Type to search

Education Education & Career

Suren Bissoondoyal : «Knowledge hub : adopter le modèle malaisien»

Share
Suren Bissoondoyal : «Knowledge hub : adopter le modèle malaisien» | business-magazine.mu

Pour le Chairman de la Tertiary Education Commission, il faut prendre pour exemple le modèle malaisien quand on parle de Knowledge Hub à Maurice.

BUSINESSMAG. Que comprenez-vous par le concept Maurice Knowledge Hub ?

L’idée de Maurice en tant que ‘knowledge hub’ est bonne. Nous pouvons prendre pour exemple un pays qui n’est pas si éloigné de nous, la Malaisie, qui a réussi la transformation. Ce pays a su attirer des universités de haut niveau de l’Angleterre et de l’Australie. Il a bâti un grand campus où la plupart des universités se trouvent. À Maurice, nous ne faisons pas la même chose car des institutions sont venues depuis le début s’installer un peu partout. Si nous voulons devenir un ‘Knowledge Hub’, soit bien plus grand qu’un ‘education hub’ – et là il faut comprendre que pendant de nombreuses années nous avons œuvré pour que Maurice devienne un ‘tertiary education hub’ – il faut qu’il y ait des universités de renom.

Mais le modèle d’un hub commence avec la notion d’un campus. Quelques bureaux et quelques salles de classe ne font pas une institution. Par exemple, Charles Telfair a évolué avec le temps. Apres une dizaine d’années, il a bougé de ses premiers locaux pour offrir à ses étudiants un campus…

BUSINESSMAG. Mais de quoi parle-t-on quand on parle de ‘campus’ ?

Quand nous parlons de ‘campus’ ailleurs, surtout en Angleterre, en Australie ou encore en Europe continentale, nous n’évoquons pas que des cours mais d’autres facilités. Sur de grands campus, des aménités telles que bookshops, coffee shops, supermarchés, etc. sont à la disposition des milliers d’étudiants qui y vivent.

À Maurice, le groupe Medine a une vision claire de ce qu’un campus et de ce qu’un hub doivent être. Un hub s’ouvre non seulement à la population estudiantine locale mais aussi à ceux venant de l’étranger, surtout de la région. Medine a déjà obtenu l’accréditation pour certains cours et ils vont démarrer en septembre/ octobre. Les grandes écoles de France, de Nantes feront partie du Medine Education Village. Il y aura aussi Paris 2, Panthéon-Asas, le numéro un en France pour le droit, qui va commencer le LLM/LLB en février 2016. C’est cela un peu notre idée d’un hub.

BUSINESSMAG. Mais avant de devenir un knowledge hub, il faut d’abord une identité pour s’imposer face à d’autres ‘knowledge hubs’. Tous ont un modèle !

Nous n’avons pas de modèle mauricien. Mais les investisseurs sont au courant des avantages que le pays offre et de ses faiblesses aussi. Medine a su attirer les étudiants francophones et anglophones. Les universités françaises ne vont pas décerner de licence à leurs élèves mais un degré, comme le LLB (Hons) ou le BSC Engineering.

Les universités qui s’installeront à Maurice viseront principalement les marchés africains. Les Africains souhaitent étudier en France ou en Angleterre en raison de la qualité de l’éducation. Mais les coûts sont exorbitants. Les cours en Angleterre coûtent en moyenne 9 000 livres par an. Ce que Maurice offrira, ce sont des cours de même niveau mais à 4 000 livres seulement par année. En sus de cours plus accessibles, le coût de la vie y est moindre à Maurice : le logement, la nourriture et les autres dépenses. C’est le genre d’atouts que Maurice va mettre en avant pour attirer les étudiants africains et d’ailleurs.

Nous pourrons aussi attirer les étudiants indiens en plus grand nombre dans des domaines comme la médecine. Bien que les Indiens aient accès à de très bonnes universités, certaines filières sont très sélectives chez eux. C’est difficile d’avoir une place dans une école de médecine en Inde. Et si nous arrivons à avoir une école de médecine internationalement reconnue, nous pourrons les attirer en plus grand nombre. Medine ambitionne d’abriter une école de médecine dans deux - trois ans.

BUSINESSMAG. Allons-nous suivre l’exemple singapourien, ici à Maurice ?

Oui et dans le Budget, le ministre des Finances a annoncé la création de trois campus polytechniques : à Ebène, Montagne-Blanche et Terre-Rouge.

BUSINESSMAG. Quel rôle la TEC a-t-elle dans l’orientation des universités pour le choix d’implémentation de telle ou telle filière ?

Singapour, après l’école secondaire, offretrois possibilités à sa population estudiantine. Ainsi, ceux quin’excellent pas dans le domaine académique peuvent, après quatre ans au secondaire, fréquenter l’Institute of Technical Education (ITE) qui, comme le Mauritius Institute of Training and Development, forme les jeunes aux métiers. Nous n’avons pas un tel système et c’est dommage, car il y a à Maurice un manque de ‘middle level technicians and managers’. À Singapour, 40 % des élèves du secondaire fréquententl’ITE, 40 % les écoles polytechniques qui sont parfois mieux équipées que les universités offrant un grand éventail de cours. Seuls 20-25% de ceux qui finissent le secondaire vont à l’université. Les écoles répondent ainsi aux besoins de l’économie du pays. Il y a toutefois une certaine flexibilité qui permet aux polytechniciens de bouger vers d’autres filières.

À la TEC, j’ai demandé que le recrutement ne se fasse plus sur la base de sujets, ce qui limite les apprenants à quelques types d’emplois seulement. Il faut aller vers les filières comme à Cornell University, aux États-Unis, qui ne reconnaît plus les sujets. Il nous faut aller vers les filières plutôt que de proposer des sujets pour ne pas limiter le recrutement.

Il nous faut nous inspirer de John Nash, qui vient de mourir. Le fait de ne pas être qualifié en économie ne l’a pas empêché d’obtenir le prix Nobel d’économie en 1994. Il y a des exemples à Maurice même d’anciens lauréats de la filière classique qui sont devenus, après leurs études secondaires, de brillants médecins.