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Maurice – Terre d’accueil des start-up françaises

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Maurice - Terre d’accueil des start-up françaises | business-magazine.mu


Depuis quatre ans, Maurice accueille un nombre croissant d’entrepreneurs français. Outre une fiscalité attrayante et une main-d’œuvre compétitive, ils sont attirés par un écosystème favorable à l’éclosion des start-up.  

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L’avenir est dans l’entrepreneuriat. La France l’a bien compris. Le pays a mis en place un environnement aujourd’hui reconnu comme l’un des plus attractifs au monde pour les entreprises innovantes. Ces dernières années, l’on a assisté à un phénomène nouveau : de plus en plus d’entrepreneurs français choisissent de créer leur start-up à Maurice. Cela se reflète dans le nombre de permis de travail octroyés aux entrepreneurs français, qui est passé de 143 en 2013 à 201 en 2017. Pourtant, le pays n’est pas encore une nation start-up, mais la tendance vers plus d’esprit entrepreneurial et d’innovation est irréfutable. En témoigne la création d’incubateurs dont la vocation est d’accompagner les start-up. À ce jour, le pays en compte six : Ceridian App-Factory, La Plage Factory connue comme CoWorking Port-Louis, Mauritius Startup Incubator, La Turbine, Ventures AA et Verde Ventures. Pour bénéficier des facilités incitatives sous le National SME Incubator Scheme, les start-up doivent impérativement intégrer l’un des six incubateurs accrédités.

Fort de ce cadre réglementaire pour les start-up, Maurice représente un attrait pour la forte communauté entrepreneuriale française présente sur le territoire. Il faut savoir que la France est la première source d’investissements directs étrangers (IDE) pour Maurice avec une contribution de 33 % des Rs 13,6 milliards réalisées en 2016. Elle est aussi le troisième partenaire économique du pays. La majorité des entrepreneurs français faisant affaire à Maurice sont âgés entre 30 et 50 ans. Certains d’entre eux, installés de longue date, ont pris l’initiative de soumettre un dossier de candidature au gouvernement français début 2017 pour labelliser Maurice comme French Tech Hub.


fiscalité légère 


Pratiquant une politique d’ouverture depuis son Indépendance, Maurice s’efforce de créer un environnement propice pour attirer les investissements étrangers et accompagner le développement de l’innovation et de l’entrepreneuriat, ce qui va tout à fait dans le sens de la French Tech. De plus, les deux pays ont ratifié une convention de non-double imposition en 1980. Sur le plan de la fiscalité, la taxe corporative plafonnée au taux uniforme de 15% est d’un attrait certain. Julien Faliu, fondateur et CEO d’Expat. com, estime que ce taux a été intelligemment instauré. «Cette fiscalité légère donne les moyens aux entrepreneurs d’investir dans la formation de leur personnel et dans l’avancement de la société. C’est ce que j’ai fait. Aujourd’hui, je suis fier de contribuer à l’économie mauricienne», observe-t-il. Si les entrepreneurs français se tournent vers Maurice, c’est aussi parce qu’ils y trouvent de la main-d’œuvre qualifiée et à meilleur marché. Nicolas Goldstein, le fondateur du Mauritius Startup Incubator, est de cet avis. À ce jour, l’incubateur a accompagné une dizaine d’entreprises desquelles 80 % sont françaises. «Le Mauritius Startup Incubator reçoit des demandes toutes les semaines d’entrepreneurs qui souhaitent rejoindre Maurice. Ils viennent ici pour monter des équipes agiles et différentes de ce qui est disponible en France», argue-t-il. De plus, le fait que Maurice soit un pays bilingue, voire trilingue, représente un atout indéniable sur la scène internationale. Le fuseau horaire plaide également en notre faveur.

a situation géographique du pays, idéalement situé entre l’Afrique et l’Asie, constitue par ailleurs une aubaine pour les entrepreneurs qui souhaitent toucher les marchés de ces pays. C’est le cas de nombre d’investisseurs français qui utilisent Maurice comme une plateforme pour opérer principalement sur le continent africain. La Mauritius Fintech Association, dont l’ambition est de positionner Maurice comme un hub de l’innovation technologique dans le domaine financier, est un exemple concret. À ce propos, Michel Cordani, membre actif de la French Tech Maurice, souligne d’ailleurs qu’une «délégation a participé à l’Africarena l’année dernière pour avoir une meilleure visibilité sur le continent». 


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Procédures simplifiées

Les opportunités qu’offre Maurice aident indéniablement les start-up françaises à tirer leur épingle du jeu par rapport à la concurrence européenne. La création d’entreprises est facilitée par le National Startup Investment Scheme (NSIS) ou encore l’Innovator’s Occupation Permit, grâce auquel l’on peut attirer les talents. Sans compter que la démocratie n’est pas un vain mot à Maurice. Ce qui met les entreprises à l’abri des risques d’expropriation. Le pays attire traditionnellement les investisseurs avec des permis de travail et de résidence directement reliés à un certain seuil de capital transféré dans le pays. Toutefois, ces dispositifs n’étaient pas vraiment adaptés aux start-up car la plupart du temps l’entrepreneur apporte une idée, une ambition et un savoir-faire, mais rarement une capacité d’investissement. Julien Faliu se souvient que de 2007 à 2010, il a dû faire successivement des demandes pour les permis professionnel, d’entrepreneur indépendant et d’investisseur. Fort heureusement, ces procédures sont aujourd’hui assouplies suivant l’adoption du NSIS et de l’Innovator’s Occupation Permit. 


