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Ravin Dajee (Managing Director d’Absa Maurice) : «La profitabilité des banques est tirée par l’activité offshore»

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Le secteur bancaire joue un rôle de premier ordre dans l’économie mauricienne, ayant connu une croissance ininterrompue au cours des trois dernières décennies. Avec une taille représentant plus de quatre fois le PIB du pays, ce secteur fait ces jours-ci face à de nouveaux défis et doit rester à la pointe des innovations et des développements réglementaires internationaux, observe Ravin Dajee, Managing Director d’Absa Maurice. Celui-ci évoque la transformation qui s’opère dans le secteur financier bancaire et non bancaire. La dynamique est bonne, insiste-t-il. Désormais, il s’agira de passer à un niveau supérieur. Cet entretien est en couverture de Business Magazine ce mercredi 2 novembre 2022, un numéro disponible aux points de vente habituels et à consulter en version numérique dans l’espace Kiosk de La Sentinelle : https://kiosk.lasentinelle.mu/

Malgré un environnement extérieur difficile, le secteur bancaire mauricien reste résilient, stable et solide avec un «Capital Adequacy Ratio» qui s’élevait à 20,0 % à la fin du mois de mars 2022 et un «Liquidity Coverage Ratio» de 261,5 % pour la même période. Peut-on dire que le système bancaire a réussi à traverser la crise sans encombre ?

Depuis la crise financière de 2008 et la promulgation successive des directives de Bâle, les banques du monde entier ont eu tendance à maintenir des ratios d’adéquation des fonds propres et de liquidité élevés. En général, les banques dont les ratios d’adéquation des fonds propres et de liquidité sont élevés sont considérées comme étant solides et capables de résister au risque de crédit, au risque de liquidité et au risque opérationnel.

C’est également vrai pour les banques mauriciennes, où les ratios de liquidité et de capital sont bien supérieurs aux exigences minimales réglementaires, ce qui contribue à la résilience du secteur. Ceci est d’ailleurs reconnu comme un atout majeur du secteur bancaire par des agences de notation comme Moody’s.

Rétrospectivement, la pandémie a vraiment été le test décisif de la résilience des banques en période de crise. Les solides réserves de liquidités et de capitaux constituées par les banques nous ont permis de traverser la crise avec succès. Cela signifie que nous avons été en mesure de remplir nos obligations vis-àvis de nos déposants.

Cependant, la Covid-19 n’a pas été de tout repos pour les banques. Elle a eu un impact sur le bilan des banques et en termes d’investissements différés, ce qui s’est traduit par des opportunités auxquelles les banques ont renoncé pour protéger leur capital. Les banques ont dû faire des provisionnements élevés pour les pertes de crédit. Il y a eu également une baisse des volumes d’affaires car la demande de financement et d’activités bancaires transactionnelles avait diminué. Ajouté à cela, il y a eu le coût des mesures de soutien et le coût de la mise en œuvre de mesures visant à préserver le bien-être de nos collègues et de nos clients.

Il convient également de mentionner les mesures de soutien mises en œuvre par les autorités mauriciennes en faveur des entreprises, des PME et des ménages, ce qui a indirectement aidé les banques à éviter de subir des pertes de crédit en raison de la détresse financière de leurs clients.

Le Top 100 Companies sera publié sous peu. Selon les chiffres compilés, la performance des banques à Maurice en termes de rentabilité se situe autour de Rs 25 milliards. Qu’est-ce qui explique cette robustesse du secteur bancaire ?

Le secteur bancaire grandit de plus en plus grâce au segment offshore. Il est robuste en termes de capital et de liquidité. Je pense que le secteur de l’offshore nous aide massivement même si depuis le changement au traité indo-mauricien, nous avons moins de business avec l’Inde du fait qu’il y a plus de concurrence sur ce marché. Mais il y a toujours des opportunités de faire encore plus dans l’offshore. C’est un secteur qui s’est beaucoup professionnalisé en termes de talents, de produits et de systèmes. Aujourd’hui, l’on se retrouve avec des opportunités dans la région.

De nature, le secteur bancaire est réfractaire aux risques. Que répondez-vous à ceux qui disent que les banques ont été beaucoup trop prudentes pendant la crise et n’ont pas suffisamment soutenu les entreprises ?

Ces critiques ne sont pas nouvelles. Les banques ont pour activité de prêter de l’argent et plus nous prêtons, plus nous en tirons des revenus. Il est donc contre-intuitif de dire que nous ne voulons pas prêter de l’argent aux clients.

Cependant, nous avons le devoir de protéger la confiance que nos déposants ont placée en nous. Après tout, c’est leur argent que nous prêtons. À cet égard, il faut savoir que les banques ont, au fil des ans, mis en place des pratiques de gestion de risques solides pour une prise de risques éclairée, afin de se protéger contre les événements de crédit défavorables et les pertes potentielles. La qualité des actifs est également un facteur clé qui détermine la notation de crédit par des institutions telles que Moody’s et Fitch, ce qui a un impact sur le coût des fonds des banques. Il est donc essentiel que les banques appliquent des processus d’approbation de crédit solides afin de minimiser le risque de défaillance et donc de préserver la qualité des actifs.

C’est là une force du secteur bancaire mauricien qui a contribué à la résilience affichée au plus fort de la pandémie. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas soutenu nos clients – particuliers et entreprises – dans leurs efforts pour faire face à la pandémie.

Nous avons fait beaucoup plus que ce qui était prescrit par la Banque de Maurice, malgré les risques supplémentaires supportés par la banque. Nous avons offert des moratoires sur les prêts hypothécaires et autres prêts à des centaines de nos clients. Nous avons également restructuré leurs prêts de manière à réduire les paiements mensuels. De même, nous avons offert des facilités de transition à des entreprises et des sociétés clientes confrontées à des retards dans leur demande de soutien auprès des autorités. Nous n’avons pas hésité à soutenir nos clients et, ce faisant, avons contribué à protéger des emplois et à éviter une contraction plus grave de l’économie.

Comment les banques accompagnent-elles la reprise de l’économie ?

Dans cette ère post-Covid, les banques jouent un rôle de catalyseur dans le processus de reprise économique. Chez Absa, nous avons fourni du crédit aux entreprises pour accroître leur résilience financière pendant la pandémie, malgré le risque plus élevé que cela représente. Malgré des conditions de marché difficiles, les banques ont fourni des devises à leurs clients. Le secteur a aussi été à l’avant-garde de la numérisation à Maurice, surtout pendant la pandémie. Les innovations mises en avant contribuent incontestablement à relancer l’économie.

Les banques ont également un rôle clé à jouer dans le développement du centre financier international de Maurice. Les normes de gouvernance élevées appliquées par les banques donnent aux investisseurs la confiance dont ils ont besoin pour faire des affaires avec les différentes parties prenantes du centre financier international de Maurice.

Outre la manière dont les banques soutiennent les autres opérateurs économiques dans le processus de relance, nous devons examiner la contribution directe du secteur bancaire à la relance économique. Effectivement, le secteur bancaire représente environ 6,5 % à 7 % du PIB. Il emploie environ 7 500 personnes et est considéré par beaucoup comme un secteur attractif pour faire carrière et pour l’ascension sociale. Au-delà de leur rôle de fournisseur de services financiers, les banques jouent également un rôle essentiel du point de vue du bien-être, par le biais de leurs activités de CSR et d’autres investissements communautaires.

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