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Marché pétrolier : relever les défis du «hub»

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Marché pétrolier : relever les défis du «hub» | business-magazine.mu

Faire de l’île un Petroleum Hub. Ce slogan, répété à l’envi par les politiques – au grand dam des écologistes – semble peu à peu se concrétiser. Il faut savoir que quelque 1 200 000 mètres cubes de produits pétroliers sont commercialisés sur le marché mauricien chaque année.

Estimé à Rs 33 milliards, le poids du marché pétrolier est encore appelé à augmenter dans les années à venir au regard des nombreux projets annoncés tant par le gouvernement que par les entreprises privées. L’annonce de ces projets intervient alors que le cours du pétrole a accusé une importante baisse ces deux dernières années, atteignant son prix le plus bas en début d’année.

Cependant, souligne-t-on du côté de la Mauritius Commercial Bank (MCB), au cours des dernières semaines, les indices Brent et West Texas Intermediate (WTI) ont pratiquement doublé quand on les compare aux valeurs qu’ils s’affichaient en janvier 2016, lorsqu’ils avaient atteint leur point le plus bas depuis 2003. «Le cours a rebondi à la suite d’une discussion de l’OPEP au cours de laquelle les pays membres avaient évoqué un gel temporaire de la production – gel qui ne s’est finalement pas matérialisé – et la tendance à la hausse s’est amplifiée à la suite des incendies des sables bitumineux au Canada ainsi que les diverses interruptions dans l’approvisionnement au Nigeria, Venezuela et en Libye», fait part Zaahir Sulliman, Senior Relationship Manager, Energy&Commodities au Corporate&InstitutionalBanking de l’institution bancaire.

Si ce dernier dit prévoir un certain équilibre du marché durant le troisième trimestre de 2016, celle-ci devrait être relatif. Cette tendance, analyse-t-il, s’explique par un affaiblissement de la demande : «On estimait à uniquement 75 000 barils par jour (b/j) la croissance de cette demande de gasoil en avril dernier, ce qui représente 410 000 b/j en dessous des prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE)». L’objectif affiché du gouvernement de faire de l’île un «petroleum hub» a été favorablement accueilli par un secteur en constante croissance. Depuis 2006, Total a ainsi multiplié les projets d’infrastructures pour faire de l’île Maurice un point de ravitaillement stratégique des navires sur la route maritime reliant l’Asie à l’Afrique de l’Ouest, l’Amérique et l’Europe.

Parmi ces projets, l’on retrouve la réhabilitation de structures de 15 000 tonnes de stockage, l’arrivée de la barge MT Minorque en 2010 pour pouvoir ravitailler directement les navires en mer dans les eaux portuaires, les travaux sur les connexions par conduite entre le dépôt Total et les quais du port au cours de 2010-2014, la mise à niveau des bacs pour le MFO380, l’arrivée d’un barge CONGO d’une capacité de stockage de 4 000 tonnes en octobre 2015 et la redéfinition d’un plan d’urgence maritime. «Notre objectif est d’accompagner les autorités et de collaborer à la vision 2030 définie par le gouvernement en contribuant activement au développement du marché du bunkering en nous adaptant au fur et à mesure pour toujours répondre au mieux à la demande», fait-on ressortir du côté de la direction de Total.

Développer la capacité de stockage

Du côté de Vivo EnergyMauritius, l’on mise également sur ce secteur porteur. L’entreprise a ainsi entrepris d’accroître sa capacité de stockage pour le bunkering en reconstruisant un bac de  8 000 mètres cubes d’huile lourde 380 cSt à son dépôt situé à Port-Louis. Ce projet, laisse entendre la direction de la compagnie pétrolière, sera complété à la fin du mois d’octobre. Dans le même temps, la construction du dépôt de 25 000 tonnes métriques par la Mer Rouge Oil Storage Terminal Company Ltd (MOST), projet dans lequel Vivo Energy Mauritius contribue à hauteur de 25 %, est en bonne voie. Ce terminal, qui sera opérationnel en octobre 2017, est appelé à répondre à la demande du pays pour les cinq prochaines années. Cette nouvelle infrastructure devrait permettre à l’entreprise de poursuivre sa croissance et de devenir dans les années à venir un acteur incontournable
du secteur.

