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Infotech : la transformation digitale au cœur des débats

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Infotech : la transformation digitale au cœur des débats | business-magazine.mu

Infotech, le grand salon annuel de l’informatique, est de retour. Selon les opérateurs de ce secteur, un des thèmes majeurs de cette 23e édition aurait dû être la transformation digitale de Maurice. Cela, à travers les applications mobiles.

Infotech rempile pour une 23eédition. En effet, du 1er au 4 décembre, le Swami Vivekananda International Convention Centre (SVICC) de Pailles accueillera le salon annuel de l’informatique. Infotech est avant tout le grand rendez-vous de tous les amoureux des nouveautés technologiques et des entreprises évoluant dans le domaine de l’informatique. Organisé par la National Computer Board, le salon Infotechdoit son succès à sa capacité de s’imposer comme l’unique salon d’exposition où les dernières innovations technologiques sont mises en avant. Un point que rejoint Dev Sunnasy, président de la MITIA (Mauritius IT Industry Association). Il décrit le salon Infotech comme un événement incontournable.

Effectivement, un des objectifs du salon Infotech est de sensibiliser la population mauricienne sur les technologies émergentes, ou encore de fournir des informations sur les développements et les réalisations dans le secteur de l’informatique. «Infotech permet de toucher une population de jeunes, qui ne jurent que par la technologie. Ce jeune public découvre les dernières trouvailles en matière technologique, dont les tablettes, le phénomène de la réalité virtuelle et autres outils technologiques».

De ce fait, c’est aussi l’occasion rêvée pour les fabricants des grandes marques de smartphones, de phablettes et de tablettes de dévoiler leurs nouveautés pendant ce salon. Il s’agit d’une stratégie de marketing. Ainsi, Apple, Oracle, HP et bien d’autres ont dévoilé des nouveautés lors des précédentes éditions d’Infotech.

100 000 visiteurs attendus

Mais un des aspects forts de cette 23eéditions’articulera autour de son ‘career fair’. Après le secteur manufacturier, les Tic s’imposent comme un des plus grands recruteurs de Maurice. Il faut le dire, ce secteur propose diverses professions, dont la plus basique est le téléconseiller dans les centres de contact. Et le Graphic designer reste le métier le plus connu dans ce secteur. Mais avec l’avènement du BPO, nous assistons depuis ces deux dernières années à une nouvelle génération d’emplois. Conséquence : certains jobs basiques dans les centres d’appels, par exemple, sont appelés à disparaître et seront remplacés par des métiers plus poussés comme le management accounting, le coding, le développement analogique ou encore la communication interpersonnelle. Ainsi, Infotech est la plateforme idéale pour les entreprises évoluant dans ce secteur car il leur offre l’opportunité de présenter aux intéressés leurs besoins en main-d’œuvre mais aussi de recruter sur place. L’espace recrutement sera occupé par les entreprises et organismes suivants : Artemus Consultants, CCA International, MCCI et Pro Contact.

100 000 visiteurs seront attendus par le National Computer Board pendant les quatre jours du Salon. Des visiteurs qui ne seront certainement pas indifférents à l’Innovation Space qui y sera aménagé. Mais pour cette nouvelle édition d’Infotech, cet espace accueillera deux grandes nouveautés : la filière nanotechnologie sera présentée aux Mauriciens tandis qu’à un autre stand, l’accent sera mis sur les dernières solutions innovantes du GPS.

Le phénomène start-up

Comme chaque année, un des thèmes majeurs d’Infotech sera sans doute l’Internet of Things. Selon les derniers chiffres au niveau mondial, qui datent de 2013, près de 27 milliards de personnes utilisent Internet et, dans quelques années, elles pourront communiquer par le biais de l’IOT (Internet of Things). En d’autres mots, les objets communiqueront entre eux. Toujours selon un sondage mondial, ce seront 30 milliards d’objets qui communiqueront.

Cependant, pour les opérateurs de ce secteur, l’accent aurait également pu être mis sur le phénomène des start-up et applications mobiles. C’est le cas de Johann Seewoosurrun, un des partenaires d’Agileum, firme spécialisée dans le Cloud et la mobilité. «Nous pensons que les sujets suivants devraient être développés à Infotech cette année : l’ensemble des étapes clés pour bâtir et développer sa start-up à Maurice et la transformation digitale de l’île», soutient-il.

Effectivement, depuis le début de cette année, plusieurs entreprises du secteur privé sont venues de l’avant avec des incubateurs pour intéresser et guider les Mauriciens qui s’y engagent. Citons, entre autres, un des incubateurs les plus populaires à Maurice, La Turbine d’ENL. La Turbine est un projet de start-up dont le but est de bâtir des programmes et des réseaux. Dans un entretien avec Business Magazine, Elizabeth Ellis, Manager de La Turbine, évoquait le rôle de cet incubateur qui part à la rencontre des entrepreneurs, assiste aux activités qu’ils organisent et crée des opportunités d’échanges. Elizabeth Ellis explique également la vision de ce projet créé par ENL, celle de rassembler tous les acteurs qui peuventapporterune aide quelconque aux entrepreneurs. «Par le biais de nos programmes et de nos services, nous espérons les aider à grandir, évoluer et réussir», argue-t-elle.

Mettre en valeur les applications mobiles

Dev Sunnasy, président de la MITIA, voit dans le salon Infotech la plateforme idéale pour mettre en avant les applications mobiles et ceux qui les développent.

«Ce salon compteattirer100 000 personnes. C’est donc la plateforme idéale pour mettre en avant les applications mobiles mauriciennes et leurs créateurs», souligne-t-il.

