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Édito

Pravind Jugnauth (Premier ministre) – «Seul le travail nous permettra de réussir»

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Pravind Jugnauth (Premier ministre) - «Seul le travail nous permettra de réussir» | business-magazine.mu


En marge de la présentation du Budget 2018-19, le Premier ministre répond aux questions de Business Magazine. Il ne dévoile pas ses batteries, mais lève un coin de voile sur ce qui pourrait constituer le fil conducteur de son grand oral.  

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BUSINESS MAGAZINE. Dans quelques jours, vous présenterez le troisième et probablement l’avant-dernier Budget de cette mandature. Que pouvons-nous espérer de cet exercice ?

Ma philosophie est basée, d’une part, sur l’amélioration de la qualité de vie de chaque Mauricien dans une société plus juste et équitable avec le citoyen au centre du développement. Et, d’autre part, je veux m’assurer qu’il y a une liberté créatrice pour le développement économique, l’habilité de s’adapter, de faire évoluer le business model du pays et ne pas rester prisonnier des normes passéistes ainsi que le pouvoir d’agir.

Le libéralisme économique est aujourd’hui une réalité globale qui s’impose à tous. À nous de tout mettre en œuvre pour en tirer profit. Toutefois, il est primordial d’y ajouter deux variables. Il s’agit de l’égalité des chances dans le fonctionnement économique et la promotion d’une culture que seul le travail nous permettra de réussir.

Je crois dans le postulat des nouveaux libéraux, à savoir, que nous nous développons et nous nous perfectionnons grâce à l’apport constant des autres par rapport à la vieille doctrine des classiques qui considérait l’individu comme abstrait, égoïste et coupé des autres.

Pour revenir à votre question, vous comprendrez que je ne puisse pas à ce stade vous dévoiler les mesures spécifiques du Budget. Cependant, je peux déjà vous annoncer que je vais continuer de libérer les énergies pour créer plus de valeur. Car c’est la condition sine qua non pour répondre aux aspirations de tout un chacun. 

Donc, ce Budget comme les deux précédents que j’ai présentés au cours de ce mandat, continuera de s’appuyer sur la force créatrice de mes compatriotes comme moteur de notre développement économique et social.


«Je vaisncontinuernde libérer lesnénergies pourncréer plus denvaleur»,author:Pravind Jugnauth (Premier ministre)}}



BUSINESS MAGAZINE. L’humain comme moteur du développement économique. N’est-ce pas un énième slogan dont seuls les politiciens ont le secret ?

Vous semblez oublier que je suis avant tout un être humain, un père de famille et que je connais mon pays en profondeur. Nous avons tous vu les effets néfastes de la politique économique de l’ancien régime. Les inégalités ont explosé et ont impacté négativement notre développement économique et notre harmonie sociale. Je vais paraphraser Montesquieu en disant qu’il n’y a pas de mal plus grand que la tolérance d’une injustice qui la perpétue dans l’avenir.

Dès notre accession au pouvoir, nous avons pris des mesures pour pallier ces injustices. Nous avons, entre autres, fortement augmenté la pension de vieillesse et introduit deux mesures historiques : le salaire minimum national et l’impôt négatif sur les revenus. Ces mesures ont eu et continueront d’avoir un impact considérable sur la vie de milliers de Mauriciens et favoriseront une croissance plus équilibrée de notre économie.

Je travaille continuellement pour accroître les potentialités économiques de notre pays tout en limitant les inégalités de façon à améliorer l’égalité des chances et la situation des plus vulnérables. Je vais poursuivre la transformation de notre pays.


BUSINESS MAGAZINE. Les ministres des Finances prêtent souvent une force transformationnelle au Budget mais, au final, celui-ci se résume souvent à un exercice comptable. Quelque part, cette observation n’est-elle pas fondée ?

Le Budget de l’État conditionne la vie de tous les Mauriciens car on y définit la politique fiscale de notre pays. En parler comme d’un simple document comptable est très réducteur. 

Parlez-en aux milliers de Mauriciens qui bénéficient du Negative income tax, aux familles qui grâce à la révision des seuils d’exemption sur la taxe individuelle payent moins d’impôt. Ils bénéficient d’une hausse de leur pouvoir d’achat. Il y a aussi les personnes qui ont trouvé un emploi grâce à la mise en place des grands projets d’infrastructures publiques ou encore des mesures incitatives dans certains secteurs d’activités.

Le Budget nous permet d’agir sur de nombreux pôles, dont la formation, le marché du travail, la fiscalité, la facilitation des affaires, l’infrastructure et les PME, afin de maintenir la dynamique de notre économie. 

Je laisse les commentaires aux grincheux qui, quoi qu’il arrive, seront toujours contre car il leur faut s’opposer. Cela me fait penser à la citation de Carl Jung qui disait que réfléchir est difficile et que c’est pourquoi certains préfèrent juger.


BUSINESS MAGAZINE. Le secteur de la construction est en plein rebond ; il n’empêche que l’effet multiplicateur sur l’économie est assez limité. Quelle est l’explication ?

C’est un fait connu que le secteur de la construction a des effets positifs sur les autres activités économiques et sur l’emploi. Après une période de contraction entre 2011 et 2015, le secteur de la construction est de nouveau sur une phase ascendante. Nous aurons un taux de croissance de 9,5 % en 2018 après une performance de 7,5 % en 2017.

