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Édito

Nouvelle ère

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Nouvelle ère | business-magazine.mu

Habitué au culte de la personnalité et à une culture d’impunité, surtout lorsqu’il s’agit des dirigeants politiques, le pays est bien parti pour amorcer un virage à 180 degrés depuis les dernières législatives. Les événements qui ont secoué la scène politique locale durant le week-end sont venus confirmer, s’il le fallait, ce changement de trajectoire.

D’abord, faut-il le souligner, ce n’est pas tous les jours qu’un ex-Premier ministre est arrêté et incarcéré sous des accusations provisoires de complot dans le but d’entraver le cours de la justice et de blanchiment d’argent avant d’être libéré sous caution.

L’arrestation de Navin Ramgoolam, bien qu’il soit présumé innocent avant que la justice n’arrive à en faire la démonstration contraire, marque non seulement un tournant mais pourrait aussi inaugurer une nouvelle ère pour l’île Maurice post-Indépendance.

Certes, les interprétations divergent concernant la démarche des autorités mais à bien y voir, le gouvernement n’est-il pas en train de s’en tenir aux engagements pris durant la campagne électorale, c’est-à-dire faire la lumière sur les scandales présumés ? La réouverture de l’enquête sur le vol au campement de l’ex-Premier ministre à Roches Noires en fait également partie et a bel et bien été sanctionnée par un mandat du peuple.

 De toute évidence, ce n’est pas le show à l’américaine dont nous avons été gratifiés ces derniers jours qui sera à la base d’une redéfinition du paysage politique mais l’application du principe sacro-saint selon lequel nul n’est au-dessus de la loi. Très souvent oublié, pour ne pas dire méprisé par la classe politique, ce fondement de notre système démocratique nous est violemment rappelé à travers la mise en examen de l’ancien chef du gouvernement.

Toutefois, ce message aurait le mérite d’être on ne peut plus clair s’il pouvait transcender les barrières de la politique partisane qui est justement à l’origine des dérives auxquelles nous avons assisté impassiblement. C’est d’ailleurs sur cette base que le nouveau régime a été élu, notamment pour procéder à l’épuration d’un système gangrené jusqu’à la moelle.

 Avoir une légitimité est certes important dans ce genre de situation mais ce n’est certainement pas un gage de réussite. D’autant plus que d’autres ayant fait des promesses similaires dans le passé ne sont pas parvenus à bousculer les mauvaises habitudes. Il est donc plus que nécessaire, voire impératif, d’avoir une volonté à toute épreuve afin d’imprimer un nouveau souffle au pays.

 Pour réussir ce tour de force, le pays ne pourra compter que sur un meneur d’hommes. Une personne qui aura comme seule motivation de marquer à jamais l’histoire comme étant celui qui a transformé la pratique de la politique à Maurice. C’est donc maintenant ou jamais pour sir Anerood Jugnauth. Non seulement a-t-il eu la faveur de la population pour accomplir cette tâche mais il a aussi des atouts qui plaident en sa faveur, contrairement à ceux qui l’ont précédé, dont le fait qu’il ne cherchera pas à briguer les suffrages pour un autre mandat.

 Ce qui lui donne les coudées franches pour assainir le paysage politique à travers l’introduction de nouveaux paramètres, à l’instar de la limitation de mandat. L’objectif ultime de toutes les initiatives de ce type devrait être la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance à tous les niveaux et l’instauration d’un nouvel ordre moral au sein du monde politique. Des notions qui ont fait défaut ces dernières années avec les résultats désastreux que nous connaissons.