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Corps parapublics : trouver les clefs de l’efficience

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Sans des corps parapublics adoptant les meilleures pratiques, Maurice pourra difficilement concrétiser son ambition de devenir une économie à revenu élevé à l’horizon 2030. Ces dernières années, avec les moyens de bord, certaines de ces agences d’État sont sorties de l’ombre en offrant un service à valeur ajoutée.

Longtemps englués dans une certaine léthargie, certains corps parapublic sont été critiqués à juste titre pour leur laxisme. Leur inefficience résultait d’une problématique de gouvernance. Pour faire simple, le mal résidait dans le principe de nomination des présidents de conseil d’administration. Pour la plupart, les nominés politiques sont loin d’être compétents. Cette culture de népotisme qui perdure depuis voilà près d’un demi-siècle est souvent au cœur de querelles improductives entre les présidents et les directeurs des corps parapublics.

C’est connu : nombre de Chairmen qui se sentent tout-puissants en raison de leur proximité avec les gouvernants outrepassent leurs prérogatives et s’ingèrent dans l’administration quotidienne qui tombe sous la responsabilité du General Manager. Avec bien souvent pour résultat, des guerres de clans et un laisser-aller à tous les niveaux, notamment dans la production de rapports financiers. Ainsi, dans son dernier rapport publié l’année dernière, le directeur de l’Audit soulignait que 41 de ces agences n’avaient pas audité leurs comptes.

Avancées majeures

Fort heureusement, ces dernières années, il y a eu des avancées positives. D’abord, nous notons la création de l’Office of Public Sector Governance en 2012, qui a pour mandat d’évaluer la performance des corps paraétatiques sur la base d’informations financières et non financières. Autre avancée majeure : la publication du Code de bonne gouvernance qui vient souligner la nécessité pour les corps parapublics d’adopter les meilleures pratiques en matière de gestion, en insistant sur le principe de séparation des pouvoirs. Autrement dit, le Chairman doit savoir où s’arrête son champ d’intervention. En l’occurrence, son rôle est d’appliquer la politique gouvernementale en adoptant des décisions au niveau du conseil d’administration. Toutefois, il ne doit en aucun cas s’immiscer dans l’administration au jour le jour de l’organisation. Chacun son métier, les vaches seront bien gardées, dit l’adage, qui trouve désormais tout son sens.

Cette provision du Code donne désormais les coudées franches au directeur général qui, en tant que technicien, peut se concentrer sur l’aspect gestion, en mettant en place les procédures appropriées et en modernisant les structures de l’organisation.

Au sein des corps parapublics, l’on considère que l’adoption du Code constitue un pas de géant. C’est le cas de Reddi Sitanna, General Manager de l’Employees Welfare Fund (EWF). à la tête de l’organisation depuis 12 ans, il a adopté des systèmes d’avant-garde en matière de management. Ce qui fait qu’aujourd’hui, l’EWF remplit pleinement la mission pour laquelle il est mandaté, soit veiller au bien-être de quelque 450 000 employés qui contribuent à l’EWF par le biais du National Savings Fund, et ce, en mettant à leur disposition et à celle de leurs familles des facilités en termes de prêts, d’assistance financière et de projets de bien-être social.

Ces dix dernières années, précise Reddi Sitanna, l’EWF s’est montré particulièrement proactif en s’engageant à trois reprises dans une stratégie de marque, en projetant toujours l’image d’un organisme dynamique et moderne. «Nous sommes la preuve qu’un organisme parapublic peut aussi bien faire que le secteur privé s’il adopte les bonnes pratiques. Au niveau de l’EWF, nous sommes l’une des rares sociétés parapubliques à avoir commencé la ‘Board Performance Evaluation’ en 2015. Je dois ajouter qu’il est possible d’être efficient peu importe le budget dont on dispose. Il suffit de savoir s’adapter et se réinventer. Il est tout aussi important d’avoir un CEO compétent. Car c’est lui le moteur de la société», observe-t-il.

Le National Productivity and Competitiveness Council (NPCC) est un autre corps parapublic qui se démarque de par son dynamisme. Fidèle à sa mission qui est d’encourager une culture d’efficience et de productivité dans les entreprises, notamment à travers la formation de leurs collaborateurs, le NPCC donne les moyens à son staff composé d’une trentaine d’employés, de s’aguerrir en leur faisant bénéficier de stages à l’étranger, que ce soit en Asie ou en Europe. «Nous voulons créer des leaders à tous les niveaux, et cela commence par notre staff», souligne Sanjiv Mulloo, Chairman du NPCC.

Pour mieux promouvoir la notion de productivité à l’échelle nationale, le NPCC s’associera à différents partenaires, que ce soit des entreprises ou acteurs de la société civile, afin de toucher un maximum d’individus. Et Sanjiv Mulloo de souligner : «La productivité est la clef du développement. Si nous ne nous améliorons pas, rien ne se passera. Nous ne pourrons concrétiser la Vision 2030 sans la productivité».

La Small and Medium Enterprises Development Authority (SMEDA), organisme de soutien aux PME, est également entrée dans un cycle vertueux depuis qu’un nouveau conseil d’administration a été constitué. Celui-ci tombe sous la présidence de Parama Valaydon, qui est épaulé par des professionnels de haut calibre, à l’instar de Sridar Nagarajen, CEO de MauBank, de Ken Poonoosamy, Managing Director du Board of Investment, ou encore de Raju Jaddoo, secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie. «Si certains corps parapublics ne sont pas à la hauteur, c’est à cause des nominés politiques qui ne sont pas toujours les meilleurs aux postes qu’ils occupent. S’agissant de la SMEDA, je félicite le ministre Sunil Bholah qui a fait preuve de discernement en constituant un conseil d’administration de haut niveau. Avec cette nouvelle équipe, nous avons pu restructurer la SMEDA afin de mieux répondre aux besoins des entrepreneurs. Désormais, nous demandons à nos ‘Business Development Officers’ de ne pas agir comme des bureaucrates et de rendre visite aux entrepreneurs», soutient Parama Valaydon.

La voie dans laquelles’engagent plusieurs corps parapublics est salutaire. Pour émerger comme une économie forte, il faut instaurer une nouvelle culture d’efficience. Dans les années ’70, Singapour, qu’on veut émuler, a réussi son pari en s’appuyant en grande partie sur un secteur public productif et efficace. À nous maintenant d’être à la hauteur.