Type to search

En couverture

Économie circulaire : évitons de tourner en rond !

Share
Économie circulaire : évitons de tourner en rond ! | business-magazine.mu

À Maurice, l’on produit en moyenne 5,5 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an. Certes, avec seulement 0,01 % des émissions mondiales de CO2 , le pays est loin de faire partie des gros pollueurs. Il n’empêche que nous devons nous départir d’un modèle de développement nuisible pour notre écosystème et qui renforce notre vulnérabilité en tant que petit État insulaire.

Pourtant, en 2007, l’on a essayé de prendre les bonnes vagues. Le gouvernement d’alors avait confié la responsabilité au scientifique Joël de Rosnay de structurer la stratégie Maurice île Durable. Mais entre-temps, la crise est passée par là. Ce qui fait que l’on a graduellement délaissé le projet au point que celui-ci est tombé aux oubliettes. Aujourd’hui, l’on a un sérieux retard à rattraper pour pérenniser notre modèle de développement. L’absence d’une stratégie nationale sur ce qu’on appelle aujourd’hui l’économie circulaire – qui regroupe les activités de récupération, transformation et valorisation des déchets – se fait cruellement sentir. Valeur du jour, sans un cadre régulateur, les opérateurs qui se sont engagés dans la filière naviguent à vue.

Au niveau de Business Mauritius, l’on considère que la gestion des déchets solides doit être l’une des priorités. Actuellement, plus de 460 000 tonnes de déchets sont acheminées vers Mare Chicose, l’unique centre d’enfouissement technique, qui arrivera à saturation en 2020. Une stratégie nationale pour la gestion des déchets a été préparée, mais celle-ci n’a pas encore été publiée.

Selon Business Mauritius, la gestion des déchets à Maurice adhère à la nomenclature internationale. Désormais, il s’agira de basculer d’un système de gestion de déchets classique à un système d’économie circulaire. 

DES PISTES À EXPLOITER

},

L’on aurait tout à gagner en valorisant les déchets solides. D’ailleurs, de passage à Maurice, Gunter Pauli, le fondateur de Zero Emissions Research and Initiatives, donnait des pistes. Ainsi, explique-t-il, il est possible d’utiliser une combinaison de bagasse – résidu de la production cannière – et les déchets issus de l’aviculture dans le cadre de la culture du champignon frais. «Cette production rendrait non seulement cet aliment nutritionnel accessible à un plus grand nombre de Mauriciens, mais aussi limiterait également son importation», soutientil. De même, suggère-t-il, l’on pourrait transformer la bagasse pour en faire un aliment pour l’élevage de poulet.

Dans son rapport Lokal is beautiful, le groupe MCB cite l’économie circulaire comme l’une des trois pistes pour faire émerger un «entrepreneuriat du territoire». Il ne s’agit pas de défendre un quelconque protectionnisme, mais plutôt de stimuler une nouvelle forme d’entrepreneuriat local et de faire émerger de nouvelles filières.

Les espoirs sont permis. Car l’opinion des Millennials pèse aujourd’hui dans la balance. De l’avis de Claude Pougnet, président de Mission Verte, il y a définitivement une prise de conscience à l’échelle nationale quant à la nécessité de changer de paradigme. De plus, il y a un nombre croissant de petites entreprises qui, avec les moyens de bord, s’engagent dans le traitement des déchets. L’ONG assiste quelques-unes d’entre elles pour contrer la propagation des déchets plastiques, du carton et du papier.

«Nous collectons 130 tonnes de papier, 136 tonnes de carton et 19 tonnes de plastiques chaque année à travers une quarantaine de poubelles de tri, notamment disposées dans les aires de stationnement des supermarchés Winner’s. Puis, on les livre à des recycleurs dédiés, à l’exemple de Polypet pour les déchets plastiques et le carton», indique Claude Pougnet.

À la Chambre de Commerce et d’Industrie, l’on considère que nous sommes encore au début de la quatrième révolution industrielle et qu’il est crucial d’exploiter le potentiel de l’économie circulaire. Dans son mémoire au gouvernement dans le cadre des consultations pré-budgétaires, la Chambre souligne qu’il est tout à fait possible de récupérer jusqu’à 55 % des déchets que le pays produit à des fins de valorisation.

Avec cette nouvelle filière, l’on pourrait engranger jusqu’à $ 400 le kilo sur le produit fini issu du processus de transformation. Et la Chambre d’estimer que l’exploitation commerciale des déchets solides est susceptible de rapporter jusqu’à Rs 270 millions par jour à l’économie. Or, le coût du recyclage et de la gestion des déchets reste élevé et peut difficilement être encouru uniquement par les opérateurs. D’où la nécessité que le gouvernement vienne de l’avant avec une politique structurée sur l’économie circulaire, avec des mesures de soutien appropriées.

À noter que depuis 2014, la Chambre planche sur un projet visant à coordonner un ensemble d’activités pour encourager à la fois les entreprises et les particuliers à faire du tri un réflexe quotidien. Baptisé E-Waste, ce projet vise à créer tout un écosystème impliquant le gouvernement, les opérateurs, les importateurs pour un système complet de gestion des déchets électriques et électroniques. Sans une réelle volonté politique et l’engagement de tout un chacun, l’on ne pourra développer l’économie circulaire. Une telle stratégie doit s’aligner sur la vision des autorités de faire de Maurice une économie à revenu élevé. 

Lokal
Tags: