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«éviter la pensée unique sur les boards» – Neemalen Gopal (président du MIoD)

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«éviter la pensée unique sur les boards» - Neemalen Gopal (président du MIoD) | business-magazine.mu

La page Juan Carlos Fernandez Zara est définitivement tournée. Le nouveau président du Mauritius Institute of Directors revient sur cet épisode tout en indiquant que l’organisme est sur le point de recruter son nouveau CEO. Sans concession, il brosse un constat du respect de la bonne gouvernance dans le secteur public et le privé.

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BUSINESS MAGAZINE. Vous prenez les rênes du Mauritius Institute of Directors qui a récemment traversé une zone de turbulence. Comment se porte l’organisme ?

Partout, il y a des hauts et des bas. C’est omniprésent dans la vie de toute entreprise. Nous ne pouvons continuellement être au creux de la vague. Nous remontons la pente. D’ailleurs, je peux vous dire que le Mauritius Institute of Directors (MIoD) se porte bien. Nous sommes en phase finale du recrutement du CEO. Cet exercice de recrutement a été initié en décembre dernier. Nous avons noté un engouement pour rejoindre le MIoD. Nous avons eu des candidats avec de très bons et hauts profils. Ce sont des professionnels aguerris qui ont de l’expérience et sont connus dans le monde des affaires. C’est une preuve que le MIoD jouit toujours de sa crédibilité.

Nous désirons aller de l’avant afin de poursuivre la mission pour laquelle nous avons vu le jour, soit promouvoir la bonne gouvernance, dispenser des cours de haut niveau afin de préparer les jeunes à accéder aux postes de direction. Il y a un programme qui nous est très cher. C’est le Director Development Program. En vertu de la Companies Act, les directeurs ont une grosse responsabilité. Il faut qu’ils en soient conscients. C’est ce qu’autrefois nous mettions en avant. Mais, pour des raisons diverses, nous avons cessé de proposer ce programme. Nous comptons le relancer car il prépare les directeurs de demain.


BUSINESS MAGAZINE. Un Mauricien peut-il devenir le CEO du MIoD sachant que ce poste a été occupé jusqu’ici par des expatriés ? 

J’ai toujours clamé haut et fort – pas uniquement en tant que président du MIoD – que Maurice regorge de talents. D’ailleurs, je cite souvent l’exemple de la Mauritius Commercial Bank (MCB), qui est l’institution la plus profitable et emblématique du pays. Son Group CEO ainsi que son CEO sont mauriciens. Il ne faut surtout pas favoriser un Mauricien ou un étranger. Mais je suis certain qu’il y a beaucoup de Mauriciens qui peuvent aspirer à ce poste.

Néanmoins, dans certains cas, nous avons besoin de l’expertise étrangère ; des compétences très spécifiques dont nous ne disposons pas à Maurice. Actuellement, nous avons recours à des experts étrangers pour des recommandations, ou encore pour rédiger des rapports. 


BUSINESS MAGAZINE. Vous évoquiez la crédibilité du MIoD. Dans quelle mesure le limogeage de l’ex-CEO, Juan Carlos Fernandez Zara, a-t-il affecté l’image de l’institut ? 

Bien sûr, toute presse négative ne joue pas en votre faveur. Les gens commencent à se poser des questions. Pour ma part, aujourd’hui, je considère que cet épisode est derrière nous. Je suis optimiste de nature. Je pense que le MIoD a un avenir brillant. L’institut a vu le jour pour des besoins spécifiques. Nous mènerons à bien cette mission. Nous avons une nouvelle équipe au sein du Board du MIoD, avec des compétences variées. Il s’agit de la diversité au sens large du terme. Ce n’est pas uniquement au niveau de l’égalité des sexes, mais de la diversité de professions. Ce Board est prêt à relever les défis. Nous ne voulons pas tomber dans le sensationnel, mais ce que nous désirons, c’est de faire un travail professionnel. 


«Limogeage de Juan Carlos Zara: Nous avons appliqué les règles contractuelles»

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BUSINESS MAGAZINE. Le MIoD peut-il toujours légitimement prêcher la bonne gouvernance ?

Nous demeurons sereins et positifs. La bonne gouvernance demeure notre mission. Même lorsque nous étions dans l’obligation de nous séparer du CEO, nous avons appliqué les règles contractuelles, qui sont prévues dans le contrat. Nous ne sentons pas qu’il y a eu mauvaise gouvernance. Bien évidemment, comme il s’agit d’une affaire en cour, nous n’allons pas nous attarder là-dessus. Comme dans toute situation, il y aura toujours certaines personnes qui regarderont et analyseront l’affaire d’un mauvais œil. 

