Équipements et dispositifs médicaux : une nouvelle embellie à l’horizon

Le marché domestique des équipements et dispositifs médicaux est un secteur d’activité balbutiant mais résolument porteur pour l’économie mauricienne. Les récentes mesures budgétaires annoncées vont à coup sûr booster les activités des importateurs. Les enjeux pour les exportateurs de ces produits sont d’une autre nature.

De grands chantiers sont prévus dans le secteur des soins de santé mauricien pour 2016-2017, si l’on en croit le budget national présenté en juillet 2016 par le ministre des Finances, Pravind Jugnauth. Une enveloppe de Rs 10,9 milliards a été budgétée pour la présente année financière au ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie pour entamer et réaliser un ensemble de projets. Des mesures annoncées qui en visent à donner un coup de pouce au secteur des soins de santé, au marché du tourisme médical, tout en encourageant l’exportation des activités de soins de santé. Dans l’expectative de leur concrétisation, les acteurs engagés localement dans la production et la fourniture de dispositifs et équipements médicaux recherchent également du gouvernement mauricien et de la Board of Investment (BoI) des actions plus dynamiques pour se rapprocher de la vision d’un Medical hub mauricien.

L’exemption de droits de douane sur les matières premières utilisées dans la fabrication de dispositifs médicaux, la création de nouvelles unités pour les soins de dialyse au coût de Rs 25 millions, la construction d’un nouvel hôpital ENT à Vacoas, des travaux majeurs de rénovation et de modernisation du SSR National Hospital, ou encore l’acquisition d’équipements médicaux de pointe d’une valeur de Rs 250 millions… Un résumé des actions promises par le gouvernement, le 29 juillet dernier, afin d’insuffler un nouveau dynamisme au secteur des soins de santé, au marché du tourisme médical et à l’exportation des activités de soins de santé.

Effectives ou à mettre sur pied durant la période 2016-2017, ces mesures donneront un boost au marché des équipements et dispositifs médicaux, espère Dharmen Betchoo, Senior Manager - Medical Equipment Division de HealthActiv, compagnie du groupe IBL. Surtout après le ralentissement dans le taux d’investissements dans ce secteur d’activité ces deux dernières années, note-t-il.

Rs 250 millions allouées à l’achat d’équipements

Les chiffres de Statistics Mauritius le confirment : le niveau d’investissements dans le secteur des soins de santé est demeuré stagnant en 2014 et 2015, aussi bien du côté du secteur privé que du secteur En 2014 et 2015, le taux d’investissements représentait 0,1 % du PIB en provenance de fonds privés tandis qu’il avoisinait 0,3 % du PIB des fonds publics. En 2015, le montant des investissements dans le secteur des soins de santé à Maurice avait atteint les Rs 1,7 milliard. Le gouvernement y avait participé à hauteur de 64,8 %, contre 35,2 % pour le secteur privé.

Comme l’explique le Senior Manager - Medical Equipment Division de HealthActiv, l’enveloppe de Rs 10,9 milliards appelée à être décaissée pour le ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie pour 2016-2017 financera en priorité et essentiellement les dépenses courantes, les projets infrastructurels, ainsi que les staff costs. «Néanmoins, les Rs 250 millions alloués à l’achat d’équipements médicaux ne peuvent que relancer le secteur, qui a connu un creux en termes d’investissements durant l’année 2015. Nous espérons que le secteur privé suivra le pas et que le secteur des soins de santé retrouvera un certain dynamisme durant l’année 2016-2017. D’ailleurs, un regain d’activité dans le secteur de soins se fait déjà sentir depuis quelques mois, ce qui est une bonne chose pour le pays», dit-il.

Pour NatecMedical, sous-traitant et exportateur de matériel médical, les grandes annonces budgétaires pour la relance du secteur des soins de santé mauricien n’impacteront d’aucune manière, jusqu’à preuve du contraire, ses opérations, soutient Miroslav Secerov, son VP Sales & Marketing : «Nous n’avons pas attendu ce plan de relance pour multiplier presque par trois notre activité sur les trois dernières années, multiplier par deux notre effectif, créer deux nouvelles sociétés directement impliquées dans le secteur des dispositifs médicaux et nous ouvrir davantage – d’un point de vue commercial – sur les États-Unis.»

Service après-vente irréprochable

Contribuant selon les projections à hauteur de 4,4 % du PIB cette année, le secteur des soins de santé regroupe plusieurs filières d’activités à haute valeur ajoutée.

Avec des segments tels que la médecine high-tech, le tourisme médical, le marché des applications biotechnologiques…, le BoI a grand espoir que cette industrie naissante attirera des investissements substantiels, verra s’implanter localement des producteurs de renommée internationale et créera davantage d’emplois dans les années à venir.

Contrairement au marché des soins de santé, qui connaît une croissance cyclique en fonction du plafond d’investissements dans ce secteur d’activité, la croissance est constante sur le marché de la fourniture de dispositifs médicaux, fait ressortir Dharmen Betchoo. «Le marché de l’approvisionnement en équipements et dispositifs médicaux est un segment qui connaît une croissance constante – bien que modérée – d’année en année, avec une demande croissante pour des soins de santé tant dans le secteur public que dans le privé», souligne-t-il.

L’un des enjeux dans ce modèle d’affaires du marché des dispositifs et équipements médicaux demeure l’approvisionnement en produits d’une haute technicité au prix le plus compétitif possible, commente notre interlocuteur : «Parmi les grands enjeux du marché des équipements médicaux, il y a celui de pouvoir fournir des produits de haute technicité au prix le plus compétitif possible, tout en intégrant des normes strictes en matière de sécurité patient, le tout appuyé par un service après-vente de qualité irréprochable afin d’assurer un ‘uptime’ maximal de ces équipements pour les prestataires des services de santé. Ce qui n’est guère facile et donc, cette compétition féroce entre les fabricants résulte assez souvent en un certain nombre de ‘mergers et acquisitions’ qui ne sont pas sans conséquence pour les opérateurs dans ce domaine.»

Pour Natec Medical, l’enjeu est de demeurer en tant que fabricant et exporteur de dispositifs médicaux suffisamment compétitif pour demeurer le sous-traitant local privilégié des producteurs internationaux.

«Pour aider efficacement les industriels du secteur des dispositifs médicaux, il faudrait imposer à notre partenaire commercial indien la réciprocité des barrières douanières à l’importation. Aujourd’hui, le dispositif médical (nomenclature internationale HS Code 9018) est imposé à plus de 20 pour cent lorsqu’il est importé en Inde, alors que les taxes douanières pour ce même HS Code est de 0 %. Il s’agit d’une injustice flagrante qui pénalise tout un secteur d’activité qui pourrait se développer encore plus si le BOI parvenait à l’imposer lors des négociations actuelles avec l’Inde. Nos produits sont donc présentement plus chers de 20 % par rapport aux produits indiens», indique Miroslav Secerov.