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Coopération économique : Maurice, le nouvel Eldorado des Emirats Arabes Unis

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Maurice s’achemine vers l’ouverture d’une nouvelle ère de liens bilatéraux et économiques avec les Émirats arabes unis, en particulier avec Dubaï et Abu Dhabi. Dans ce contexte, les deux États négocient des accords stratégiques en vue d’attirer les capitaux et de créer un environnement propice à l’investissement.

La crise nous a appris qu’il est essentiel qu’on noue de nouvelles alliances. Clairement, le pays ne peut plus se contenter uniquement de ses partenaires traditionnels. D’où la volonté du gouvernement de se rapprocher des Émirats arabes unis (EAU) qui voient Maurice comme une porte d’entrée en Afrique. Pour des observateurs avisés, les EAU sont «the next place to be». D’abord, faisons un état des lieux des relations d’affaires entre Maurice et les EAU. Il faut savoir que les deux États ont signé un accord de non-double imposition remontant à l’exercice financier 2006-2007. Ils sont toutefois en concurrence directe pour les Foreign Portfolio Investors (FPI) investissant en Inde. Plusieurs synergies entre les deux juridictions ont été établies au fil du temps, notamment dans le port franc et la logistique, dans le domaine du libreéchange ou encore dans les Tic et présentant Maurice en tant que hub mondial d’affaires et de technologie et tirant parti de Dubaï comme hub international de haute technologie et de la fintech. De plus, Maurice recherche l’expertise des EAU dans l’exploitation d’hydrocarbures, une industrie en exploration à Maurice.

De l’avis des observateurs économiques, ces relations existantes serviront de base pour des collaborations futures dans le tourisme, l’immobilier de luxe ou encore la fintech. Concernant les investissements du Moyen-Orient dans l’économie mauricienne, ils représentent environ 4 % du total des IDE à Maurice, les principaux secteurs d’intérêt étant l’immobilier, l’industrie manufacturière, l’hôtellerie et les services aux entreprises. Commentant l’état des relations entre les EAU et Maurice, le Regional Managing Director d’IQ-EQ, Sridhar Nagarajan, précise que l’accord de non-double imposition et l’accord de promotion et de protection des investissements (IPPA) signés entre Dubaï et Maurice ont permis des flux d’investissement de plus de 10 milliards de dollars entre les EAU et Maurice, lesquels ont été structurés par le secteur du global business. Ce qui l’amène à dire que Maurice se positionne à juste titre comme un partenaire stratégique pour les entreprises du Moyen-Orient qui s’aventurent en Afrique.

De son côté, Manisha Dookhony, économiste, estime que le Dubaï Expo 2020 a ouvert une certaine perspective de développement économique entre la région du Moyen-Orient et Maurice. Il existe déjà un flux important de business qui se fait à partir de Dubaï. En approfondissant les relations, cela pourrait aider à étendre le réseau d’investisseurs, à accélérer la diversification des marchés, à étendre la collaboration en termes d’offres combinées de produits financiers innovants ou encore à favoriser le développement dans les produits biopharmaceutiques. En termes d’importations, l’Asie et l’Europe ont représenté 54 % et 26 % des importations totales en 2019. La Chine était classée première en tant que premier fournisseur de Maurice, les produits électriques et électroniques figurant parmi les principaux produits importés. En deuxième position, on retrouve l’Inde, suivie de l’Afrique du Sud, des Émirats arabes unis et de la France.

«Le marché du moyenorient est très différent des autres marchés…» – Kevin Teeroovengadum

Selon la Chambre de Commerce et de l’Industrie, en 2018, les Émirats arabes unis ont représenté 3 % de nos importations pour une valeur de Rs 6,5 milliards. En 2019, les Émirats arabes unis comptaient pour 7 % de nos importations pour une valeur de Rs 14,4 milliards. Toutefois, en 2020, ces chiffres ont connu une hausse significative. Effectivement, nos importations des Émirats arabes unis, en 2020, étaient chiffrées à Rs 20,4 milliards, soit 18 % de nos importations totales. Ce qui a classé ce pays en deuxième position s’agissant de nos sources d’importation, surclassant l’Inde. Au cours des vingt dernières années, Dubaï et Abu Dhabi ont réussi à se développer en tant que plaques tournantes dans la région du Moyen-Orient. Les deux plus importants émirats des EAU sont considérés comme des havres de sécurité, tant du point de vue de la sécurité que du concept Live, work and play. Pour Maurice, en tant que petit pays insulaire situé au milieu de l’océan Indien, il est important que nous établissions de bonnes relations avec ces deux Émirats, insiste l’économiste Kevin Teeroovengadum. Mais, rappelle-t-il, «nous devons être prudents car nous avons vu dans le passé que de nombreux accords signés ne conduisent pas nécessairement à des développements positifs pour Maurice. Un exemple classique récent est la signature de l’accord de libre-échange avec la Chine – entré en vigueur en 2021 – et pour lequel nous avons constaté, sur la base de données réelles, que la Chine a augmenté ses exportations vers Maurice en 2021 de manière bien plus importante que les exportations de Maurice vers la Chine. Donc, en ce qui concerne Abu Dhabi et Dubaï, j’espère que Maurice pourra bénéficier davantage de cet accord», souligne Kevin Teeroovengadum.

«Maurice se positionne comme un partenaire stratégique pour les entreprises du moyenorient qui s’aventurent en afrique» – Sridhar Nagarajan

Quant à Amit Bakhirta, CEO d’Anneau, il est d’opinion que le Moyen-Orient se pose comme la bonne destination pour une diversification de nos marchés. Tout en indiquant qu’Anneau investit au Moyen-Orient depuis des années, il précise qu’il y a toujours des opportunités décentes à trouver, en particulier dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, de la finance, du tourisme et de la consommation. Nos banques locales et nos sociétés des services financiers ont accès à ces marchés de capitaux publics et privés pour des raisons de diversification. Cependant, il faut également être conscient que des risques macroéconomiques et politiques intégrés dans l’écosystème d’affaires des pays du Moyen-Orient peuvent affecter matériellement – positivement et/ou négativement – les investissements dans la région, comme dans toute autre région.

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