Comme je l’ai expliqué plus tôt, il est impératif que le MIoD garde en ligne sa mission, ses objectifs et la raison pour laquelle il existe. C’est pourquoi le MIoD viendra de nouveau de l’avant avec des formations de haut niveau destinées aux CEO, aux directeurs de Board. Très prochainement, nous allons accueillir celui qui a rédigé le nouveau Code of Corporate Governance, le Dr Chris Pierce. Celui-ci renoue avec le MIoD. Il y avait une période de froid mais quoi qu’il en soit, le Dr Chris Pierce est disposé à collaborer de nouveau avec le MIoD.


BUSINESS MAGAZINE. Quelle est personnellement votre conception de la bonne gouvernance ?

Concernant le dernier code, il y a huit principes qui se basent sur l’Apply and Explain. D’abord, il y a la constitution et la désignation du Board. Plusieurs principes qui sont consacrés au fonctionnement du Board de l’entreprise à Maurice. Et le Board est un élément capital. Ici, l’accent est mis sur la constitution, la diversité du Board. D’ailleurs, on le constate beaucoup avec les entreprises à l’international. De nos jours, elles parlent et mettent en pratique les Diversity in its Board perspectives. Bien évidemment, la diversité des genres est un des éléments de cette diversité au sein du Board. Mais je me répète : il faut également la diversité au niveau des compétences. On ne peut pas avoir que des comptables, ou des gens issus du domaine administratif et pas assez de compétences techniques. Il doit y avoir un mix competency sur le Board. Sinon, nous filons tout droit vers la pensée unique.  

Avoir le Diversity in its Board perspectives assure que nous avons des personnes qui pensent différemment, apportent des idées, voient les choses différemment et permettent de faire des «breakthrough». Et c’est cela qui mène vers l’innovation.  

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BUSINESS MAGAZINE. Comment évaluez-vous l’état de la bonne gouvernance à Maurice ?

Je pense que tout le monde fait des efforts. Comme je l’ai expliqué plus tôt, je suis de nature optimiste. Pour ma part, je pense que nous avons parcouru un long chemin et ce, depuis la création du MIoD. Nous constatons la mise en pratique de la bonne gouvernance, de la méritocratie, de la diversité au niveau du Board. Il y a aujourd’hui plus de femmes qui siègent sur les conseils d’administration. Nous commençons à avoir un peu plus de diversité au niveau des compétences. Ce n’est certes pas suffisant, mais ce n’est pas une chose qui peut se faire du jour au lendemain. On aurait préféré que cela aille plus vite. Mais la dynamique est en marche.

La bonne gouvernance dans la gestion de l’entreprise concerne l’utilisation des biens et des services, mais aussi la façon dont on apprécie et rémunère ses employés. Même le recrutement est basé sur les compétences et la méritocratie. Et c’est cela qui entraînera la professionnalisation des entreprises et les rendra encore plus efficaces, plus profitables. Il ne faut pas oublier que nous n’opérons plus dans un monde fermé. Nous ne disposons plus de filet de protection. Maurice se trouve aujourd’hui dans un monde compétitif. C’est un petit marché mais les entreprises mauriciennes veulent grandir. La preuve est qu’elles opèrent hors du territoire mauricien, soit dans l’océan Indien soit en Afrique. Or, pour réussir, elles doivent adopter les meilleures pratiques en matière de gestion de l’entreprise. Et disposer des meilleures compétences et des meilleurs cerveaux. Lorsque nous opérons à l’international, il n’y a plus de copinage. D’où l’importance de nous assurer que dans nos entreprises, dans nos structures, les meilleures pratiques de gestion, surtout la bonne gouvernance, sont présentes.


BUSINESS MAGAZINE. Les critiques à l’encontre du secteur public qui, dit-on, pécherait sur le plan de la bonne gouvernance, sont-elles justifiées ?

Franchement, je ne m’adonne pas aux critiques. Il est important d’adopter une approche différente, qui soit positive. Il y a des manquements partout, pas seulement dans le secteur public.

Néanmoins, il y a certaines choses qui sont bien. Je pense que le secteur public connaît actuellement un changement. Mais les défis sont bel et bien présents pour tout le monde. Prenons le cas des entités publiques ; elles font également face à la concurrence. Il est vrai qu’elles reçoivent pour la plupart une subvention de la part du gouvernement, mais ce ne sont pas des fonds illimités. Récemment, Pravind Jugnauth, le Premier ministre, a évoqué son désir de revoir les conseils d’administration des institutions publiques. C’est une bonne chose. Mais pour obtenir des résultats positifs, il faut avoir les meilleures pratiques de bonne gestion, ainsi que des compétences et du savoir-faire. Il faut avoir les bonnes personnes au bon moment et au bon endroit. Dans le secteur privé, nous avons un peu plus de flexibilité. Mais l’un des rôles du MIoD est aussi de rechercher l’appui des gens qui gèrent les grandes organisations du secteur public.  


«des manquements partout ; pas seulement dans le secteur public»

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