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Cliniques privées : vers l’exportation du savoir-faire mauricien

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Cliniques privées : vers l’exportation du  savoir-faire mauricien | business-magazine.mu

La médecine privée, à travers ses centres de santé, commence à exporter ses services en Afrique et dans la région, gage de l’évolution et de la qualité des soins qui y sont prodigués. Mais est-ce pour autant que nous pouvons prétendre devenir un Medical hub pour la région ? Le gouvernement, en tout cas, y croit fermement.

Le pôle santédu groupe Ciel a enregistré une forte croissance dans ses activités, l’année dernière. En partenariat avec le groupe Fortis International, Ciel Healthcare est désormais un opérateur de services médicaux sur le continent africain.

Au cours de l’année précédente, Ciel Healthcare, à travers sa compagnie de gestion de ses activités africaines, Ciel Healthcare Africa, a réalisé d’importantes acquisitions en Ouganda et au Nigeria, devenant la première entreprise mauricienne à s’installer sur les marchés d’Afrique de l’Est et de l’Ouest dans ce secteur. À ce jour, Ciel Healthcare gère quatre hôpitaux, 30 cliniques, deux compagnies d’assurances médicales et un laboratoire sur le continent.

L’entreprise a récemment répondu aux appels d’offres pour la reprise d’Apollo Bramwell, qu’elle a perdu au profit d’Omega Ark. Avec à ses côtés un partenaire de renom international, Fortis International, Ciel a séduit nombre d’investisseurs internationaux comme l’Agence Française de Développement (AFD) et l’International Financial Corporation (IFC), qui cherchent des partenaires capables non seulement d’investir à leurs côtés, mais aussi de gérer les hôpitaux. C’est là tout la différence entre Ciel Healthcare et ses rivaux, nous a expliqué son Managing Director, Alex Alexander. «Ciel est non seulement investisseur mais aussi gestionnaire», fait-il remarquer.

Alex Alexander explique qu’ayant réussi en 2013, avec le support technique de Fortis, à remettre sur les rails l’hôpital ougandais International Hospital Kampala, qui appartenait au groupe International Medical Group (IMG), les dirigeants du groupe Ciel songent à gérer d’autres hôpitaux. À cet effet, Ciel Healthcare bénéficie du soutien financier de Proparco, qui fait partie de l’AFD et de l’IFC. Ainsi, le duo Ciel Healthcare - Fortis a réussi la transformation de la clinique Darné, à l’origine une entreprise familiale, en un véritable hôpital d’envergure internationale.

Se pencher d’abord sur la formation

Au niveau de la Fortis Clinique Darné, Unnati Negi, qui est responsable de l’établissement, nous annonce que des développements sont attendus. Et de préciser que des travaux sont en cours pour ajouter 100 lits additionnels à la Clinique afin de lui permettre de maintenir son statut de leader sur le marché local. Puisque la Fortis Clinique Darné veut aussi s’imposer comme le leader du marché régional, elle se prépare aussi à franchir un cap psychologique. Auparavant, le traitement des cancers ne pouvait pas se faire à Maurice. Les Mauriciens devaient donc se rendre en Europe ou en Inde pour se faire traiter. Mais si le pays veut absolument devenir un Medical hub, il lui faut pouvoir traiter même les cas les plus compliqués, à commencer par les maladies comme le cancer. La Fortis Clinique Darné prépare de ce fait l’aménagement d’un nouveau bloc dédié à l’oncologie, chargé de l’étude, du diagnostic et du traitement du cancer.

Développer Maurice en une destination pour le tourisme médical est une des priorités des gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ces dernières années. En début d’année, suivant la démission du ministre des Finances, Vishnu
Lutchmeenaraidoo, suite à son conflit avec le ministre de la Bonne gouvernance et des services financiers, Roshi Bhadain, une équipe de BBC Business Africa était dans le pays pour faire le point sur la situation économique. La présentatrice, Lerato Mbele, conclut que l’économie mauricienne stagne et que pour échapper au piège du revenu intermédiaire, Maurice doit se tourner vers le tourisme médical. En visite dans une grande clinique de l’île, elle y rencontre une Seychelloise qui est venue s’y faire soigner.

Toutefois, pour Unnati Negi, il faut faire attention. «Le tourisme médical doit être une priorité pour les pays qui ont beaucoup de ressources. En ce moment, nous pouvons à peine répondre aux besoins de notre population en termes de capacité d’accueil. Nous devrions nous concentrer sur des fondamentaux comme un programme de gestion des maladies chroniques et la greffe d’organes», a-t-elle déclaré à Business Magazine. Pour elle, Maurice a encore un long chemin à faire. Pour arriver à devenir un centre de référence internationale, «il faut tout d’abord que les médecins étrangers puissent opérer les patients locaux et éduquer les médecins mauriciens». Il faut donc mettre l’accent sur la formation.

Internationaliser les services de santé mauriciens

Est-ce que nos centres de formation pour nos médecins et notre personnel soignant sont au niveau international ? Oui et non. Nombreux sont ceux parmi nos médecins qui ont reçu leur formation à l’étranger, en Chine, en Europe de l’Est ainsi qu’en France ou ailleurs. Les écoles publiques mauriciennes, comme le SSR Medical School, se veulent élitistes, ne permettant que les meilleurs candidats dans leur enceinte. Les médecins mauriciens ont le droit de travailler pour le public et le privé, ce qui permet selon certains opérateurs une certaine harmonisation du niveau des services dans nos hôpitaux. Toutefois, si Maurice veut devenir une référence dans la région, il va falloir encourager les plus brillants à conduire des opérations à Madagascar, par exemple, et retourner au pays le lendemain.

La destination mauricienne, en tant que centre médical, ne s’ouvre pas qu’à ceux recherchant l’avis de spécialistes en cardiologie, par exemple. Les dentistes, par exemple, se sont aussi positionnés pour tirer profit de l’internalisation des services de santé mauriciens. Dentcare, par exemple, est l’un des cabinets qui soignent des patients étrangers. Ils reçoivent principalement des patients qui viennent de la région et ce qui les attire, «c’est la très bonne qualité des services et les coûts qui sont moins élevés que ce qu’on leur propose chez eux».

Maurice progresse péniblement. Après la chute du groupe BAI, un de ses meilleurs hôpitaux, Apollo Bramwell a souffert considérablement ayant été repris par Omega Ark récemment. Le gouvernement espère que l’hôpital pourra redevenir ce qu’à l’origine on attendait de lui : devenir le fer de lance de la stratégie du pays pour devenir un centre médical international. Omega Ark réussira-t-il à donner un coup d’accélérateur à l’internalisation de nos services de santé ? Seul l’avenir le dira.