Le gouvernement conquis l’Opposition sceptique

La présentation du premier Budget du nouveau gouvernement s’est déroulée dans une ambiance bon enfant. Au sein de la majorité parlementaire, l’on a été séduit par le «no tax budget» de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Alors que dans les rangs de l’Opposition, on émet des réserves.

C’est un ministre des Finances serein et plein d’assurance qui a présenté le premier Budget du gouvernement, lundi soir, à l’Assemblée nationale. Après tout, Vishnu Lutchmeenaraidoo n’en est pas à son premier Budget ayant été à la tête du Trésor public de 1983 à 1991, toujours sous le régime de sir Anerood Jugnauth. Il fait d’ailleurs brièvement mention de cela en évoquant sa déception sur la performance actuelle des institutions qu’il avait créées à l’époque.

C’est à 17 heuresque Vishnu Lutchmeenaraidoo pénètre dans l’hémicycle accompagné de son épouse Suzanne. Outre les parlementaires, le gratin du secteur privéet des membres du corps diplomatique sont présents. L’instant est solennel. L’arrivée du ministre des Finances calme l’assistance. Après l’hymne national, place à la traditionnelle séance photos éclair de la presse avant le début du discours.Vishnu Lutchmeenaraidoo se prête volontiers aux jeux des caméras.

Le ministre des Finances apporte sa touche personnelle dès le début de son discours avec des rhétoriques justifiant les mesures qu’il s’apprête à énoncer. Il frappe fort avec l’annonce de la première mesure, qui concerne le projet des Smart cities.

Vishnu Lutchmeenaraidoo sera applaudi par ses collègues à plusieurs reprises lors de son monologue qui a duré un peu plus de 75 minutes. D’abord, quand il annonce la création de la SME Bank qui octroiera des prêts sans garanties aux petites et moyennes entreprises. Ensuite lors de l’annonce du financement des Crash courses par le gouvernement pour les gradués chômeurs. Il propose aussi l’augmentation du nombre de bornes wifi gratuites qui passent de 15 à 350 et l’abolition de la taxe de 10 sous sur les SMS. Le député du MMM, Reza Uteem, profite de l’occasion pour lancer une pique à Xavier-Luc Duval qui avait introduit cette taxe alors qu’il occupait le portefeuille des Finances sous le régime de Navin Ramgoolam.

La valse des applaudissements se succède au fur et à mesureque les initiatives sont dévoilées. L’allocation d’un budget de Rs 1,3 milliard destiné aux travaux prioritaires pour résoudre le problème des inondations et les mesures phares pour le secteur de l’eau sont également accueillies favorablement. Mais l’interdiction d’utiliser les sacs en plastique à partir du 1er janvier 2016 fera sourciller plus d’un parlementaire, parmi  Reza Uteem et Paul Bérenger qui se sont échangés des regards plutôt troublés.

La cerise sur le gâteau est toutefois l’annonce finale de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Ce sera un no-tax Budget, lancera-t-il.

Le premier Budget dédié à SAJ

On a aussi eu droit à des regards complices entre Aisha Timol et Alastair Bryce, Chairman et président de la Mauritius Bankers Association respectivement. C’était lors de l’annonce de la mise en application du rapport de la Banque de Maurice concernant les abus sur les frais et commissions bancaires et de l’institution d’un comité spécial pour examiner le rapport de la commission d’enquête sur le Sale by Levy dans le but d’accélérer les recommandations proposées.

À la clôture du discours, les membres du gouvernement étaient tout souriants. Quant à ceux de l’Opposition, ils ont gardé le silence et réservé les commentaires pour leur conférence de presse qui allait suivre, à l’exception de Shakeel Mohamed, député du Parti travailliste. Réagissant à chaud, il dira que c’est un Budget qui passe à côté des «choses essentielles».

S’agissant des commentaires des membres du gouvernement, ils traduisaient le sentiment du devoir accompli. Le ministre du Logement évoquait un Budget extraordinaire et le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, auquel Vishnu Lutchmeenaraidoo a dédié ce premier Budget, a parlé d’un très «bon Budget» pour le pays, à sa sortie de l’hémicycle. Tout en ajoutant : «C’est nous qui allons faire la vraie démocratie pour le pays. Tout le monde sera satisfait.»