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Pas de statut de pays à revenu élevé sans Les PME

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Pas de statut de pays à revenu élevé sans Les PME | business-magazine.mu

L’une des ambitions de la Vision 2030 du gouvernement, présentée en 2015, est de faire de Maurice un pays à haut revenu. Or, selon un rapport de l’université de Harvard, cela ne pourra se faire sans les PME.

En mars de cette année, Sunil Bholah, ministre des Affaires, des entreprises et des coopératives, confirme sa volonté de faire des petites et moyennes entreprises (PME) un pilier de l’économie. Après 12 mois de préparation, il rend public le Small and Medium Enterprises (SME) 10-Year Master Plan. Six actions y sont proposées, dont la mise sur pied d’un SME Export and Development Programme ou encore l’amélioration du cadre régulateur et institutionnel dont bénéficient ces entreprises. Selon le ministre, il est temps pour Maurice de s’aligner sur la tendance mondiale. Il avance même un pourcentage : 90 % des entreprises dans le monde sont des PME.

Tandis qu’à Maurice, la contribution du secteur des PME au produit intérieur brut (PIB) ne dépasse pas pour l’heure les 40 %, indique le ministère des Affaires, des entreprises et des coopératives, celui-ci espère améliorer ce pourcentage de quelque 12 %. Une progression nécessaire si l’on se base sur les conclusions des analystes de l’université de Harvard, aux États-Unis. Ces derniers estiment, en effet, qu’un pays ne peut intégrer la catégorie des économies à haut revenu – tel que le souhaite le présent gouvernement – que lorsque son secteur des PME franchit le seuil des 50 à 55 % du PIB.

Dev Sunnasy soutient, pour sa part, qu’en réalisant une étude sur les entreprises et le développement économique, il s’est rendu compte que Maurice ne pourra concrétiser sa vision de pays à haut revenu sans l’appui des PME. «Cette étude révèle que l’économie arrivera à accéder à un taux de croissance de 5 à 6 % seulement quand les PME exporteront leurs produits et services», poursuit-il. Là encore, le SME 10-Year Master Plan devrait jouer un rôle important dans la mesure où il a pour objectif de faire passer la part des PME dans les exportations du pays de 3 à 18 %. À titre d’exemple, Dev Sunnasy explique que «si 500 PME sur dix secteurs exportaient chacune 1 million de dollars de produits par an, cela représenterait Rs 17 milliards, soit une croissance de 20 % de nos exportations».

Plus encore, le président de la MITIA argue que si Maurice désire se positionner comme pays à revenu élevé, le seuil du chiffre d’affaires pour une entreprise de taille moyenne devra être revu. De Rs 50 millions – un chiffre désormais «dépassé», pense-t-il – il devrait être majoré à Rs 100 - 150 millions.

Modèle estonien

Comme bien d’autres opérateurs du secteur des PME, le président de la Mitia est d’avis que Maurice aurait dû aujourd’hui avoir franchi une étape plus importante de son développement économique. Dev Sunnasy mentionne, à ce propos, l’exemple d’un pays d’Europe du Nord, l’Estonie. Celui-ci, dit-il, a une démographie semblable à celle de Maurice, soit environ 1,3 million d’habitants. En sus, les deux pays ont pour seule richesse leur population. Toutefois, d’un point de vue économique, les parcours diffèrent considérablement : alors que tous deux affichaient un PIB de 4 000 dollars par habitant en 2000, quinze ans plus tard, avance notre interlocuteur, l’Estonie a multiplié son PIB par cinq mais Maurice uniquement par 2,5.

«L’Estonie a non seulement misé sur l’éducation de haut niveau et les services liés aux technologies de l’information et de la communication mais elle a aussi pris les devants en aidant les PME à exporter», commente Dev Sunnasy. Ces vingt dernières années, Maurice a triplé ses exportations et, parallèlement, l’Estonie les a multipliées par 10. À ce jour, ce pays d’Europe du Nord possède des bureaux dans une vingtaine de villes à travers le monde par le biais d’Enterprise Estonia, un organisme qui a à charge de vendre les produits et services des PME estoniennes sur des marchés ciblés. Et le président de la Mitia de conclure qu’à l’heure actuelle, le secteur des PME représente 75 % du PIB de cet autre pays.