Type to search

Autres Entreprendre

Compagnies de sécurité: le gardiennage s’associe à la technologie

Share
Compagnies de sécurité: le gardiennage s’associe à la technologie | business-magazine.mu

La forme traditionnelle de la sécurité, le gardiennage, demeure irremplaçable à Maurice. Aujourd’hui, nous assistons à une nouvelle forme de la sécurité, issue de l’amalgamation du gardiennage et de la technologie.

À la suite des nombreux cas de vol et de cambriolage enregistrés à travers l’île depuis le début de l’année, les prestations liées aux services de gardiennage demeurent «très fortes». Selon Vilas Soopramanien, CEO de Caudan Security Services, le gardiennage à Maurice mobilise plus de 7 000 personnes. Percy Narainsamy, General Manager de Reliance Security Services, expliquequ’ils’agit plus d’un «besoin» que d’un «engouement». «Avec les récents développements à travers l’île, les sociétés sont de plus en plus nombreuses à vouloir s’offrir un service de sécurité.» En effet, la demande pour le gardiennage reste constante à Maurice, autant des particuliers que des entreprises engagées dans divers secteurs d’activité : la grande distribution, les banques, les hôtels, les institutions gouvernementales, et bien d’autres.

Combien déboursent les particuliers et les sociétés pour un service de gardiennage ? À cette question, Eric Rey, CEO de Brink’s, fait ressortir que le gardiennage représente entre 70 et 80 % des dépenses mensuelles allouées à la sécurité sur un site. Mais les opérateurs font ressortir que le budget pour les prestations de gardiennage varie grandement étant tributaire des besoins propres à chaque client. «Les clients qui font appel à Brink’s pour sécuriser leur site peuvent utiliser de 1 à plus de 100 agents de sécurité. Au-delà de l’effectif nécessaire pour bien couvrir les risques identifiés, le budget varie aussi en fonction des caractéristiques du site à protéger, des spécialisations des agents de sécurité et des équipements électroniques qui sont proposés en vente ou en location», indique Eric Rey. Même son de cloche chez Reliance Security Services,
qui chiffre le budget «entre Rs 50 000 en moyenne pour un petit site et Rs 300 000 par mois pour des sites plus importants.» Vilas Soopramanien avance que la moyenne par agent et par mois est de Rs 25 000.

Depuisces 20 dernières années, le gardiennage a évolué… pour le meilleur et le pire. Eric Rey explique que Brink’s a beaucoup évolué et apporte aujourd’hui aux Mauriciens une sécurité renforcée mais également «donne à notre activité une image plus moderne et plus dynamique.» Percy Narainsamy de Reliance Security Services abonde dans le même sens et ajoute que 20 ans de cela, les particuliers et certaines sociétés employaient leurs propres gardiens. «Au fil des années, les moyens et méthodes de gardiennage ont évolué considérablement. Les clients sont plus exigeants, ce qui incite les sociétés de gardiennage à étoffer leurs offres», dit-il.

Des normes pas respectées

Malheureusement, cette évolution et la demande grandissante pour des prestations de gardiennage ont également causé un grand nombre de problèmes. Par exemple, Brink’s constate que des entreprises, anciennes ou opportunistes, qui arrivent aujourd’hui sur le marché, «continuent à donnerune image archaïque et peu sérieuse de notre activité en ne respectant ni les lois du travail, ni la plus élémentaire déontologie envers leurs employés et leurs clients. Nous souhaitons ardemment faire évoluer notre métier vers plus de professionnalisme et plus d’éthique.»

Les agents de sécurité non enregistrés demeurent aussi un problème. «Certaines sociétés ne respectent pas les règles en vigueur selon la ‘Private Securities Act’ de 2011.Certaines conditions telles que le minimum salarial, les heures de travail, les heuressupplémentaires, entre autres, nesont pas respectées. Nous notons aussi que des personnes retraitées sont payés moins que le minimum requis.» L’informel est une autre source de «concurrence» «mais le client sérieux travaillera toujours avec une agence de sécurité avec des agents formés, qui ont une bonne moralité et un support de supervision adéquat», estime le CEO de Caudan Security Services.

Le ‘premium’ pour contrer le ‘low cost’

Pour d’autres, ils’agit tout simplementd’une concurrence déloyale. Percy Narainsamy note qu’effectivement beaucoup de nouvelles sociétés font une incursion dans ce domaine d’activité : «Toutefois, il ne s’agit pas simplement de disposer d’agents de sécurité en uniforme.» Il soutient que les formations ou encore le support administratif sont des éléments à prendre en considération au moment du choix d’une société de gardiennage. «Comme dans tous les secteurs, nous faisons face à de petites sociétés qui ne respectent pas les normes qui devraient guider les entreprises de gardiennage. Faute de budget, certains clients font appel à ces nouvelles compagnies à bas prix. Nous avons, pour notre part, une structure et des procédures importantes à considérer», laisse entendre le General Manager de Reliance Security. La compagnie a pour vision de redorer le blason de cette profession tout en changeant la perception quel’on se fait de la sécurité. C’estpourquoi la compagnie propose le service Premium. «Comme son nom l’indique, le ‘Premium’ est un service de niveau supérieur. Des agents de sécurité de calibre sont sélectionnés selon des critères spécifiques tels que la maîtrise de la foule. Ce sont des agents autonomes et responsables, qui requièrent peu de supervision.»