«Avec les 111 belles années de Shell à Maurice, c’est définitivement une marque historique que nous sommes déterminés à préserver et projeter dans l’avenir. Notre ambition pour le réseau Shell est de rester le leader au niveau local et qu’il réponde aux standards internationaux de qualité les plus exigeants», souligne Kiran Juwaheer, Managing Director, Vivo EnergyMauritius. «L’ambition de faire de Maurice un petroleum hub est en phase avec un trafic maritime international dopé par la croissance de la demande intérieure de la Chine et de l’Inde et du commerce Sud-Sud. Cette augmentation se répercute dans les eaux de Port-Louis qui accueillent environ 3 300 navires pour y transborder près de 316 000 mètres cubes d’hydrocarbures de soute par an», précise-t-il.

Du côté de la MCB, l’on souligne que pour matérialiser le petroleum hub souhaité par le gouvernement, il sera nécessaire d’investir massivement dans des infrastructures adéquates, à savoir des cuves de stockage, des ‘bunker barges’ ainsi que des zones de mouillage destinées aux bunkers. «Le point commun retrouvé chez tous les trading hubs mondiaux les plus performants est incontestablement leur capacité de stockage, avec comme principaux acteurs Singapour, disposant d’une capacité de 15 millions de mètres cubes et Fujairah, avec 9 millions de mètres cubes à disposition. La compétitivité de Maurice passera donc par des investissements considérables, qu’il sera important de bien appréhender», fait remarquer Zaahir Sulliman.

Réduire l’impact environnemental

Conscientes de leur empreinte carbone conséquente, les entreprises pétrolières, à l’instar de Total, s’attellent à réduire leur impact environnemental. «Le développement durable fait toujours partie de nos préoccupations. Des actions ont été entreprises par Total Mauritius pour améliorer notre efficacité énergétique dans nos locaux et au niveau de nos installations», fait-on comprendre chez Total. Dans cette optique, cette compagnie pétrolière a doté deux de ses stations-service de panneaux photovoltaïques ainsi que d’une borne de recharge fonctionnant à l’énergie solaire pour les voitures électriques à deux stations-service de son réseau. Au niveau international, Total s’est engagé dans le développement de l’énergie solaire. Le Groupe est actionnaire majoritaire (à hauteur de 66 %) de SunPower, l’un des principaux acteurs mondiaux du photovoltaïque, depuis juin 2011.

Au-delà des infrastructures, les opérateurs tentent aujourd’hui de développer et de commercialiser des produits plus respectueux de l’environnement. C’est en tout cas ce qu’ils affirment. Du côté d’Engen, l’on souligne ainsi que les mesures de sécurité prises par l’entreprise visent à éviter tout risque de pollution. Ces mesures comprennent des stations-service pourvues de cuves double-enveloppe, de pistes étanches et d’ampoules LED munies de capteurs, entre autres. Soucieuse de réduire son empreinte carbone, Engen envisage, par ailleurs, de faire installer des panneaux photovoltaïques sur certains de ses sites d’exploitation. «L’eau provenant du Car Wash est acheminée dans un séparateur d’hydrocarbures avant d’être déversée. Nous faisons analyser l’eau annuellement par une société accréditée», indique Jean François Monet, Marketing Manager à Engen.

À la MCB, si l’on souligne que les responsabilités environnementales reposent sur l’emprunteur, l’institution bancaire a mis en place, en 2012, un cadre Environnemental et Social – l’Environnemental and Social Risk Management (“ESRM”) Policy – qui répond aux normes internationales. La banque a adopté, la même année, les «Equator Principles», qui ont pour objectif de promouvoir des mesures environnementales, sociales durables et le respect des droits de l’homme dans le cadre des financements de projets. Résultat : la MCB ne finance que des projets où les emprunteurs peuvent démontrer une capacité et une volonté de se conformer à ces règles.

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