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Bilal Adam: «Les solutions numériques et le ‘private credit’ sont en train de transformer l’écosystème de financement »

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Le secteur des investissements alternatifs connaît ces joursci un véritable essor, notamment en raison des besoins d’investissements colossaux de l’afrique. l’on note en particulier un intérêt croissant pour les solutions numériques et le «private credit», observe le ceo de stewards investment capital, Bilal Adam. Dans l’entretien qui suit, il commente, entre autres, la situation sur les marchés financiers, le contexte électoral dans lequel se trouve le pays et ce que cela représente comme potentiel impact sur les décisions d’investissement et l’évolution du marché des cryptomonnaies.

Stewards Investment Capital était le partenaire de la «Pension Funds and Alternative Investments Conference» qui s’est tenue à Maurice en février. Nous savons que l’Afrique aura besoin d’énormes investissements directs étrangers au cours des prochaines décennies. Le Centre financier international de Maurice achemine déjà des IDE vers les pays africains par le biais d’instruments d’investissement alternatifs tels que le «private equity». Pouvons-nous être encore plus innovants en termes de solutions d’investissement que nous offrons aux investisseurs internationaux ?

Absolument, le besoin d’investissements en Afrique est monumental, surtout si l’on considère les besoins du continent en matière de développement d’infrastructures substantielles et d’initiatives de financement diverses, notamment d’écoles, de routes, ponts et de tours de télécommunication.

De nombreux pays africains sont, en effet, désireux de bénéficier d’un apport de capitaux plus important. Nous avons assisté à l’émergence de structures innovantes en réponse à cette demande. Par exemple, dans certains cas, la société de financement obtient des investissements des marchés développés, parfois assortis de garanties d’assurance, ce qui constitue une forme d’assurance-crédit pour les investisseurs internationaux. Toutefois, il convient de noter que si ces structures sont utiles, elles peuvent aussi être coûteuses et diminuer le flux global de capitaux vers l’Afrique, en particulier sur les marchés principaux, qui attirent la plus grande partie des investissements.

Les petits pays africains affichent souvent des taux de croissance plus élevés, alors qu’ils reçoivent des investissements comparativement moins importants. Cet écart met en lumière un problème important : la nécessité d’aligner la taille des capitaux entrants sur l’ampleur des opportunités dans chaque marché. Actuellement, nous observons un décalage important entre les transactions massives des marchés développés, avec des seuils minimums atteignant souvent 100 millions de dollars, et les besoins de financement réels des entreprises africaines, qui peuvent être aussi modestes que 5 millions de dollars. Il est essentiel de combler ce fossé pour s’assurer que le capital d’investissement est correctement dimensionné et efficacement réparti entre les différentes opportunités.

En bref, notre objectif est d’innover non seulement en termes d’instruments financiers, mais aussi de structurer des solutions d’investissement adaptées aux besoins et aux capacités uniques des marchés africains. En relevant ce défi, nous pouvons maximiser l’impact des investissements en Afrique et favoriser une croissance et un développement durables sur tout le continent.

Maurice joue un rôle essentiel dans la facilitation de ces investissements grâce aux accords IPPA (Investment Protection and Promotion Agreement). Ces accords fournissent un cadre pour la protection des droits des investisseurs étrangers, garantissant un environnement stable et sûr pour l’investissement. En tirant parti des IPPA et d’autres mécanismes réglementaires, nous pouvons renforcer la confiance des investisseurs et promouvoir davantage les flux d’investissement vers les marchés en croissance de l’Afrique.

La Réserve fédérale a annoncé récemment qu’elle allait assouplir les conditions monétaires et procéder à trois réductions des taux d’intérêt cette année. Cela signifie que le marché de la dette américaine deviendra moins attractif. Cela incitera-t-il les investisseurs institutionnels et les fonds de pension à se tourner davantage vers les investissements alternatifs ?

