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Nouvel effritement des ambitions de croissance

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Nouvel effritement des ambitions de croissance | business-magazine.mu

La croissance économique ne franchira pas la barre psychologique de 4 % cette année. C’est ce que révèlent les derniers comptes nationaux.

L’institut national des statistiques a mis fin brutalement mardi au semblant d’optimisme qui avait gagné le pays dans le sillage de la présentation du Budget 2015-2016 par le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo.

Après avoir annoncé une croissance de 4,1 % pour cette année en mars dernier, Statistics Mauritius a revu ses projections à la baisse. L’agence s’attend désormais à une progression de 3,8 % du produit intérieur brut (PIB) de Maurice. Si les nouvelles prévisions reflètent parfaitement la conjoncture actuelle, en revanche, elles tranchent singulièrement avec les objectifs fixés par le ministre des Finances.

Dans son allocution à l’Assemblée nationale, celui-ci avait clairement fait comprendre que le gouvernement travaillerait à porter l’économie vers de nouveaux sommets d’ici à fin juin 2016. C’est ainsi que Vishnu Lutchmeenaraidoo avait évoqué le franchissement du seuil de 5 % de croissance pour atteindre 5,3 % à la fin de la présente année fiscale.

Mais avec la douche froide de l’institut des statistiques, les autorités gagneraient certainement à remettre à jour leur copie. Statistics Mauritius explique, en effet, qu’elle a décidé de revoir ses projections initiales de 4,1 % en fonction des derniers développements dans plusieurs secteurs clés de l’économie.

À commencer par le secteur de l’agriculture. Par rapport aux calculs de mars dernier, il est désormais estimé que la croissance de cette industrie ne sera que de 3,6 % en 2015. Les analystes de Statistics Mauritius jugent que les 6,1 % annoncés à la fin du premier trimestre sont trop optimistes d’autant plus que les activités liées à la pêche seront moins rentables.

Touché en plein cœur par le ralentissement en Europe et la dépréciation de la monnaie unique, le textile et habillement plombera l’expansion du secteur manufacturier, cette année. Selon Statistics Mauritius, ce secteur progressera certes mais au ralenti, soit de 1,9 % alors qu’initialement, il était question de 2,5 %.

Les anticipations pour le secteur de la construction, un autre moteur de croissance, ont aussi été revues à la baisse. Sur la base des travaux complétés durant le premier semestre, l’institut des statistiques constate qu’au final, le BTP enregistrera une croissance inférieure à 2 %, soit de 1,4 %. Ce qui est bien loin des ambitions de 3,3 %.

Cela dit, le pays pourra compter sur l’industrie touristique qui est actuellement en plein rebond avec des arrivées en hausse. D’ailleurs, il est prévu que le secteur de l’hébergement et de la restauration connaîtra une croissance de 5,4 % avec le nombre de touristes atteignant 1,1 million à la fin de l’année. Les recettes seront de l’ordre de Rs 48,5 milliards contre Rs 44,3 milliards en 2014.

Deux autres secteurs contribueront également à l’expansion du PIB : les technologies de l’information et de la communication et les services financiers. Le premier atteindra un taux de croissance de 7 %, alors que les activités de la finance progresseront à un rythme de 5,3 %, soit presque au même niveau qu’en 2014.

Il est important de souligner que la nouvelle posture de Statistics Mauritius rejoint celle de la communauté des analystes. La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), par exemple, a annoncé récemment que la croissance économique ne dépasserait pas 3,7 % cette année. Dans son analyse, Renganaden Padayachy, économiste à la CCI, avait noté que le pays est aujourd’hui confronté à l’urgente nécessité de rehausser son taux de croissance potentiel, qui demeure la clé vers une croissance plus robuste et durable. Selon lui, le taux d’investissement et le taux de productivité continuent de peser sur le potentiel de croissance de Maurice.

Il prévient d’ailleurs que le chemin vers une croissance forte va être long tout en ajoutant que «l’évolution sur les six premiers mois de l’année a été positive mais le moral n’est pas encore là pour que les entreprises prennent des risques et investissent massivement.»

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