinquantenaire de l’Indépendance ? Il jouera ainsi sur le registre de l’émotion.

De la même manière, les calculs de l’Hôtel du gouvernement ont dû indiquer qu’une inauguration en grande pompe du Metro Express devrait servir de rampe de lancement aux consultations populaires de la fin de mandat. D’où les efforts déployés pour s’assurer d’une mise en chantier rapide afin que les premiers trains puissent être sur les rails à temps.

Le drame dans une telle situation c’est qu’on se laisse souvent emporter par son élan. Du coup, on oublie l’essentiel. Jusqu’à ce que la marmite bouillonnante nous explose à la figure. Faut-il en arriver là pour se rendre à l’évidence que plusieurs secteurs économiques sont actuellement dans l’attente d’une attention particulière et urgente ? À voir certains indicateurs, il est permis de s’interroger.

Dans sa course contre la montre à rechercher des gains politiques, le gouvernement tend, en effet, à ignorer les signaux d’alerte émanant des moteurs traditionnels de croissance. Ces tendances pour dire le moins alarmantes sont révélées par nul autre que l’institut des statistiques dans ses bulletins trimestriels.

Constat. Après une croissance de 2,5 % en 2014, les entreprises tournées vers l’exportation ont pris une pente glissante. Le secteur s’est contracté de 3,1 % en 2015 et de 5,1 % en 2016. Un nouveau repli est prévu pour cette année, mais il devrait être de moindre ampleur, soit de -0,4 %.

Du côté de l’industrie des produits de la mer, ce sera la rupture avec trois années successives de croissance. Entre 2014 et 2016, le secteur a connu des hausses de 9,8 %, 6,6 % et 3,6 %. Cette année, une baisse de 0,1 % est attendue. Le secteur du global business, qui est passé sous la barre de 1 % de croissance en 2016, y restera avec un taux estimé à 0,6 % pour la présente année.

Des signes d’essoufflement sont aussi visibles ailleurs. Les technologies de l’information et de la communication (Tic) dévoilent une courbe baissière avec la croissance passant de 7,1 % en 2015 à 5,6 % cette année. La finance et les assurances progresseront à un rythme inférieur de 5,5 % contre 5,7 % en 2016. Le tourisme, considéré comme une valeur sûre, verra son taux de croissance réduit de presque de moitié. Il dégringole de 11,4 % en 2016 à 5,3 % cette année. Confronté à une baisse de revenus, le secteur sucrier n’est pas mieux loti. Le textile n’est pas non plus sorti de la tourmente après une chute drastique de 5,8 % l’an passé.

De quoi occuper nos dirigeants pendant les vacances parlementaires. Car, contrairement au Metro Express dont nous ne sommes pas encore sûrs de l’effet multiplicateur, ces pans de l’économie sont générateurs d’emplois et de croissance. Toute négligence sera de nature criminelle car c’est l’avenir de nos enfants que nous hypothéquerons.

Il est donc nécessaire de consolider ces pans, voire de les restructurer afin qu’ils puissent continuer de participer pleinement à la création de la richesse. D’autant plus que ce n’est pas demain la veille que nous verrons l’émergence de nouveaux secteurs d’activité. L’économie bleue, en avez-vous entendu parler ? Aux dires des gouvernants, elle sera «vectrice du second miracle économique». Attendons voir !