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Édito

Ressuscitons le ministère du Plan

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Ressuscitons le ministère du Plan | business-magazine.mu

En août 2015, dans une tentative de reprendre la main sur l’économie, le Premier ministre d’alors, sir Anerood Jugnauth, dévoilait ses ambitions «to give a new drive to our economic model across all sectors». De bonnes intentions mais qui le resteront aussi longtemps que nous n’avons pas une structure adéquate et appropriée pour les opérationnaliser.

Même l’Economic Development Board, qui est mandaté pour fournir le soutien institutionnel requis en matière de planification stratégique et pour assurer une plus grande cohérence dans la formulation des politiques économiques, n’était pas parvenu jusqu’en avril dernier à recruter un Head of Directorate. Soit plus d’un an après son entrée en opération !

Du coup, ce département central à l’élaboration, la coordination et au suivi des actions menées par l’État s’est occupé durant sa première année d’existence à travailler across the organisation to advise and advocate policies to government. Un exercice qui a porté sur les stratégies en matière d’intelligence artificielle, d’ouverture du pays – un rapport a été soumis au conseil national économique et social – ainsi que sur la révision, entre autres, de l’Occupation Permit Scheme, du Speed to Market Scheme, du Mauritius Diaspora Scheme, de l’Urban Regeneration Scheme et des réformes au cadre de l’environnement des affaires.

D’un point de vue purement profane, cette approche paraît insuffisante pour répondre aux ambitions que le pays s’est fixé en matière de croissance et de développement dans le moyen - long terme. À moins que l’Economic Development Board ne nous réserve de belles surprises !

D’ici là et en attendant de voir si les propositions formulées par l’organisme sont retenues par le ministre des Finances dans son discours du Budget 2019-20, il serait également très avisé d’orienter la réflexion sur la nécessité ou pas de renouer avec un ministère du Plan. Dans le passé, cette structure nous a bien servi avant qu’elle ne soit mise à mort.

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la question prend toute son importance, surtout à la veille des législatives. Car le drame de notre pays, c’est que trop souvent on se limite à la perspective des prochaines élections au détriment des prochaines générations.

La faute à qui ? Les boucs émissaires sont faciles à trouver mais au lieu de se lancer dans une chasse aux sorcières, nous postulons qu’il est plus productif de s’interroger sur les opportunités ratées en l’absence d’une institution capable de porter une vision à long terme. Jusqu’ici, nous nous sommes contentés d’aborder les enjeux socio-économiques de manière fragmentée. Un pari plutôt risqué dans une époque particulièrement turbulente comme la nôtre.

À notre sens, la meilleure façon de gérer le changement en cours, c’est de rompre avec les pratiques qui ne font qu’accentuer la frustration de la population à l’égard d’une élite dirigeante.

Pour ce faire, le pays n’a pas besoin d’une énième commission ou agence gouvernementale mais d’un ministère pour concevoir des stratégies de mise en œuvre tout en veillant aux objectifs de rentabilité. Le citoyen s’attend aussi à être éclairé sur l’impact des programmes gouvernementaux sur l’économie mais aussi sur son bien-être. Idem pour le secteur privé, qui réclame un Centre de données de recherches afin de permettre aux décideurs de s’appuyer sur des outils fiables pour la formulation des politiques publiques.

Les attentes sont à la mesure des défis qui nous confrontent. Il ne reste donc qu’un seul choix possible : se donner réellement les moyens de répondre aux besoins d’aujourd’hui et prévoir ceux de demain.