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Pelagic Process : L’expertise étrangère à la barre d’un plan de relance

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Pelagic Process : L’expertise étrangère à la barre d’un plan de relance | business-magazine.mu

La compagnie spécialisée dans la pêche au thon, essentiellement tournée vers l’exportation, ambitionne de renouer avec la profitabilité d’ici à fin 2016 grâce à l’arrivée, à sa tête, d’un Sud-Africain à l’expérience avérée et à la mise en place d’un plan stratégique.

Pelagic Process commence ses activités en novembre 2001 avec deux navires de 14 mètres et d’une capacité de 5 tonnes :Gladius I et II. Opérant dans un premier temps sur le segment de marché des hôtels de l’île, elle opte pour la pêche pélagique au moyen
de palangres dérivantes. Entre 2001 et 2007, l’entreprise prend du galon et se tourne vers l’exportation avec l’acquisition de quatre bateaux additionnels de 24 mètres et d’une capacité de 10 tonnes chacun : l’Etretat, le Vimaya, le Marie Charlotte et l’Ouvéa.

Toutefois, durant les cinq dernières années, Pelagic Process n’a pas enregistré de profit. Selon Laurent Bourgault, directeur de projet d’United Investments Ltd (UIL) – actionnaire à 50 % de Pelagic Process –, sicette situation est imputable au manque de productivité, il convient d’en déterminer les causes. «Depuis 2010, nous avons eu du mal à trouver l’expertise appropriée localement pour la gestion de la compagnie et plusieurs directeurs se sont succédé», explique-t-il. Pelagic Process avait commencé à embaucher de la main-d’œuvre étrangère mais sans succès. Puis, en février de cette année, l’entreprise a accueilli un nouveau directeur en la personne du Sud-Africain Kevin Pedersen, qui cumule plus de 40 années d’expérience dans l’industrie de la pêche.

Dans son rapport annuel de 2014, UIL met en avant un volume insuffisant traité en usine et évoque la recherche d’un partenaire stratégique pour redresser la situation financière de l’entreprise. Dans cette optique, des accords seron tconclus fin 2014 avec des collaborateurs d’Afrique du Sud pour que Pelagic Process commercialise la pêche du bateau Ido, originaire de cemême pays. En outre, Kevin Pedersen reprend la barre de la compagnie mauricienne il y a quelques mois et fait sans attendre un état des lieux. «Seulement trois de nos six bateaux sortaient pêcher et aucun n’était pleinement opérationnel quand je suis arrivé. Ma priorité est donc de les remettre en état et de les équiper de manière appropriée», fait ressortir le nouveau directeur.

Un plan stratégique est, par ailleurs, élaboré en vue de définir la ligne directrice à suivre et dans la foulée, Kevin Pedersen recrute deux experts : le Canadien Patrick Garison, qui compte 30 ans d’expérience dans le secteur, et le Sud-Africain Dion Viljoen, responsable des opérations au sol et de la maintenance des bateaux. Ce dernier a plus de 35 ans d’expérience à son actif. Il aura à charge, par exemple, d’assurer le reconditionnement du Marie Charlotte d’ici à la fin de l’année.

Le nouveau directeur entend toutefois privilégier une main-d’œuvre locale qui sera formée par son équipe d’experts. «Sur la totalité des employés de Pelagic Process, nous sommes à deux Sud-Africains, un Canadien et trois Malgaches. Tout le reste de l’effectif est mauricien», précise Kevin Pedersen.

Les infrastructures terrestres de Pelagic Process occupent une superficie d’environ 1000 m2 au Quai C, à Port-Louis. L’entreprise sort du lot avec un quai d’une trentaine de mètres, faisant face à son usine de traitement. Pelagic Process dispose, en effet, d’un bâtiment qui centralise la chaîne de production et le stockage des produits finis au rez-de-chaussée, alors que les matières premières pour l’emballage notamment sont entreposées sur tout un étage. L’usine a nécessité un investissement de Rs 50 millions, et répond à des standards de production internationaux. En attestent des certificats de qualité.

Pour garantir la fraîcheur des produits destinés à l’exportation, la chaîne du froid est strictement respectée. «Les poissons pêchés sont conservés dans des cales pleines de glaçons. Arrivées à quai, les prises sont transférées directement à l’usine à température contrôlée», explique Nelvana Ramalingum, responsable du contrôle de qualité de Pelagic Process. Le poisson est pesé, à l’unité ou en lot selon qu’il est pélagique ou de fond respectivement, avant d’être trié et entreposé dans une chambre réfrigérée entre 0°C et 3°C. Il est ensuite écaillé et vidé, puis l’on enlève les filets et l’étête. «Les déchets sont dirigés vers une chambre séparée et acheminés vers la station de transfert de Roche-Bois. Les têtes sont nettoyées pour être emballées sous vide etre vendues sur différents marchés», poursuit Nelvana Ramalingum.

80 % de la production exportée

Selon la demande, le poisson peut passer par un tunnel de congélation à -35°C, ou continuer son chemin vers la section d’emballage sous vide où il sera conditionné et étiqueté. En bout de chaîne, se trouvent une autre chambre réfrigérée pour le poisson frais ainsi qu’une chambre froide à -18°C pour le poisson congelé. «Qu’il soit entier, en filet ou en longe, le poisson est conditionné dans des boîtes tapissées de polystyrène et recouvert de glace en paillettes ou entouré de blocs réfrigérants pour le voyage. Les produits sont finalement chargés dans un camion réfrigéré pour être acheminés jusqu’à l’aéroport et les hôtels, entre autres destinations», indique Nelvana Ramalingum.

Outre une usine, Pelagic Process compte également, un atelier pour les réparations de bateaux, deux conteneurs de 20 mètres destinés au stockage des appâts et deux machines à glaçons d’une capacité de 30 tonnes. L’effectif est, lui, au nombre de 47, pour ce qui est des employés permanents, dont 21 membres d’équipage. S’y ajoutent en moyenne une trentaine de membres d’équipage au besoin.

Selon Laurent Bourgault, bien que l’entreprise peine à renouer avec la profitabilité depuis 2010, leur modèle de gestion reste centré sur l’exportation avec une forte valeur ajoutée. «Les exportations constituent 80 % de notre activité et nous souhaitons exporter un volume de 800 tonnes par an à terme», souligne le directeur de projet. Les marchés d’exportation de Pelagic Process sont l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon, les États-Uniset Hong Kong. La compagnie aspire, en sus, à un positionnement sur le marché australien, comptetenu de la «forte demande pour les poissons pélagiques locaux» qui le caractérise, remarque Kevin Pedersen. Soucieuse de correspondre aux standards stricts imposés par ces marchés internationaux, l’entreprise ne transige pas sur la qualité du poisson qu’elle leur destine. «Nous prélevons des échantillons aléatoires sur chaque pêche et les acheminons vers le laboratoire local Quantilab pour les tests requis. Chaque spécimen est évalué et l’on y détermine le taux de mercure, par exemple», observe Laurent Bourgault.

De son côté, UIL a investi à ce jour Rs 10 millions dans des équipements modernes, incluant des radars, pour identifier les zones de pêche. Reliés à des satellites, ils analysent la température des courants marins. Avec le concours de détecteurs de poissons («fish finders»), ils devraient permettre un meilleur rendement.

Pelagic Process se donne donc les moyens d’atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé ; celui d’être de nouveau profitable d’ici à fin 2016. Dans cette même perspective, l’entreprise voudrait consolider sa présence sur le marché local. Des discussions en cesenssont en cours avec un important groupe de distribution alimentaire.

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