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Expat.com, dont les activités sont tournées vers l’international, fait valoir cet atout de taille. «L’année dernière, nous avons brassé un chiffre d’affaires de 1 million de dollars. 99 % de nos recettes provenaient de nos opérations à l’international. Les entrepreneurs étrangers peuvent, par ailleurs, profiter de la qualité de vie à Maurice», soutient Julien Faliu.

Le foisonnement de start-up françaises est de bon augure pour l’économie, mais aussi pour les entrepreneurs mauriciens. Les Français venant à Maurice sont souvent des entrepreneurs ayant déjà baigné dans un écosystème qui marche depuis 5 à 10 ans en France. Comme le souligne Nicolas Goldstein, «l’échange entre entrepreneurs est extrêmement important. Les start-up françaises impulsent un certain dynamisme aux compétences locales. De plus, elles font la publicité de Maurice dans le monde entier en faisant connaître son environnement des affaires». Et d’ajouter qu’il est essentiel que «Maurice puisse suivre ce qui se passe en Europe, notamment en France».

Cela dit, assiste-t-on à l’émergence d’une French start-up nation à Maurice ? La diversité de l’entrepreneuriat français se reflète dans les 200 entreprises membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Maurice. Celles-ci sont engagées dans quelque 40 secteurs d’activités et emploient plus de 20 000 personnes. La labellisation French Tech devrait favoriser l’écosystème entrepreneurial existant à Maurice et améliorer la lisibilité des dispositifs publics français actifs sur place. Ce qui devrait conduire à une accélération du développement des start-up et projets innovants à l’international. L’expansion des start-up françaises, la valeur ajoutée qu’elles apportent et les bénéfices en termes de transfert de compétences sont autant de facteurs qui dynamiseront l’économie mauricienne. 


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French Tech - Faire rayonner l’écosystème mauricien

En 2013, le gouvernement français a créé l’initiative French Tech pour favoriser en France l’émergence de start-up à succès et ainsi générer de la valeur économique et des emplois. En moins de deux ans, la French Tech s’est imposée comme la marque officielle qui fédère les start-up françaises et les fait rayonner à l’international. Sa philosophie repose sur le fait de s’appuyer sur les initiatives des membres de la French Tech eux-mêmes, mettre en valeur ce qui existe déjà, et créer un effet boule de neige. Les French Tech Hubs ont pour mission de réunir tous les entrepreneurs français et les start-up françaises à l’étranger pour accélérer leur activité et leur donner de la visibilité. À ce jour, 22 French Tech Hubs fédèrent environ 1 000 start-up et près de 300 entrepreneursmentors (dont 50 entrepreneurs emblématiques).

À l’initiative de quelques entrepreneurs français installés de longue date à Maurice, un dossier de candidature pour labelliser Maurice comme French Tech Hub a été soumis au gouvernement français au début de l’année 2017. La candidature a été retenue, mais doit faire l’objet d’une validation finale au cours de cette année. Entre-temps, les entrepreneurs français de Maurice peuvent utiliser le label, à condition de respecter les règles définies dans le dossier.

La mission de French Tech Maurice est d’abord de créer une dynamique de coopération et d’émulation entre les membres, de stimuler l’innovation et les échanges, de créer des emplois. L’organisme entend accélérer le développement commercial, notamment dans la région et en Afrique. Il encourage les jeunes Mauriciens à se lancer dans la création d’entreprises. Autre objectif : exploiter les synergies avec la France et les autres pôles French Tech, notamment l’Afrique du Sud et La Réunion. Et finalement, French Tech veut faire rayonner l’écosystème mauricien en France et à l’international. Pour ce faire, il souhaite coopérer avec les institutions françaises (ambassade de France, IFM, BPI, AFD, etc.) et mauriciennes (Economic Development Board, SME Mauritius, Mauritius Research Council…), ainsi que les associations privées comme la Chambre de Commerce et d’Industrie France Maurice.

À ce jour, French Tech Maurice a organisé une série d’événements regroupant les entrepreneurs français de Maurice, dont l’Africarena 2017 ou des conférences thématiques régulières sur des sujets tels que le «growth hacking» ou le Règlement général sur la protection des données européen.

Le grand projet de l’année est d’organiser un événement international sur le thème de l’innovation et de l’entrepreneuriat, en coopération étroite avec les gouvernements français et mauriciens. Le format exact n’est pas encore défini, mais il s’agira probablement de trois jours d’activités privées et institutionnelles, mi-septembre, avec pour objectif de dynamiser l’écosystème et l’amélioration des compétences, de favoriser la coopération régionale, notamment avec La Réunion, et de créer des liens entre les écosystèmes mauriciens et français. C’est aussi vers la fin de l’année que le gouvernement français entend officialiser le label French Tech Hub pour Maurice.



Catherine Dubreuil-Mitaine (présidente, CCIFM) - «Il faut accélérer le développement des start-up à Maurice»

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