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Interrogation sur d’éventuelles tensions inflationnistes

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Interrogation sur d’éventuelles tensions inflationnistes | business-magazine.mu

Le rapport du Pay Research Bureau, qui prévoit l’injection de Rs 4,6 milliards dans l’économie via des augmentations de salaires pour les fonctionnaires, risque-t-il de provoquer des tensions inflationnistes ? La question mérite d’être posée car selon une équation tirée de la théorie quantitative de la monnaie, toute augmentation de la masse monétaire entraîne une hausse du niveau général des prix.

« Tout va dépendre du mode de financement du PRB », répond Eric Ng, économiste et directeur du cabinet d’études PluriConseil. Selon lui, si le PRB est uniquement financé par l’impôt, il n’y aura pas de résurgence de l’inflation. Toutefois, cette solution exclusive apparaît peu probable. En revanche, un financement par une création de monnaie à travers une augmentation du déficit budgétaire aurait un impact inflationniste.

D’autres observateurs, comme le député mauve Kee Chong Li Kwong Wing, estiment, pour leur part, que le gouvernement dispose déjà, dans divers fonds spéciaux, de la somme nécessaire pour payer la hausse des salaires des fonctionnaires. « Reste à savoir si le gouvernement peut consacrer aux dépenses courantes ce qu’il na pas dépensé pour les infrastructures », remarque l’un d’entre eux.

Dès lors, c’est la consommation des fonctionnaires qui pourrait avoir des implications inflationnistes. « Avec une hausse de salaire de 22 %, on peut s’attendre à un effet sur la consommation car la demande a été réprimée. Il est légitime d’aller dépenser au moins une partie de cette augmentation dans la consommation. Et cette progression de la demande peut avoir un impact sur les prix. Nous allons peut-être le constater lors des achats de fin d’année », explique l’économiste Pierre Dinan. De son côté, Eric Ng anticipe également une hausse des dépenses en décembre dans la perspective de l’augmentation des salaires en janvier, mais l’économiste souligne que l’inflation ne devrait pas venir des commerçants car ils n’ont pas de stocks.

Risque d’une inflation temporaire

« Je n’attends pas une reprise de l’inflation liée au PRB. En 2008-2009, l’inflation a baissé malgré la hausse décrétée par le PRB qui était supérieure à celle d’aujourd’hui. Dans leur ensemble, les fonctionnaires sont endettés et ils vont utiliser leur augmentation de salaire pour se désendetter. Il y aura peut-être une inflation temporaire avec le treizième mois en décembre », avance, pour sa part, Chandan Jankee, professeur associé en Economie à l’Université de Maurice.

Il rappelle que l’essentiel de l’inflation à Maurice est importé et dépend du niveau des prix du pétrole et des produits de base. « Or, avec les perspectives de baisse de la croissance mondiale, les cours des matières premières ne devraient pas s’envoler. En outre, avec la récente appréciation de la roupie, on ne peut pas parler de risque de reprise de l’inflation », argumente-t-il

Reste maintenant à savoir quelle va être la position du secteur privé. Il apparaît évident que des revendications salariales peuvent, si elles aboutissent à des hausses substantielles de salaires, entraîner une résurgence des tensions inflationnistes. Il faut remarquer, à ce propos, que le Gouverneur de la Bank of Mauritius (BoM) a toujours mis en garde contre ces fameux « effets de second tour ». « Le secteur privé essaie de faire monter les enchères pour obtenir un bon budget », souligne un observateur.

Avec un raisonnement simple : pour le secteur privé, le PRB constitue un manque à gagner puisqu’il enlève des moyens financiers à un éventuel Stimulus Package.

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