Il est fascinant d’observer l’évolution de la dynamique des marchés, notamment concernant les récentes annonces de la Réserve fédérale et leurs implications pour les stratégies d’investissement. La transparence dont font preuve les banques centrales est, en effet, un phénomène relativement nouveau, qui permet aux investisseurs de mieux comprendre les décisions politiques et leur impact potentiel.

Concernant les réductions anticipées des taux d’intérêt, il existe un certain niveau d’incertitude par rapport à l’interprétation des orientations de la Réserve fédérale. Bien que nous anticipions des baisses de taux si l’inflation reste maîtrisée, nous devons garder à l’esprit que l’approche de la Fed dépend de données. Ainsi, la matérialisation de ces baisses dépend de divers facteurs économiques.

Si les taux d’intérêt baissent, il est logique de considérer les obligations à long terme comme un investissement fa vorable en raison de leur sensibilité aux mouvements des taux d’intérêt. En outre, les Real Estate Investment Trusts (REIT) apparaissent comme des opportunités prometteuses dans un environnement de baisse des taux. Cependant, il est essentiel de comprendre les secteurs spécifiques de l’espace REIT. Les secteurs du commerce et de la vente ont connu des changements, particulièrement accélérés par la pandémie. Des espaces commerciaux et bureaux ont connu des changements significatifs en raison de l’impact de la Covid-19, en particulier avec l’adoption du télétravail. De même, le secteur de la vente au détail a connu des transformations, marquées par l’essor des achats en ligne et la préférence croissante pour les services de livraison à domicile. En revanche, des secteurs comme le warehousing et les data centers sont prêts à bénéficier de tendances structurelles, ce qui en fait des options d’investissement attrayantes.

Bien que les REIT et les obligations soient des investissements plus traditionnels, les investissements alternatifs offrent des avantages uniques, notamment en ce qui concerne la gestion des risques et l’optimisation des bénéfices. Les allocations couvertes par le biais de stratégies d’options constituent une approche convaincante pour naviguer dans les incertitudes du marché tout en maintenant le potentiel de résultats rentables.

Avec l’atténuation des pressions inflationnistes, peut-on s’attendre à ce que la Banque de Maurice réduise son taux directeur au cours de l’année ? C’est une question intéressante, et l’hypothèse est importante : assistons-nous vraiment à une baisse de l’inflation ?

Mon point de vue diverge légèrement ; je ne prévois pas un relâchement immédiat de l’inflation. En fait, nous pouvons entrer dans une phase prolongée de l’inflation.

Plusieurs facteurs contribuent à ce scénario. Les importantes mesures de relance mises en œuvre par la Réserve fédérale, associées à l’impression massive de dollars au cours des dernières années, ont déjà exercé des pressions inflationnistes. En outre, les tensions géopolitiques telles que le conflit entre la Russie et l’Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, et les défis constants de la pandémie ont encore perturbé les chaînes d’approvisionnement mondiales, entraînant une augmentation des coûts des entreprises manufacturières et de la logistique globale.

Si nous observons les prix des produits de base, par exemple, nous remarquons une trajectoire ascendante rapide, indiquant des tendances inflationnistes continues. Nous constatons également que certaines valeurs des actions cotées sur les marchés développés et leurs indices atteignent des niveaux record. Par conséquent, l’affirmation selon laquelle l’inflation est maîtrisée reste discutable. Il est essentiel de rester vigilant et de suivre ces évolutions de près.

Cependant, hypothétiquement parlant, si l’inflation devait effectivement s’atténuer, il s’ensuivrait logiquement que la Réserve fédérale et la Banque de Maurice pourraient envisager des réductions de taux. Mais, comme je l’ai mentionné, cette hypothèse repose sur le scénario que l’inflation montre des signes de ralentissement.

Bien que la perspective d’une réduction des taux en réponse à une baisse de l’inflation soit plausible, nous devons rester prudents et continuer à surveiller le contexte inflationniste avant de tirer des conclusions définitives.

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