Du côté d’Agileum, Johann Seewoosurrun estime que les applications mobiles sont une sous-partie d’un sujet majeur à traiter à Maurice et dans la région de l’océan Indien : la transformation digitale. «C’est donc définitivement un thème qui devra être abordé au salon Infotech cette année. En partant de cette large thématique, la création d’applications mobiles s’intègre naturellement dans les discussions – applications mobiles entreprises B to B, consommateurs B to C, applications innovantes», fait-ilressortir.

Dev Sunnasy porte le débat plus loin. Il soutient qu’il y a du potentiel mais le manque de compétences fait défaut. Et c’est le même son de cloche du côté d’Agileum : «À Agileum, nous avons l’opportunité de recruter des ressources principalement à Maurice mais aussi à travers la région océan Indien et Afrique (Botswana, Madagascar). Les compétences de nos collaborateurs locaux et internationaux sont complémentaires dans le cadre du développement d’applications mobiles.» Malheureusement, Johann Seewoosurrun note qu’aujourd’hui il n’y a pas de ressources suffisantes disponibles sur le marché et le turnover dans les entreprises informatiques reste assez élevé.

Manque d’intérêt des mauriciens

Par ailleurs, une raison pourrait expliquer l’absence de la thématique des applications mobiles du salon Infotech : elles ne sont suffisamment populaires auprès des Mauriciens. Les intervenants abondent tous dans le même sens et soulignent que les applications telles que Facebook, Viber ou encore WhatsApps ont très prisés par les Mauriciens et cela, au détriment des applications mobiles Made in Mauritius. «WhatsApp, Facebook, entre autres, sous formes d’applications mobiles remportent un franc succès auprès des Mauriciens. Cependant, nous constatons qu’il y a un vrai manque d’intérêt pour les applications mobiles développées par les Mauriciens.» Du côté d’Agileum, on partage également l’avis que bien que l’adoption du smartphone soit très élevée à Maurice, la majorité des utilisateurs ont recours à Facebook et WhatsApp pour communiquer et partager des moments de leur vie en ligne. Pour Johann Seewoosurrun, il ne s’agit pas d’un manque d’intérêt. «La bonne affirmation serait de dire que la population locale n’a pas encore découvert voire évalué les bénéfices directs liés à l’utilisation d’applications mobiles qui ont pour objectif de faciliter les tâches et activités de leur vie quotidienne.»

Plus encore, les entreprises mauriciennes sont peu nombreuses à adopter les applications mobiles. Pour le président de la MITIA, ce qui découragerait les entreprises à favoriser l’utilisation d’applications mobiles, c’est l’impression qu’il s’agit d’un investissement qui ne rapporte rien à l’entreprise. «Leur conception requiert un certain investissement mais aussi de l’énergie, et le retour sur l’investissement est difficile à chiffrer», dit-il.

Selon Agileum, les entreprises mauriciennes se satisfont encore de l’omniprésence du papier dans leur structure organisationnelle et la volonté de transformer leur façon de travailler reste encore au stade expérimental. Ce qui pousse Johann Seewoosurrun à inviter les entreprises mauriciennes à prendre exemple sur leurs pairs européens et américains, qui ont entamé leur transformation digitale il y a plus de dix ans maintenant. «Une fois que vous avez mis un pied dans la transformation digitale, le coût associé au développement et le déploiement d’applications mobiles devient abordable», observe-t-il.

Johann Seewoosurrun va droit au but : pour que les applications mobiles mauriciennes soient plus populaires à Maurice, il est impératif de cibler les services essentiels, qui font partie de la vie quotidienne des Mauriciens. Et Dev Sunnasy de renchérir que l’État doit apporter son soutien aux start-up, et donc aux développeurs d’applications mobiles : «L’État français soutient les start-up. Autre exemple : Yahoo était une start-up mais grâce au soutien du gouvernement américain, elle a décroché de nombreux contrats et est aujourd’hui devenue une grande entreprise.»

Smart island : l’objectif loin d’être atteint

Johann Seewoosurrun avance que si le gouvernement mauricien s’était lancé dans la transformation digitale des services essentiels de la population, CWA, CEB, Mauritius Post, Mauritius Police, tel qu’il l’a annoncé lors de la prise de pouvoir, la population mauricienne pourrait déjà utiliser le téléphone mobile pour payer les factures en ligne, suivre les consommations quotidiennes (day-to-day) en ligne ou encore remplir des formulaires en ligne au lieu d’attendre une demi-journée pour récupérer le formulaire et le soumettre. «Malheureusement, la fondation de ces projets n’a pas encore été entamée et la révolution des processus (administratifs, entre autres) prendra encore du temps», fait-ilressortir.

Et donc, Maurice est loin de son objectif de s’imposer comme une Smart Island. Johann Seewoosurrun insiste sur le fait que la bonne approche pour l’île Maurice est de s’engager davantage dans la transformation digitale. «Les applications mobiles sont une sous-partie de la transformation digitale mais elles permettent d’accélérer cette transformation ; nous devons donc les prendre en considération.»

Maurice est-il donc en retard dans ce domaine face aux pays africains ? Dev Sunnasy répond qu’effectivement Maurice est en retard dans le domaine des applications mobiles et loin derrière le Kenya ou encore la Tanzanie. Johann Seewoosurrun est également de cet avis, ajoutant que Maurice renvoie l’image d’une société avancée en termes de technologies mais en réalité, «nous sommes toujours une économie largement basée sur le papier même si des efforts sont constatés.»

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