C’est un fait connu que le secteur de la construction a des effets positifs sur les autres activités économiques et sur l’emploi. Après une période de contraction entre 2011 et 2015, le secteur de la construction est de nouveau sur une phase ascendante. Nous aurons un taux de croissance de 9,5 % en 2018 après une performance de 7,5 % en 2017.

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BUSINESS MAGAZINE. L’économie mondiale reprend du poil de la bête mais les vagues de la reprise tardent à atteindre nos rives. Pourquoi ?

La croissance mondiale semble en voie d’atteindre 3,9 % cette année après un taux de 3,8 % en 2017. C’est une légère amélioration et nous sommes encore très loin des taux affichés de plus de 5 % avant la Grande Crise.

À Maurice, nous sommes dans une phase ascendante. La croissance économique touchera peut-être la barre des 4 % dès cette année après un taux de 3,8% en 2017.

Ce qui est encore plus important, c’est que cette croissance est équilibrée et bénéficie au plus grand nombre en créant des emplois. Pour rappel, le taux de chômage est à son niveau le plus bas depuis plus d’une décennie. Je continuerai à travailler sans relâche pour le bien-être de nos concitoyens.


«Unenpolitiquende réductionndrastique de landette publiquenimpliquerait lanmise en placend’une politiquend’austérité»,author:Pravind Jugnauth (Premier ministre)}}


BUSINESS MAGAZINE. Dans ce contexte, ne pensezvous pas qu’il est grand temps de rendre plus efficient le service public ?

C’est un travail continu qui se fait, afin de rendre les institutions publiques plus dynamiques et ainsi rendre notre pays plus performant. Je crois en la capacité professionnelle des fonctionnaires mauriciens pour le réaliser.

N’oubliez pas que nous sommes à la 25e place s’agissant de l’Ease of Doing Business. C’est avant tout le travail de nos fonctionnaires qui a permis cela. Parlons aussi de la création de l’Economic Development Board, une entité unique en son genre et des plus efficaces, qui résulte de la fusion parfaite de trois institutions publiques. Voilà un exemple de réforme réussie. Le monde est en pleine mutation et nous devons continuellement évoluer pour nous adapter. 


BUSINESS MAGAZINE. Le vieillissement de la population, couplé à notre décroissance démographique, constitue une véritable bombe à retardement. Et si la solution résidait dans l’ouverture du pays aux compétences étrangères ?

Nous sommes conscients que le vieillissement de la population est un défi majeur pour le pays. Nous devons prendre en compte tous les paramètres de notre structure économique et sociale et voir ce qui s’est passé ailleurs avant de transformer notre politique d’ouverture.  


BUSINESS MAGAZINE. Plusieurs paramètres économiques, dont la dette publique, le déficit budgétaire et l’inflation, suscitent actuellement l’inquiétude. Avez-vous des appréhensions à ce niveau ?

Comme pour tout exercice budgétaire, les questions macroéconomiques feront l’objet d’un examen détaillé. Le pays est dans une phase ascendante. Nous devons être attentifs et ne pas prendre des décisions hasardeuses qui pourraient compromettre cette reprise. Le taux d’inflation et le déficit public sont tous deux à un niveau raisonnable.

Quant au niveau de la dette publique, c’est un faux débat ! Nous devons toujours faire la distinction entre les dépenses de fonctionnement, d’une part, et les dépenses d’investissement, d’autre part, essentielles au développement économique. Une politique de réduction drastique de la dette publique impliquerait la mise en place d’une politique d’austérité à travers la hausse de l’impôt. Ce serait dramatique pour la croissance économique et l’emploi. La meilleure façon de diminuer l’endettement public est d’augmenter sensiblement notre PIB.


BUSINESS MAGAZINE. Vos adversaires vous accusent d’avoir manipulé les chiffres de la dette publique au moyen d’un ‘colourable device’. 

J’accepte volontiers les critiques lorsqu’elles sont constructives. Cependant, je reste interloqué par les méthodes de certains de mes détracteurs qui, il faut bien le dire, se complaisent dans la médiocrité.

Les paramètres économiques sont soumis à la vérification des institutions multilatérales. L’économie mauricienne est constamment sous la loupe du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et des agences de notation comme Moody’s. Vous savez, je travaille en toute sérénité, car ma mission, c’est d’assurer, avant toute chose, l’avenir de la nation et le bien-être de toute la population. 


BUSINESS MAGAZINE. Le sucre se révèle être un épineux dossier sur la table du gouvernement dans le cadre des préparatifs budgétaires… 

Par rapport au coût de production, le prix de vente s’avère effectivement problématique. L’industrie sera soumise à une mort lente si nous ne faisons rien. Lorsque j’avais mis en chantier la réforme sucrière à l’époque, j’avais clairement spécifié que c’était une première phase. Il est dommage qu’on n’ait pas poursuivi dans cette voie même si ceux qui avaient pris la relève ont bénéficié des mesures d’accompagnement de l’Union européenne.

La question qui se pose aujourd’hui est la suivante : souhaitons-nous préserver l’industrie sucrière ? Je suis convaincu que oui. Car ce secteur d’activité continuera à jouer un rôle économique clef. Reste à trouver une formule gagnante pour toutes les parties prenantes…

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