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Didier Prugnières : «D’ici trois à quatre ans, nous accueillerons 200 000 passagers»

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Didier Prugnières : «D’ici trois à quatre ans

Nous mettons en lumière cette semaine l’aéroport de Pierrefonds, dans le sud de La Réunion. Didier Prugnières, qui en assure la direction, évoque sa stratégie de développement où s’inscrit le partenariat signé avec Air Mauritius fin 2016.

BUSINESSMAG. D’abord, dites-nous quelles sont les particularités de l’aéroport de Pierrefonds.

L’aéroport de Pierrefonds existe depuis fin 1998, donc près de vingt ans. Il est la propriété des communes du Sud et La Région en est aussi actionnaire. Doté d’une piste de 2 100 mètres de long, il peut accueillir les gros porteurs à l’instar des Airbus A340-350. L’aérogare devrait enregistrer cette année un total de 110 000 à 120 000 passagers, comparé à 83 000 en 2016.

L’aéroport de Pierrefonds est véritablement la porte d’entrée touristique du sud de La Réunion, en sachant que le Sud dispose de sites d’intérêt majeur tel le volcan (NdlR, le Piton de la Fournaise) qui peut être rejoint en à peine 50 minutes. Il y a aussi le cirque de Cilaos, les sentiers botaniques, la route des laves… C’est la région la plus attractive, la plus authentique, celle où résidents et touristes bénéficient d’un cadre de vie encore préservé, unique.

Cette porte d’entrée touristique a donc pour vocation d’accueillir, outre les Mauriciens, les touristes internationaux qui se rendent à Maurice et peuvent étendre leur séjour d’une ou de deux nuits dans le sud de La Réunion.

BUSINESSMAG. Qu’en est-il de l’offre hôtelière ?

L’offre hôtelière est aussi à proximité de l’aéroport et dans différentes gammes, depuis les hôtels non classés jusqu’aux cinq-étoiles. Trois de ceux-ci sont à trente minutes de l’aéroport et s’y ajoutent des quatre, trois et deux-étoiles, de même que des hébergements non classés. Cela veut dire que quand vous venez à Saint-Pierre, vous avez le choix en termes de prix. Il y en a pour tous les budgets.

De plus, l’accord signé avec Air Mauritius permet, à certains moments de l’année, d’avoir accès à des tarifs promotionnels. À travers cet accord, nous nous inscrivons dans une nouvelle dynamique de progression.

BUSINESSMAG. C’est une belle progression ?

Oui, et grâce à l’augmentation des vols d’Air Mauritius, nous pouvons envisager ce nouveau volume de trafic. Mis à part Air Mauritius, qui effectue 14 vols par semaine, l’aéroport est desservi par Air Austral qui propose un vol quotidien sur Maurice. Il faut aussi tenir compte de la saisonnalité. Pendant la période de vacances scolaires, le nombre de vols est en hausse pour répondre à l’attente des Réunionnais qui voyagent beaucoup à ce moment-là. D’ailleurs, durant les vacances, Air Austral effectue deux vols directs par semaine sur l’île Rodrigues. Depuis l’année dernière, une compagnie privée malgache, Madagasikara Airways, assure la desserte entre Pierrefonds et l’île Sainte-Marie, qui dure une heure et vingt minutes. L’île Sainte-Marie est une destination de vacances, une destination balnéaire.

BUSINESSMAG. La vocation de Pierrefonds est donc de demeurer un aéroport régional ?

Effectivement, nous sommes dans un principe de complémentarité par rapport à l’aéroport de Roland-Garros (NdlR, premier aéroport international de La Réunion, dans le nord de l’île). Notre but est de proposer une offre alternative. Compte tenu de la taille de l’aéroport et de sa dimension humaine, nous sommes en mesure de proposer des services personnalisés à la clientèle. Par exemple, pour les groupes, nous mettons en place un accueil personnalisé, des banques dédiées. Nous avons un salon dans lequel nous pouvons accueillir ce type de clientèle. Nous offrons véritablement un service à la carte et en cela, cet aéroport est complémentaire de Roland-Garros. Pour faire une analogie, c’est comme dans la grande distribution : il y a des grandes surfaces et des commerces de proximité.

BUSINESSMAG. D’autres lignes régionales ont-elles exprimé le souhait de desservir Pierrefonds ?

Oui, mais je ne peux les citer pour l’instant.

BUSINESSMAG. À quand remonte la dernière rénovation de l’aéroport ?

Elle date de 2012/13. Elle est donc assez récente. Il y a eu un lifting complet de l’aéroport avec des extensions. Nous avons refait les parkings et les accès. Je dois d’ailleurs souligner que le parking est gratuit à Pierrefonds; c’est quand même un atout important pour les usagers.

BUSINESSMAG. À terme, comptez-vous accueillir également des lignes internationales ?

