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Jeter les bases d’un équilibre salutaire

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Jeter les bases d’un équilibre salutaire | business-magazine.mu

Afin d’empêcher que le fossé entre grands opérateurs et PME ne se creuse davantage, la Banque mondiale proposait déjà, en 2011, la solution de coopération. Un avis que partagent les ministres Vishnu Lutchmeenaraidoo et Sunil Bholah.

Du point de vue de Sunil Bholah, ministre des Affaires, des entreprises et des coopératives, il est impossible, valeur du jour, de freiner le développement des conglomérats au bénéfice des PME, ou vice versa, étant donné que ces deux catégories d’entreprises constituent un ensemble de prime importance pour l’économie. De fait, le pays ne saurait se passer ni de leur contribution au PIB ni de leur capacité à créer de l’emploi. Aussi, le ministre Bholah se range du côté de Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères, et plaide pour une politique de partenariat entre les grands groupes du pays, d’une part, et les PME, de l’autre.

Alors que Maurice s’apprête à célébrer, l’an prochain, le cinquantième anniversaire de son indépendance, pour Sunil Bholah, aller dans le sens de la coopération entre conglomérats et PME serait une preuve de «patriotisme». «Il faut que ce partenariat voie le jour», insiste-t-il. Tim Taylor abonde dans le même sens. Il prône la création d’une relation dynamique entre les deux parties concernées. «Encourager l’émergence d’une nation de nouveaux entrepreneurs est aujourd’hui un enjeu important. Pour ce faire, il s’agit de créer des liens d’affaires entre grandes sociétés et petites et moyennes entreprises», propose-t-il. Poursuivant sur sa lancée, Tim Taylor fait ressortir que Business Mauritius, porte-parole du secteur privé, devrait se mobiliser pour instaurer une situation qui serait bénéfique dans un sens comme dans l’autre.

Dev Sunnasy est aussi en faveur d’un rapprochement entre PME et conglomérats de l’île. Il évoque, pour sa part, un rapport de la Banque mondiale (BM) publié en 2011 stipulant que les gouvernements devaient œuvrer en faveur d’un accord entre les deux groupes d’entreprises à l’échelle internationale. L’objectif : que celles de petite et moyenne taille puissent s’affirmer davantage sur le plan du commerce extérieur. Dans le cas de Maurice, il s’avère d’ailleurs que la contribution des PME aux exportations s’élève à seulement à 3 %.

En 2013, un nouveau rapport de la BM confirme l’ampleur du déséquilibre entre conglomérats et PME. Les pays tels que le Japon et la Corée du Sud ne tardent pas à réagir en conséquence et jettent des ponts entre les grandes sociétés et les entreprises affichant des chiffres d’affaires moins importants. Résultat, soutient Dev Sunnasy : dans ces deux pays, la contribution des PME au PIB est respectivement de 50 et 55 %. Pourtant, souligne le président de la MITIA, le Japon et la Corée du Sud «sont connus pour la puissance et la forte influence de leurs conglomérats». Ces derniers, indique-t-il, citant, par exemple, Sony, Toyota ou encore Samsung, sous-traitent une partie de la fabrication de leurs produits à des PME locales. Pour empêcher les imposantes sociétés qu’ils abritent de devenir trop gourmandes, ces deux pays n’ont eu d’autre choix que de mettre en place un cadre légal spécifique.

Sans détour, Dev Sunnasy énonce d’autres solutions pour réduire le fossé entre conglomérats et petites et moyennes entreprises à Maurice. Il estime que l’État doit être équitable et ne plus privilégier un groupe de sociétés au détriment des autres. L’une de ses recommandations est de réduire de 30 % les budgets de la Mauritius Tourism Promotion Authority et du Board of Investment. Il suggère également de supprimer la Financial Services Promotion Agency et accélérer la fusion entre Enterprise Mauritius, la Smeda et le National Women Entrepreneur Council, mesure qui, pense-t-il, permettrait de réaliser une économie d’au moins 30 %.

En tenant compte de toutes ces recommandations, Dev Sunnasy arrive à la conclusion que l’État pourrait accorder un budget de quelque Rs 500 millions au secteur des PME dans le but de lui insuffler le dynamisme requis.