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Cuisines: un investissement qui fait recette

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Cuisines: un investissement qui fait recette | business-magazine.mu

Alors que le secteur de la menuiserie mauricienne s’étiole avec la concurrence inégale des meubles importés de Chine et de Malaisie, les spécialistes des cuisines européennes jouent leur va-tout en tablant, sur des biens design, modernes, ergonomiques et modulables.

Même en temps de disette, le marché des cuisinistes connaît des ébullitions. Depuis environ quatre années, de nouveaux opérateurs comme Mobalpa Ile Maurice, Pedini Mauritius, Unique Concept Ltd ont intégré ce marché décrit comme dynamique, mais plombé par la récession économique qu’ont amené les crises mondiales successives.

Cette conjoncture économique difficile et la concurrence qui se précise sur ce marché ne les empêchent pas de s’affairer dans leur cuisine. Pour augmenter leur chiffre d’affaires sur ce marché, les cuisinistes interrogés tablent à la fois sur la clientèle individuelle et la clientèle commerciale (notamment le secteur immobilier), à presque 50/50. Meubles design, esthétiques, ergonomiques, modulables au nombre presque infini de finitions de façades… Tous les ingrédients sont réunis pour des cuisines réussies et assurer les recettes.

Chaque année, ce sont entre 200 et 300 cuisines qui sont vendues sur le marché local, estime Rodolphe Grimal, Project Manager d’Unique Concept Ltd, compagnie représentant les cuisines allemandes Nolte Küchen. Comptabilisant à la fois les ventes des spécialistes de cuisines, aussi appelés cuisinistes, et celles des fournisseurs généralistes de cuisines, ce nombre inclurait, évalue-t-il, entre 100 et 150 cuisines importées.

Si, comme nous le rappelle Sandrine David Fanchette, directrice de Mobalpa Ile Maurice, marque française de meubles de cuisine, de salle de bains et de rangement, aucune statistique n’est disponible pour chiffrer le poids financier de ce segment du secteur de l’ameublement, la demande pour les cuisines est bien là, souligne Michelle Bax Bathfield, la directrice d’Inside Living, représentant les cuisines italiennes Arrital.

Et le nombre de fournisseurs se partageant le marché des cuisines (comprenant l’offre d’ensembles de mobilier de cuisine et celle de cuisines intégrées – qui comprennent le mobilier et les plans de travail pour la cuisine, ainsi que l’électroménager qui y trouve place : four, hotte et plaques de cuisson) ne cesse d’augmenter.

«En ce qui nous concerne, Mobalpa Ile Maurice est ouvert depuis plus de quatre ans, et nous notons pour l’instant une augmentation constante de notre chiffre d’affaires. Il m’est difficile d’extrapoler la situation de nos concurrents dans l’île sur la même période, la concurrence étant de plus en plus nombreuse et variée. Nous sommes encore loin du taux d’équipement existant en Europe. Il y aura, par contre, sûrement un changement structurel par rapport aux opérateurs sur le marché», observe Sandrine David Fanchette.

L’île Maurice étant petite, Michelle Bax Bathfield d’Inside Living, représentant des cuisines italiennes Arrital, fait remarquer que pour émerger dans ce métier, il faut avoir bonne réputation. Le «bouche à oreille» fait venir des clients et des présentations en 3D les retiennent. «La conjoncture est difficile pour les menuisiers ou certains opérateurs qui ne disposent pas de l’appui d’une marque fiable derrière eux ou qui n’ont pas assez investi dans de beaux showrooms, des concepteurs professionnels et des équipes techniques suffisantes. Les clients sont de plus en plus intéressés par l’aménagement de leur cuisine et recherchent des produits aussi performants et design qu’en Europe. Il n’y a plus de place pour les amateurs sur le marché», lâche la directrice de Mobalpa Ile Maurice.

D’ailleurs, Yousouf Dilmohammed, le directeur de D.I.Y Furniture, a rencontré le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, dans le cadre des consultations budgétaires pour évoquer l’étau dans lequel év-olue le marché de la menuiserie locale. En tant que représentant de la menuiserie, il avait formulé la requête qu’un fonds soit créé pour pourvoir les entrepreneurs locaux en formation dans l’optimisation de leurs activités de marketing et de production. Dans le même ordre d’idées, le fondateur et responsable du ‘Furniture Cluster’ de Bois-Marchand avait émis la requête pour que le taux d’intérêt sur l’emprunt soit revu à 3 % tout en se disant en faveur d’une augmentation de la taxe sur l’importation afin de pouvoir rivaliser avec les importateurs de meubles de Malaisie et de Chine, qui plombent leur chiffre d’affaires d’environ 20 - 25 % ces trois dernières années.

Ciblant les classes moyenne et aisée avec leurs cuisines importées d’Europe, les cuisinistes comme Armand Legrand, directeur de Pedini Mauritius, représentant les cuisines italiennes Pedini, surfent sur la notoriété et le pays d’origine de leurs produits pour attirer la clientèle. Engagé sur le marché des cuisines depuis deux ans, il a commencé par travailler avec une clientèle commerciale, notamment sur des villas avec des promoteurs immobiliers, avant d’orienter ses services également vers la clientèle individuelle. «Le marché des particuliers aussi marche bien. Il y a de plus en plus de demandes pour les cuisines.»

Cuisine grasse et cuisine vitrine

Est-ce le résultat de la profusion d’émissions de cuisine et de décoration d’intérieur diffusées sur les chaînes satellitaires ? En tout cas, la cuisine s’impose comme une pièce à vivre par excellence, nous indique le directeur de Pedini Mauritius. «Les particuliers, pendant l’étape de construction de leur maison, viennent nous voir avec leur plan d’architecture pour s’informer sur nos offres. Le constat lors de l’échange est qu’ils privilégient l’ameublement de deux types de cuisine : une cuisine grasse, pour toutes les activités intenses liées à la préparation du repas, et une cuisine ‘art de vivre’». En somme, une cuisine vitrine pour le show, une cuisine de luxe, comme le décrit Rodolphe Grimal, pour la tenue d’activités de cuisine moins soutenues, donc peu salissantes.

Design, modernes, esthétiques, modulables, ergonomiques… les fabricants de cuisines importées, notamment les marques européennes fortes et très répandues, ne jurent que par ces qualificatifs pour leurs produits. Et pour s’acquérir l’une de ces cuisines, il faut débourser au moins Rs 150 000 (pour le mobilier seulement et dépendant de la superficie à aménager). «Une cuisine complète avec ses plans de travail surmontés d’une surface quartz et ses appareils électroménagers est à partir de Rs 150 000. Son prix dépendra des finitions et de la superficie de la cuisine. Nous avons déjà conçu des cuisines à plus Rs 1 million, mais c’est rare. La norme, c’est environ Rs 500 000 pour le complet», fait remarquer la directrice d’Inside Living.

L’offre de cuisines clés en main, de plus en plus recherchée par la clientèle selon le dire d’Armand Legrand, le directeur de Pedini Mauritius, est un investissement indéniable auquel un budget doit être alloué lors de l’aménagement ou de la rénovation d’une maison.

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