Pour pérenniser l’aéroport, nous souhaitons nous concentrer sur le trafic régional, en concertation avec le hub de Plaisance, justement. Cela cadre bien avec le concept des îles Vanille, c’est-à-dire, faire en sorte que la clientèle qui séjourne à Maurice puisse, à partir du hub de Plaisance, ensuite venir sur Pierrefonds.

Cet aéroport de proximité évite aux clients qui disposent de peu de jours de perdre du temps sur les routes très encombrées de La Réunion. C’est en cela que réside notre stratégie, être connecté à Maurice, mais demain à Madagascar, puis peut-être aux Comores. Faire en sorte que la clientèle qui circule dans l’océan Indien mais ne compte pas séjourner longuement dans chaque destination, passe par Pierrefonds pour gagner du temps. Car à Pierrefonds, cette clientèle peut avoir très facilement accès aux lieux emblématiques de La Réunion, l’île intense.

BUSINESSMAG. Il y a quelques années, le Sud revendiquait ses spécificités et une certaine forme d’autonomie. Où en est-on aujourd’hui ?

Il y avait un débat sur la bi-départementalisation. Je pense qu’on n’est plus à l’heure de tout cela, puisque La Réunion est une petite île et qu’on peut s’interroger sur la perspective de couper en deux une petite île. À mon avis, le débat est clos à ce sujet. Enfin, je ne suis pas un politicien et je préfère m’abstenir de plus amples commentaires.

BUSINESSMAG. Quoi qu’il en soit, le Sud revendique-t-il toujours ses spécificités ?

Son identité et son authenticité en particulier. Car comme je le disais précédemment, le cadre de vie a été préservé. C’est une chance pour La Réunion d’avoir cette partie de l’île qui a su sauvegarder ses espaces, l’environnement de manière générale, sa gastronomie et, surtout, sa qualité d’accueil. Bien évidemment, nous en sommes fiers et nous en faisons la promotion.

BUSINESSMAG. Depuis quand occupez-vous le poste de directeur à Pierrefonds ?

Cela fait quatre ans maintenant, mais j’étais précédemment au poste de directeur d’exploitation.

BUSINESSMAG. Êtes-vous satisfait de la progression de l’aéroport durant ces quatre ans et estimez-vous avoir atteint vos objectifs ?

Il y a un peu plus de deux ans, nos élus ont décidé de mettre en place un plan de relance des activités ; de restructurer notre modèle économique, fixer de nouveaux objectifs et surtout faire en sorte que l’aéroport de Pierrefonds soit bien ancré dans son territoire, c’est-à-dire que l’aéroport soit au service de son territoire et que le territoire soit au service de son aéroport. Nous croyons que l’union fait la force. Par exemple, les prestataires touristiques et l’aéroport se serrent les coudes. L’ensemble des acteurs de la filière touristique et économique se mobilisent, se fédèrent, pour assurer le développement de l’aéroport tout en profitant des bénéfices qui en découlent. Puisqu’un aéroport participe, en règle générale, au rayonnement et à la visibilité d’un territoire, au développement des échanges.

BUSINESSMAG. Est-ce à dire que l’aéroport a changé le destin du Sud ?

Oui, c’est l’objectif qui nous est assigné. C’est bien en cela que cet aéroport est une chance pour le Sud mais aussi pour La Réunion dans son ensemble. Une île qui atteindra dans quelques années un million d’habitants ; une île avec une problématique de transport de plus en plus compliquée. C’est important pour elle de pouvoir compter sur deux aéroports, un aéroport principal et un aéroport secondaire, fonctionnant selon le principe de complémentarité.

BUSINESSMAG. Vous avez dit viser les 120 000 passagers en 2017. Quand cet objectif a-t-il été fixé et quelle est la capacité de l’aérogare ?

Il était mentionné dans notre plan de relance. Il était prévu que nous atteignions les 110 à 120 000 passagers en 2017. Et d’ici trois à quatre ans, nous pensons en accueillir 200 000, en sachant que c’est le seuil critique qui nous permet d’avoir une certaine autonomie financière. À l’heure actuelle, cet aéroport ne peut fonctionner sans subventions.

Concernant la capacité de l’aérogare, nous pouvons aller jusqu’à 400 000 passagers, en sachant que nous pouvons traiter des avions de 300 à 320 passagers.

BUSINESSMAG. L’aéroport n’est toujours pas profitable ?

Non, nous ne sommes pas une société commerciale ayant pour vocation de faire des bénéfices. Toutefois, comme notre seuil de rentabilité est de 200 000 passagers, tant que nous ne l’aurons pas atteint, nos collectivités seront obligées de subventionner le fonctionnement courant de l’aéroport.

BUSINESSMAG. Pour finir, que diriez-vous aux Mauriciens afin de les convaincre de visiter le sud de La Réunion ?

Le sud de La Réunion est une terre d’accueil par excellence. Nous sommes deux peuples qui ont coexisté depuis des siècles et nous avons des racines communes. En outre, seulement 40 minutes de vol séparent nos deux îles. Tous ces ingrédients devraient contribuer à ce que beaucoup de Mauriciens viennent à La Réunion.