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Basse saison désastreuse pour les petits et moyens hôtels

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Basse saison désastreuse pour les petits et moyens hôtels | business-magazine.mu

La pression est énorme sur les petits et moyens hôtels en cette basse saison. Leur taux de remplissage est au plus bas. Ils souffrent directement de la concurrence de ces grands établissements qui ont décidé de brader leurs prix.

Le tourisme grêle sous la douche froide de cette basse saison hivernale. Les petits et moyens hôtels (PMH), souvent négligés dans l’équation touristique, ressentent de plein fouet les répercussions de la crise qui a mis à mal l’industrie du voyage.

Bissoon Mungroo, président de l’Association des Hôtels de Charme (AHC), qui regroupe 32 des 62 PMH du pays, est amer. C’est la pire basse saison que connaissent en ce moment les PMH depuis l’existence de l’industrie touristique à Maurice, soutient-il. Le taux moyen de remplissage de ces établissements a connu un déclin inquiétant et se situe sous la barre des 30 %.

La décision des hôtels 4 et 5 étoiles de brader leurs prix joue également contre les intérêts des PMH. Sans compter la concurrence des résidences non hôtelières, comme les villas et bungalows.

« Les hôtels 4 et 5 étoiles sont la cerise sur le gâteau. Les prix promotionnels qu’ils pratiquent sont comparables aux tarifs des PMH. Toutes les stratégies mises en place par les PMH pour attirer la clientèle sont ainsi rendues inutiles», s’inquiète Bissoon Mungroo.

Arvind Sooka, Reservation Manager au Pearle Beach Hotel and Spa, établissement 3 étoiles, partage les mêmes inquiétudes. «Nous ressentons les effets néfastes de cette basse saison à cause des grands hôtels qui affichent les prix habituels des PMH », soutient-il.

Ajay Jhurry, président de l’Association of Tour Operators, pointe également du doigt la politique de braderie des prix des grands hôtels. « Alors que les PMH essaient de se présenter comme des «budgeted products », des établissements de 4 et 5 étoiles baissent leurs prix, volant ainsi la vedette aux PMH. Qui se tournerait vers un PMH alors qu’il peut avoir mieux et à moins cher ? » se demande-t-il.

Du côté des quatre établissements de 3+ étoiles de Veranda Resorts, la basse saison est plutôt difficile. La situation s’est corsée en juin. Toutefois, Christine Dupont, Chief Sales & Marketing Officer de Veranda Leisure & Hospitality, garde bon espoir que le taux de remplissage dans les mois à venir sera nettement meilleur. « Malgré une basse saison difficile en 2013, les chiffres reflètent une amélioration en comparaison avec 2012 », indique-t-elle.

La braderie des prix fait mal

À l’hôtel Manisa, le taux de remplissage tourne autour de 30 - 40 % seulement. Bissoon Mungroo, le directeur de l’établissement, précise que la situation est pire pour d’autres PMH qui enregistrent des taux de remplissage d’environ 10 - 20 %. Il est très critique sur l’absence de contrôle de la part de la Mauritius Tourism Promotion Authority sur la braderie des prix des grands hôtels et le facile accès via Internet aux bungalows, villas et tables d’hôte qui sont souvent non enregistrés.

Bissoon Mungroo est catégorique : les Vested Interests ont tué l’industrie touristique. Il faut, selon lui, une catégorisation des hôtels en termes d’étoiles et, par conséquent, de prix. « Ce projet était la priorité du ministre du Tourisme, Michael Sik Yuen, au début de son mandat. Les ‘Vested Interests’ ont toutefois mis ce projet bien au fond du placard», dit-il.

Jusqu’où peut-on blâmer les grands établissements hôteliers pour la crise que traversent les PMH ? Les grands hôtels, contrairement aux PMH, bénéficient aussi souvent de plus de capitaux pour diversifier leurs marchés. Il y a aussi un manque de croissance sur le plan des arrivées touristiques. Bissoon Mungroo remarque que la croissance de 1 % qu’a connue l’industrie touristique en 2012 ne représente presque rien en termes réels.

« Il est prévu que l’industrie touristique accommodera 1 000 chambres additionnelles cette année et qu’on franchira le cap de 2 millions de touristes. Toutefois, l’offre et la demande ne s’équilibrent pas. On n’est même pas à 1 million de touristes», observe Bissoon Mungroo.

Ajay Jhurry avance, de son côté, qu’il y a eu une croissance du nombre d’opérateurs et d’hôtels, alors que les arrivées sont stationnaires : « L’industrie du tourisme est restée quasi ensommeillée, ces dernières années. Les opérateurs ont essayé de faire de leur mieux avec les ressources disponibles. Les hôtels aussi doivent toutefois nous emboîter le pas. Il n’y a pas que le voyage et le marketing qui comptent. Il y a toute une stratégie à mettre en place. »

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