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Édito

En attendant le miracle…

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En attendant le miracle… | business-magazine.mu

L’émission de plus de deux heures consacrée à la déroute du groupe BAI diffusée vendredi dernier par la MBC nous montre à quel point cette affaire hautement politisée tient le pays en haleine. D’autant plus que ce ne sont pas les rebondissements qui manquent. Si les médias s’en donnent à cœur joie, la classe politique, elle, en a fait un thème de campagne avec, bien évidemment, des perspectives différentes à l’approche des élections municipales.

Entre-temps, cette saga qui est devenue, à notre insu, une source de distraction nationale a non seulement relégué le Budget 2015-16 aux oubliettes mais a aussi placé ce qui, à notre sens, aurait dû être notre principale préoccupation au second plan. C’est-à-dire, l’économie.

Alors que le pays est très occupé à discourir sur la BAI, six mois se sont écoulés et toujours pas de signaux indiquant le début de cette ascension économique qu’on nous a promis. Il est peut-être trop tôt pour chercher des signes, penseront certains, mais la route, surtout lorsqu’il s’agit de remonter la pente, se révèle extrêmement difficile. D’où la nécessité de se doter des moyens indispensables à un tel périple.

Jusqu’ici, nous n’avons eu que les mesures budgétaires qui se veulent être un pari sur l’avenir. Mais avec la chute du groupe BAI, il est permis de se demander s’il n’est pas impératif de réévaluer son impact sur notre produit intérieur brut et, par ricochet, revoir nos ambitions. Qu’on se le dise, la BAI représentait environ Rs 33 milliards. Ce n’est pas rien. La preuve, sa déchéance a donné lieu à des risques financiers énormes, ainsi qu’à une importante menace sur l’emploi. C’est à juste titre que de nombreuses questions se posent aujourd’hui sur ses retombées économiques réelles, notamment du point de vue des engagements financiers pris par l’État.

Le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, qui se félicite des commentaires de Moody’s sur la gestion de la crise BAI par le gouvernement, devrait aussi s’attarder sur l’analyse clinique de l’agence de notation américaine sur les perspectives de croissance. En effet, dans sa dernière évaluation de l’économie mauricienne, cette institution estime que les projections budgétaires en matière de croissance sont trop optimistes.

«The economic outlook remains healthy, helped by accommodative policies. Our real growth forecasts for 2015 and 2016 are 3.6 %, in line with the historical average. This is below the assumptions set out by the new government in its budget for 2015/16. Indeed while the budget growth forecast relies on the completion of projects with high expected multiplier effects, we believe their economic benefits are likely overestimated», écrivent les auteurs du rapport sur Maurice.

Nous sommes donc loin des prévisions des autorités, y compris de celles de l’institut des statistiques qui table sur un taux de croissance de 4,1 % pour cette année. Il est malheureux de le dire, mais Moody’s n’est pas la seule à faire cette analyse. The Economist Intelligence Unit (EIU) abonde dans le même sens.

En sus de trouver chez la nouvelle administration un penchant pour «l’interventionnisme et le populisme» – ce qui ne manquera pas d’entamer la compétitivité des entreprises locales et de réduire les perspectives de croissance sur le long terme –, l’EIU ne s’attend pas à un taux de croissance économique supérieur à 4 % pour cette année. Elle mise d’ailleurs sur 3,8 %. Une moyenne de 4 % est attendue à partir de 2016.

Ces nouvelles analyses devront certainement nous permettre, du moins aux dirigeants politiques, de réaliser qu’un retour à l’essentiel au plus tôt est plus que souhaitable pour arriver à tenir les engagements pris en décembre dernier.

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