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Budget 2015-16: un pari sur l’avenir

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Budget 2015-16: un pari sur l’avenir | business-magazine.mu

Maurice est à la croisée des chemins, affirme le ministre des Finances. Avec son Budget 2015-2016, il cherche à montrer la voie d’une croissance durable. Un pari qu’il entend relever avec le soutien de toutes les composantes de la population. D’où sa démarche à brasser aussi large que possible.

Fort de son mandat populaire, le gouvernement de l’Alliance Lepep poursuit sur sa lancée en inscrivant le social au cœur de ses actions politiques. Une philosophie que Vishnu Lutchmeenaraidoo définit clairement : «Ce n’est pas suffisant de travailler à la création de la richesse, mais nous devons aussi nous soucier du besoin de partage». La paix sociale étant une condition sine qua non au progrès économique.

Pour parvenir aux objectifs fixés lors de l’exercice financier 2015-16, le ministre des Finances a joué la carte de la séduction, ciblant ainsi le secteur privé, mais aussi les pauvres, les petits entrepreneurs et les investisseurs étrangers. Un instrument qu’il semble manipuler habilement. La preuve ayant été faite par les commentaires qui ont suivi son discours.

Mais contrairement à d’autres qui dérogent à leurs principes une fois aux affaires, Vishnu Lutchmeenaraidoo a maintenu le cap sur ce qu’il qualifie de «Nation zougadère». À ce propos, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, arguant même qu’il faut travailler dur pour devenir riche…, reprenant ainsi les notions de travail et de discipline, si chères au Premier ministre, sir Anerood Jugnauth – ce dernier les avait d’ailleurs évoquées dans son discours du 12-Mars.

Contribuer à améliorer le niveau de vie

Comme il est difficile de partager sans avoir créé au préalable, la pierre angulaire du Budget 2015-16 demeure donc la relance de la machinerie économique qui tourne au ralenti. Pour ce faire, le Trésor public mise sur un rebond dans le secteur de la construction, en dégringolade depuis ces quatre dernières années. Le but : transformer Maurice en un vaste chantier.

Au menu de cet ambitieux programme de développement: treize mégaprojets au coût de Rs 120 milliards, qui devrait générer des milliers d’emplois tout en optimisant l’utilisation de pas moins de 7 000 arpents de terres. Cette injection massive de fonds dans le développement par le secteur privé devrait ainsi contribuer à redynamiser une croissance économique devenue anémique dans le sillage de la crise économique. De nouvelles villes verront le jour, des Smart cities comme il les appelle: Omnicane Airport City, St Félix Village Projects, Médine Integrated Park, Azuri Phase II, Terra Project, Riche Terre Project, la ville de Highlands et celle de Roches Noires. Le gouvernement lancera également cinq technopoles qui accueilleront des start ups et des entreprises dans le domaine de la technologie.

D’uneautre main, le ministre des Finances invite le secteur privé à être partie prenante de la lutte contre la pauvreté au moyen d’un plan Marshall intégrant la responsabilité sociale. Les entreprises seront ainsi sollicitées afin de contribuer à l’amélioration du niveau de vie dans 38 poches de grande pauvreté répertoriées à travers le pays. Actuellement, pas moins de 5 474 foyers vivent sous le seuil de pauvreté.

Le confort de la population figure aussi à l’agenda du gouvernement. Le ministre a annoncé en ce sens une série de mesures en vue de décongestionner le trafic routier, dont l’utilisation de ferries entre Pointe-aux-Sables, Baie-du-Tombeau et Port-Louis, ou encore la construction d’un pont reliant Coromandel (A1) à l’autoroute M1 et la construction d’un autopont à Phœnix. La fourniture et la distribution de l’eau ont également retenu l’attention bien que des questions restent en suspens quant à la capacité de ces corps parapublics à se réinventer afin de répondre aux exigences d’un pays moderne.

Il l’avait martelé durant la campagne électorale et le Budget n’a fait que confirmer ses intentions en faveur de l’entrepreneuriat. Vishnu Lutchmeenaraidoo a dévoilé toute une batterie de mesures, dont une one-stop shop, le lancement d’une SME Bank offrant des prêts sans garantie et la création de sept SME parks en vue de donner un nouveau souffle à cesecteur qui emploie des milliers de Mauriciens.

S’il est reconnu que le Budget 2015-16 pose les jalons de la modernisation du pays, il fait cependant sourciller plus d’un quant aux prévisions de croissance ambitieuses pour l’année fiscale 2015-16, soit 5,3 %, et qui passent à 5,7 % pour la période 2016-17. Cela dans un contexte mondial encore très incertain.

Après quatre années de croissance inférieure à 4 %, il est permis de se demander si l’économie locale – encore essoufflée – aura le tonus nécessaire pour rebondir au-delà de 5 % ;certains s’interrogent même sur l’éventualité de rater le coche cette année, à l’instar de Tony Leung Shing, associé chez PWC : «It may take time for these measures to be felt and missing the growth target could prove challenging to handle.»

Ce premier budget aura donc valeur de test pour le ministre des Finances notamment du point de vue de la croissance. Il a placé la barre très haut, relevant ainsi les attentes de la population.Comparé aux années quatre-vingt, l’environnement économique s’est complexifié, exerçant une plus grande pression sur les gouvernements.

N’empêche que tout n’est pas aussi noir. Certains facteurs plaident en notre faveur en ce moment, à l’instar de la tendance baissière des prix du carburant. Ce qui a d’ailleurs offert une marge de manœuvre non négligeable au ministre des Finances en termes de revenus perçus, n’ayant pas répercuté la baisse des prix sur les consommateurs.