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PME: bâtir une nation d’entrepreneurs

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PME: bâtir une nation d’entrepreneurs | business-magazine.mu

Les mesures budgétaires en faveur des petites et moyennes entreprises (PME) indiquent que le gouvernement croit fermement dans le potentiel des PME quant au rôle qu’elles joueront dans la croissance de notre économie.

Les différentes mesures annoncées par le ministre des Finances sont plutôt bien accueillies par les PME. Toutefois, comme le précise Amar Deerpalsing, président de la fédération des PME, il y a une certaine déception quant au silence du ministre des Finances sur un sujet particulièrement important.

Effectivement, la fédération des PME se dit déçueque la standardisation des produits n’ait pas été revue. Le secteur fait actuellement face à un problèmed’absence de «level playing field» entre les produits locaux et ceux qui sont importés. Il n’est un secret pour personne que le pays est allé très vite en matière de démantèlement tarifaire, sans nécessairement se doter des moyens pour contrôler ses frontières en matière de qualité des produits, et de respect des obligations nationales.

Le produit local ne se bat donc pas à armes égales avec les produits importés de toutes sortes de provenances: assurer un «level playing field» entre les produits locaux et ceux qui vont importés est donc actuellement une tâche impossible en raison des profondes inégalités dans les conditions de production et de commerce dans le monde. Les opérateurs du secteur constatent qu’il y a des règles obligatoires pour les fabricants locaux alors que la réglementation n’est pas la même pour les produits importés. On exige un certain nombre de critères pour les produits fabriqués localement tandis que ceux qui viennent, entre autres, de Chine entrent facilement sur le marché mauricien.

« Nous nous attendions également à plus de soutien direct à l’investissement, à une baisse considérable des taux d’intérêt à l’emprunt et à l’investissement. Toutefois, la Fédération est satisfaite des autres mesures prises pour que les PME deviennent l’épine dorsale de notre économie. Ce budget va dans le sens annoncé au départ, c’est-à-dire un budget qui va redonner confiance aux entrepreneurs pour qu’ils investissent davantage. Nous accueillons favorablement les mesures concernant la facilitation des affaires. L’élimination de beaucoup de barrières administratives sera certes un grosavantage pour les PME», explique Amar Deerpalsing.

Le ministre des Finances annonce ainsi l’amélioration de l’accès aux crédits.Une SME Bank sera mise sur pied pour fournir du capital d’amorçage pour les entrepreneurs sans nécessité de présenter une garantie personnelle. Un montant de Rs 10 milliards sera ainsimis à la disposition de la SME Bank au cours des cinq prochaines années. La SME Bank sera située au rez-de-chaussée de la SICOM Tower, à Ebène.

SME Parks: de trois à sept

En général, Amar Deerpalsing laisse entendre que par rapport aux autres demandes, la Fédération des PME estsatisfaite. «Toutefois, nous ne connaissons pas les détails sur le quantum des allocations budgétaires ou encore le « time frame » pour l’implémentation des différentes mesures. Les SME Parks qui vont augmenter est une très bonne chose. Maisconcernant le taux de croissance de 5,3 % annoncé jusqu’en juin 2015, nous sommes sceptiques.» Actuellement au nombre de trois – à Roche Bois, La Tour Koenig et Bambous – les SME Parks seront agrandis et sept nouveaux parcs seront créés.

Consolider le secteur des PME est considéré comme la marche à suivre pour réduire le taux de chômage (7,8 % en 2014) au cours des années à venir car ce secteur a un fort potentiel de création d’emplois. Cependant, comme le fait remarquer KPMG dans ses Budget Highlights, le défi ne sera pas seulement de renforcer les PME existantes – ces PME évoluent actuellement dans cinq secteurs de l’économie – mais d’exploiter des poches de croissance dans d’autres secteurs que ces cinq secteur. À savoir que 85 % des PME évoluent que dans cinq secteurs de l’économie, qui sont la vente et la réparation de véhicules (37,3 %), le transport et le stockage (17 %), la manufacture (12 %), la construction (10,3 %) et l’hébergement et la restauration (8,5 %).

Pour Jessyca Joyekurun, directrice d’Expand Human Resources, une PME évoluant dans le service, cette approche pro-PME est bénéfique à la communauté des entrepreneurs. «J’accueille favorablement les mesures au niveau de la taxe, la TVA ou encore celles concernant les fraispayés au Registrar of Companies. C’est une bonne initiative de mettre des fonds à notre disposition ainsique de développer un « One-Stop Shop » qui offrira le soutien adéquat aux entrepreneurs

Toutefois, Jessyca Joyekurun s’attendait à ce que le ministre des Finances revoie l’autorité donnée à l’institution qui réglemente les PME à Maurice : «Je suis d’avis qu’il ne fallait pas mettre l’avenir de cesecteur entre les mains des mêmes structures ; il aurait peut-être fallu développer d’autres organismes pour les PME.» Jessyca Joyekurun attend également de voir comment ces mesures seront concrétisées. «L’ancien régime avaitmis en place un système où les banques devaient prêter de l’argent aux PME et le gouvernement devait se porter garant de cela.» Toutefois, Jessyca Joyekurun a vite déchanté après avoir approché plusieurs grandes banques : «Les banques m’ont fait comprendre que cette mesure ne concernaitque les PME engagées dans la manufacture et non celles évoluant dans les services. Je pense que l’actuel ministre de Finances devrait bien clarifier certains points pour déterminer si toutes les PME bénéficieront de ces mesures.»

Raj Makoond, directeur du Joint Economic Council (JEC), souligneque le JEC accueille favorablement toutes les mesures qui serontprises pour les PME. «Il est très compliqué de donner un soutien aux PME ; leur accompagnement est complexe et essentiel à leur succès. Il faut surtout un savoir-faire qu’il faudrait partager avec eux et, le plus important, c’est de voir comment elles pourront accéder à certains marchés.»