Comment faire face à la concurrence tout en répondant aux attentes de plus en plus exigeantes de la clientèle ? De nosjours, les opérateurs proposent des services de gardiennage combinés à la nouvelle technologie. «La clientèle étant de plus en plus exigeante, nous sommes dans l’obligation de miser sur la qualité. D’où l’importance de combiner la technologie au service humain», soutient Percy Narainsamy. Il ajoute que de nosjours, les clients cernent toute l’importance de la technologie et en reconnaissent la fiabilité. Il estime que la technologie est le meilleur moyen de pallier certains problèmes auxquels les opérateurs du gardiennage font face.

C’est également le cas chez Brink’s, qui se montre avant-gardiste avec sa nouvelle offre: le Mix-Security. L’approche de Brink’s est une combinaison innovante et dissuasive de sécurité à la fois humaine et électronique. En effet, le Mix-Security associe gardiennage et systèmes de sécurité électroniques. «Mix-Security consiste à proposer sur un même site un ensemble de services de sécurité homogènes tels que le gardiennage, systèmes de sécurité électroniques, services de patrouilles et télésurveillance déportée. Ce concept nous permet non seulement d’accroître le niveau de sécurité mais également une optimisation des ressources et ainsi, une plus grande maîtrise des coûts pour nos clients», précise Eric Rey. Effectivement, cette offre constitue la meilleure alternative de Brink’s dans le but d’accroître l’efficience du dispositif de sécurité et de réduire les coûts pour ses clients.

Vilas Soopramanien de Caudan Security Services reconnaît que le service de gardiennage traditionnel est appelé « à évoluer avec l’apport des outils électroniques.»

Une main-d’œuvre jeune de plus en plus rare

Maisun des plus gros défis auxquels fait face le gardiennage est le manque de main-d’œuvre. Un point queconfirme Eric Rey : «La difficulté de notre profession estque nous devons pallier une carence de main-d’œuvre récurrente. » Le CEO de Brink’s précise néanmoins qu’il y a des compétences et un potentiel suffisant à Maurice pour alimenter cette industrie. C’est également le cas chez Reliance Security Services. «Le gardiennage rencontre quelques difficultés, dont un manque de ressources humaines qualitatives. » Un point sur lequel le rejoint le CEO de Caudan Security : «La demande excède l’offre. Notre engagement est de fournir des agents qualifiés et certifiés par les autorités.»

En effet, le gardiennage peine à attirer une main-d’œuvre jeune.Comme le précise Percy Narainsamy, «les jeunes sont peu enclins à faire carrière dans le gardiennage de par la difficulté du métier, celle qui consiste à travailler 12 heures par jour soit 72 heures par semaine pour un salaire peu motivant.» Il insiste sur le fait que le problème de rotation du personnel est récurrent dans toutes les sociétés de sécurité. Même son de cloche chez Brink’s qui reconnaît que le manque de main-d’œuvre jeune fait défaut à cette vocation.«Beaucoup considèrent le gardiennage comme étant une profession peu valorisante», souligne Eric Rey.

Du coup, les jeunes se tournent vers le gardiennage pour un emploi temporaire, le temps de trouver un poste dans la fonction publique ou un travail qu’ils estiment plus valorisant. Un avis que partage Percy Narainsamy : «Beaucoup de nos employés travaillent pour quelques mois et nous quittent pour un autre travail au salaire et aux horaires qui correspondent mieux à leurs aspirations.» De plus, le taux d’absentéisme élevé rend la gestion quotidienne du planning difficile.

Afin d’encourager les jeunes à faire carrièredans le gardiennage, Brink’s a créé une Talent Academy, qui a pour objectif la détection, la formation et l’accompagnement de «nos talents à d’autres métiers liés à la sécurité chez Brink’s.» Chez Reliance Security Services, les agents de sécurité bénéficient de perspectives d’évolution intéressantes. «Ils commencent comme agent de sécurité et les plus consciencieux peuvent facilement grimper les échelons pour devenir responsable d’équipe ou encore superviseur», précise Percy Narainsamy. De plus, chez Reliance Security Services, les employés bénéficient de formations régulières à tous les niveaux (agents de sécurité, superviseurs, managers) et pour tous les secteurs. «Chez Reliance Security Services, tout est pensé pour offrir aux employés un environnement propice à la motivation et l’engagement», ajoute notre interlocuteur.

Vilas Soopramanien espère une reconnaissance officielle du métier avec un encadrement plus soutenu ainsi que des salaires concurrentiels à ceux de la force policière. «Mais comment convaincre un client de payer quand il a le choix de l’informel à une fraction du prix ?» dit-il. Entre une réelle paix d’esprit et un service qui ne pèse pas lourd sur le porte-monnaie, souvent le choix est vite fait !

Lire le dossier au complet dans Business Magazine