Luxor Tannery – La quintessence du cuir fabriqué à Maurice

Avec un investissement de départ de Rs 96 500, Luxor Tannery a été fondée en 1957 par Shaheed Beekun, le grand-père de l’actuel directeur. Ce boucher novateur a l’idée de recycler les peaux de bétail habituellement mises au rebut. C’est ainsi qu’il se rend en Égypte en vue de se spécialiser dans des activités de tannage, une opération qui consiste à transformer la peau crue et putrescible d’animaux en cuir en se servant de formules chimiques. Et cette expertise a été transmise de génération en génération. Jabeer Beekun, le père de l’actuel directeur, est parti en Hollande pour se perfectionner tandis qu’Ali Beekun a choisi la Chine pour étendre ses connaissances dans le tannage.

C’est en 1992 qu’Ali Beekhun a pris les rênes de l’entreprise. Celle-ci opérait alors à l’aide de six machines et en 2019, l’entreprise en utilise 23. Avec un investissement de Rs 4 millions dans les machines à ce jour, l’entreprise compte en importer encore dans un proche avenir. Le Managing Director explique que l’emplacement de la petite entreprise à Roche Bois n’est pas un hasard, le climat étant sec, ce qui est plus indiqué pour le tannage. Néanmoins, dès qu’il recevra de nouvelles machines, il compte bouger dans des locaux plus accessibles de la clientèle. Le plan de production est bien défini pour les quinze employés au sein de la compagnie qui brassait un chiffre d’affaires de Rs 9,5 millions pour sa dernière année financière. D’abord, la peau est achetée de la Mauritius Meat Authority (MMA), pour être ensuite tannée. Le processus est complété à l’étape de la finition quand sont définies l’épaisseur et la couleur suivant la demande du client. Néanmoins, Ali Beekun déplore un manque de main-d’œuvre car, selon lui, les jeunes ne sont plus intéressés par le tannage. Du coup, il envisage de recruter trois ou quatre Bangladais vu leurs connaissances et leur expérience dans le tannage.

Être la seule tannerie de Maurice est une aventure pour cette petite entreprise qui a connu bien des hauts et des bas. À un moment donné, puisque la MMA exportait toutes les peaux de bétail, Luxor Tannery devait en acheter auprès des bouchers locaux, lesquelles sont plus difficiles à tanner. Ali Beekun ajoute qu’avec l’aide des autorités, il a pu obtenir de nouveau de la peau de la MMA. «Notre principale concurrence vient des importateurs de cuir qui bénéficient d’une exemption de la taxe sur ces produits. Et qui dit cuir importé ne veut pas forcément dire de la haute qualité», déplore Ali Beekun, qui souhaite que le gouvernement prenne des actions afin de mieux protéger l’industrie locale. Plutôt spécialisée dans le tannage de la peau de bœuf, la famille Beekun compte utiliser celle des cabris afin d’étendre la gamme de produits proposés. À noter que les produits sont vendus à partir de Rs 100 par m2 et qu’environ 120 000 m2 de cuir sont vendus aux magasins et producteurs chaque année. De plus, l’entreprise met l’accent sur une production respectueuse de l’environnement. Misant sur l’objectif de devenir une des principales tanneries dans l’océan Indien, Luxor Tannery est déterminée à créer un écosystème viable pour la relance d’une filière cuir localement comme à l’exportation. Ambitionnant de créer plus d’emplois pour les jeunes, la PME envisage d’exporter ses produits vers les pays tels que l’Afrique du Sud et l’Éthiopie.