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Maurice, centre médical régional en devenir

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Maurice

Avec l’embourgeoisement de la société mauricienne ces trente dernières années, il y a eu une demande accrue pour des soins de santé sophistiqués. Ce qui a poussé les cliniques à rehausser la qualité de leurs prestations en investissant dans de meilleures infrastructures et des équipements de pointe.

Le passage de Maurice du statut de pays à faible revenu à celui à revenu intermédiaire a favorisé l’émergence de la classe moyenne, mais aussi d’une catégorie de nouveaux riches avec des besoins plus pointus en matière de soins médicaux. Pour répondre aux besoins de ces Mauriciens qui pouvaient mieux se soigner et se tournaient le plus souvent vers l’étranger pour des soins de santé plus élaborés, les cliniques privées n’ont cessé d’investir non seulement pour être en mesure d’assurer un service aux normes internationales, mais aussi pour attirer ceux qui prennent l’avion pour des soins sophistiqués. D’où les travaux d’agrandissement et les rénovations qui ont concerné, entre autres, la clinique Darné et la clinique du Bon Pasteur. Dans le cas de la clinique Apollo Bramwell, avec le prestige qui est attaché à ce nom, on a voulu installer Maurice sur la carte régionale comme la référence en soins médicaux privés.

Avec l’ambition affichée du pays de devenir un pays à revenu élevé, et de devenir un centre financier pour le continent africain, les Mauriciens sont appelés à voir leur niveau de vie s’améliorer. Dans le même temps, le pays attirera de plus en plus en plus de visiteurs qui sont en voyages d’affaires ou viennent pour leurs vacances. Les opportunités qui se présentent aux hommes d’affaires avec la diversification de l’économie et l’ouverture du pays aux investisseurs étrangers dans le secteur des services constituent le climat idéal pour jeter les bases en vue de faire de Maurice un centre médical par excellence. D’où l’intérêt de grands noms de la médecine à s’installer dans l’île.

Les représentants des cliniques que nous avons rencontrés disent accueillir un nombre grandissant de personnes venant de la région de l’océan Indien, particulièrement des Comores et de Madagascar, pour des soins dans leurs établissements mais aussi des Occidentaux, qui sont attirés par les prix, la présence de médecins hautement qualifiés et la technologie ultra-moderne qui est utilisée.

Unnati Negi, Chief Operations Officer de la clinique Fortis Darné, indique que pendant l’année financière 2014-2015, il n’y a pas eu de baisse dans la fréquentation des patients, qu’ils soient Mauriciens ou étrangers. Et de faire ressortir que malgré la crise économique qui perdure, les services médicaux privés ont toujours été sollicités ces dernières années. Même l’impact de la chute du groupe BAI sur l’image de marque du pays n’a pas entamé la réputation de Maurice s’agissant de la qualité des soins de santé, particulièrement dans les cliniques privées.

Le Dr Patrick Chui Wan Cheong, de la City Clinic, va plus loin. Pour lui, malgré les investissements conséquents et réguliers de l’État dans les services médicaux destinés au public, ces dix dernières années, il n’a pas non plus remarqué de baisse dans la demande pour des soins dans le privé. Il explique cet intérêt constant par le fait que les cliniques ont toujours répondu convenablement aux attentes des patients pour un service de qualité. Mais c’est aussi le fait, poursuit-il, des délais très courts pour les rendez-vous outre un service personnalisé avec des rapports médicaux qui peuvent être produits dans l’immédiat.

Si les Mauriciens arrivent à financer leurs soins dans les cliniques privées, c’est aussi particulièrement grâce aux assurances médicales. Le Dr Chui Wan Cheong souligne ainsi que la plupart de ses patients ont des assurances médicales. Thomas Mathew, le nouveau COO d’Apollo Bramwell, qui s’attelle en ce moment à refaire l’image de l’hôpital, abonde dans le même sens. «Bien que les services médicaux privés soient considérés comme relativement cher, ils sont ouverts à tous les Mauriciens», soutient-il. Car comme dans d’autres pays tels que l’Inde, où il a travaillé, ce sont les assurances qui leur en donnent l’accès.

L’impact du tourisme médical

Un concept mis en avant l’année dernière, l’idée de doter l’île de la capacité de devenir un centre de renom international dans le domaine de la médecine spécialisée en vue d’attirer des visiteurs cherchant à se soigner dans un lieu propice au repos, le tourisme médical fait son chemin. Mais de l’avis des professionnels qui sont dans le domaine, trop peu est fait pour que Maurice se positionne comme destination de choix.

Pour le Dr Siddick Maudarbocus, des Mariannes Wellness Sanctuary, il nous faut une politique intégrée et que toutes nos institutions, publiques et privées, travaillent conjointement vers le même dessein. Il propose à cet égard l’émission d’un visa spécial pour ceux qui viennent se faire soigner à Maurice, comme pour les étudiants étrangers qui ont un droit de séjour étendu. Il suggère aussi que les autorités revoient le nombre de permis octroyés aux cliniques privées. Il suggère que les professionnels de la chirurgie ascétique et des traitements pour la perte de poids – les services les plus demandés dans le domaine du tourisme médical mondial – obtiennent du Board of Investment un permis spécial, tout comme c’est le cas pour toute nouvelle clinique souhaitant offrir des soins médicaux, chirurgicaux ou psychiatriques.

Pour le Dr Chui Wan Cheong, pour envisager rivaliser avec la Thaïlande, la Malaisie, l’Inde ou encore Dubaï, Maurice doit disposer de médecins de renom international. Selon Unnati Negi, les professionnels qui contribueront à bâtir la réputation pourront venir de la diaspora mauricienne qui compte d’excellents médecins. Il manque à Maurice les infrastructures appropriées, à l’exemple de l’hôpital de Bumrangrad de la Thaïlande et de la MediCity de Dubaï, pour que Maurice puisse aspirer à devenir un centre médical international.

À en croire nos interlocuteurs, Maurice n’est qu’à une dizaine d’années de réaliser ses ambitions dans le secteur médical, soit être en mesure d’offrir des soins complets à l’océan Indien et à l’Afrique de l’Est. À l’heure qu’il est, seules les maladies rares de type neurologique et cancérigènes ne sont pas traitées localement. Quelques signaux montrent que le pays est sur la bonne voie, dont la tenue de discussions régulières entre les cliniques les plus réputées de l’île et les autorités sur des projets d’intérêts communs, ce qui laisse croire à une plus étroite collaboration entre les secteurs privé et