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Immobilier : un secteur confiant

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Immobilier : un secteur confiant | business-magazine.mu

Rs 5 milliards. C’est ce qu’a généré, au cours du premier semestre 2016, le secteur immobilier. Ce chiffre, rendu public il y a quelques jours par la Banque de Maurice, témoigne du dynamisme de cette industrie qui ne cesse de voir arriver de nouveaux opérateurs, déterminés à se faire une place au soleil.

Ces dernières années, l’on a vu de grands noms de l’immobilier international poser leurs valises à Maurice. Bénéficiant désormais d’une visibilité accrue, les propriétés locales séduisent de plus en plus d’investisseurs désireux de disposer d’un pied à terre sous les tropiques. Et pour les aider dans leur recherche, nombreux sont les agents immobiliers à jouer des coudes pour tirer leur épingle du jeu.

Pour une réglementation plus stricte

Il faut savoir qu’à Maurice, la profession n’est pas encadrée. N’importe qui peut donc se lancer dans l’aventure. Mais devant le nombre d’opérateurs qui débarquent sur le marché chaque année, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la création d’un cadre légal et pencheraient d’ailleurs pour l’introduction d’une Real Estate Agency Act. «Il s’agit d’un secteur qui brasse non seulement beaucoup d’argent, mais qui interagit quotidiennement avec des investisseurs locaux et étrangers. Il faut donc un cadre légal strict pour assurer la crédibilité du secteur», lâchent, unanimes, ceux interrogés. Si le personnel des grandes agences bénéficie d’une formation, force est de constater que la grande majorité des agents apprennent sur le tas.

S’ils réclament une meilleure réglementation de leur activité, les agents immobiliers exigent également que la législation qui régit l’industrie soit moins changeante. Pour Outi de Falbaire, directrice associée chez BARNES, les incertitudes encore trop nombreuses contribuent à refroidir les investisseurs potentiels. «Prenons par exemple les changement survenus au niveau de la législation entourant les rez-de-chaussée plus deux étages. Ces atermoiements créent chez eux une certaine confusion car ils ne savent plus ce qu’ils ont le droit d’acheter ni ce qu’ils ont le droit de faire de leur propriété», fait ressortir l’agent immobilier, dont la clientèle est majoritairement composée de Français. Et d’ajouter : «L’acheteur étranger est aujourd’hui beaucoup plus prudent et se donne davantage de temps avant de prendre une décision. Il souhaite être bien informé sur le projet qu’on lui présente, mais également sur le sérieux du promoteur. L’investisseur n’est pas pressé d’acheter car il sait pertinemment qu’il a le choix».

Une bonne année 2016

Force est de constater que son choix porte le plus souvent sur l’une des luxueuses propriétés mises en vente sur le marché mauricien. Mais pas seulement, car les biens à destination de la classe moyenne trouvent aussi preneur. Une tendance que confirme Edouard Hart de Keating, Managing Director de Square Meters Ltd : «Le résidentiel local se porte bien. Nous avons vu un regain d’intérêt des promoteurs pour la classe moyenne et donc une proposition accrue pour ce marché. Nous ne sommes plus cependant dans un marché euphorique où tout et n’importe quoi se vend. Nous avons noté de la part des acheteurs des exigences plus pointues au niveau de la qualité des biens proposés et leur attention exacerbée sur le sérieux et la fiabilité des promoteurs».

Alors que la demande pour les biens résidentiels se maintient, celle à destination des terrains agricoles a, quant à elle, accusé une baisse. Une situation que les professionnels du secteur attribuent à des conditions plus strictes imposées par les autorités quant à l’utilisation de ce type de terrain. S’ils disent comprendre cette décision, qui s’inscrit dans le cadre de la sécurité alimentaire, les promoteurs immobiliers estiment toutefois que l’État devrait «faire un effort». «Les autorités, lors de leur ‘zoning exercise’ doivent davantage identifier des espaces agricoles qui, dans le contexte de 2016 et plus loin, n’auront plus de réel intérêt agricole sur le plan économique. Il faudrait, dans ce cas, donner la possibilité aux propriétaires, qui sont souvent de petits et moyens planteurs ayant acheté et cultivé ces champs pendant des décennies, d’avoir d’autres ouvertures de développement», professe Édouard Hart de Keating.

Face à l’intérêt grandissant des investisseurs pour les biens locaux, nombreux sont les agents et promoteurs immobiliers à réclamer une simplification accrue des procédures administratives, notamment en ce qui concerne les différents permis. «Les autorités devraient faire en sorte que ces permis soient délivrés dans des délais qui tiennent compte de la réalité économique et des contraintes qui pèsent sur les promoteurs et le constructeurs, qui mobilisent sur chaque projet des capitaux importants», fait ressortir Edouard Hart de Keating.

Si le marché immobilier se porte comme un charme, il reste néanmoins très fragile. D’où la nécessité pour tous les acteurs du secteur de continuer de proposer des biens de qualité ainsi qu’un accompagnement professionnel. «L’acquisition de biens immobiliers par des étrangers nous a permis d’ouvrir le pays afin d’attirer de l’investissement. Si demain nous ne pouvions plus vendre d’immobilier aux étrangers, notre île serait bien moins attractive. Fermer les frontières aux investisseurs et aux étrangers en général ne peut qu’aller à l’encontre des ambitions de développement accéléré que recherche le pays. Ce n’est qu’à travers l’accueil d’investissement, de savoir-faire, de technologies et de travailleurs étrangers que nous arriverons à faire progresser notre économie en développant le marché intérieur et les entreprises afin de créer plus d’emploi pour les Mauriciens et de PIB pour le pays», rappelle Karen Angus, Group Marketing & Sales Director d’Evaco. Et d’ajouter : «Dans les années à venir, nous verrons se dessiner une montée en gamme de plus en plus importante des biens immobiliers mauriciens et des services associés. Notre clientèle étant de plus en plus exigeante».