Pest Control : les opérateurs illégaux nuisibles au marché

Le secteur du ‘pest control’ garde la tête hors de l’eau et enregistre même une légère progression, en dépit de diverses contraintes auxquelles il fait face, à l’instar d’opérateurs illégaux qui nuisent à la bonne marche des affaires. Un problème qui parasite les activités saines des acteurs réglementés.

Les compagnies dans le secteur du contrôle des nuisibles sont unanimes à déplorer l’attitude des autorités face à la prolifération d’opérateurs illégaux. Ces derniers, de par leurs activités illicites, sans connaissance réelle des besoins sur le marché et offrant leurs services avec des équipements non conformes, ne projettent pas une bonne image de ce secteur spécialisé et nuisent aux saines opérations des acteurs réglementés. Le nombre de ces agents sans permis grossit chaque année et ils sont plusieurs à s’y lancer sans structures appropriées, mettant en danger une clientèle souvent inconsciente des conséquences auxquelles elle est exposée.

La demande venant des entreprises et des particuliers se maintient au fil des mois, avec des pics en été. Toutefois, sa fragilité vient des activités, dont le volume ne cesse de grossir, de cette concurrence déloyale qui dénature le secteur. Celle-ci arrive à se tirer d’affaire malgré l’expertise des opérateurs référencés, qui sont présents depuis plusieurs années et cultivent d’ailleurs une politique de protection de l’environnement et de responsabilité dans tous ses aspects.

«La présence de ces structures illégales est extrêmement dangereuse pour la santé publique ! Nous sommes malheureusement en présence de personnes et même d’entités qui n’ont aucune formation ni technique dans ce métier et qui proposent des services aux résultats douteux. La manipulation de produits chimiques est quelque chose qu’il ne faut pas prendre à la légère. C’est dangereux pour l’utilisateur, pour son client et pour l’environnement», avertit Sébastien Hardy, Managing Director de Hardy Henry. Un problème épineux qui, insistent les opérateurs, jette du discrédit et ternit l’image de ce secteur.

«Il est important de sensibiliser le public au mal à long terme de travailler avec des braconniers qui n’ont aucune éthique quant aux dosages et fréquences à être respectés qui peuvent nuire à la santé des gens», soutient Rushila Seebaluck, Manager d’Alpha Pest Management. Une opinion que partage Harold Leve Hang, directeur de No Limit Export Ltd, qui compte une vingtaine d’années d’expérience dans ce milieu. «Des statistiques officielles à travers le monde démontrent combien ces produits peuvent causer des dommages, même le cancer dans certains cas. D’où la nécessité d’être très prudent et d’appliquer les dosages recommandés. L’âpreté du gain fait que trop souvent certaines personnes sans scrupules abusent des insecticides». Et les autorités ne font rien, déplorent-ils.

L’absence d’une législation plombe ce secteur à petit feu, constatent les prestataires, et en dépit de nombreuses demandes et plaintes depuis des années, rien n’est fait. «En dehors des secteurs de l’hôtellerie et de la production alimentaire, qui sont tenus de respecter les normes HACCP, il n’y a malheureusement pas de cadre régulateur à Maurice. Ce manque représente un réel danger pour le public qui a tendance à oublier que le contrôle des nuisibles n’existe pas uniquement pour procurer un certain confort, mais parce qu’il s’agit avant tout de la santé publique. Les moustiques ne sont pas éliminés parce qu’il est embêtant de se faire piquer mais parce qu’ils sont porteurs du chikungunya, de malaria, de dengue et récemment de zuka. Les mouches ne sont pas éliminées parce qu’elles sont gênantes mais parce qu’elles peuvent provoquer une épidémie de gastro-entérite et plus d’une dizaine d’autres maladies», fait ressortir Sébastien Hardy de Hardy Henry.

Compenser le ralentissement dans la construction

L’agacement est le même du côté de No Limit Export : «Si l’on établit un système efficace et ‘full proof’, les contrevenants ne pourront pas opérer ou seront démasqués plus facilement. Quand il y a opacité, un excès de paperasserie et une lenteur déraisonnable, on peut être tenté de vouloir contourner les règlements ou de passer par la voie la plus rapide, mais pas toujours transparente. Ce qui explique peut-être en partie le nombre de constructions sauvages qui existent, dont celles qui sortent de terre sans un traitement approprié contre les termites.»

La morosité dans le secteur de la construction perturbe également ce marché. Le ralentissement noté entraîne avec lui une baisse dans le traitement du sous-sol contre les termites. «On dit que quand la construction va, tout va. D’aucuns pensent que c’est un des signes de développement quand on construit ; que ce soit les infrastructures, des routes mais également des immeubles et des maisons. Si l’on tient compte de cela comme indice, disons que tout ce qui en dépend souffre économiquement quand la construction est en baisse», note Harold Leve Hang. Un point partagé par Sébastien Hardy : «Une maison ou un bâtiment en construction a déjà besoin de nos services pour un traitement contre les termites. Ainsi, chaque nouvelle maison construite représente un client potentiel».

Certaines entreprises ont opté pour un champ d’action plus large en se diversifiant afin de contrer l’état d’attentisme dans la construction, à l’instar d’Alpha Pest Management : «Nous nous sommes diversifiés dans des secteurs autres que le traitement anti-termite pré-construction pour pallier le manque à gagner dans ce secteur». Chez Hardy Henry, l’innovation reste le mot d’ordre :«L’un des derniers-nés de nos laboratoires de recherche, le Heat Pod, est un système d’élimination des punaises de lits 100 % écologique qui fonctionne uniquement avec de la chaleur contrôlée par ordinateur», décrit Sébastien Hardy.

L’inspection, les tests, les recommandations sans oublier la sensibilisation se sont ainsi ajoutés graduellement aux services de plusieurs pionniers dans ce milieu. «Nous misons sur la formation de nos équipes de techniciens et superviseurs pour offrir un service de qualité. Nos clients sont nos meilleurs vendeurs en termes de recommandations pour des nouveaux clients», souligne-t-on à Alpha Pest Management.

Prise de conscience de la population

Forte heureusement, la prise de conscience des Mauriciens a joué un grand rôle, ces dernières années. Beaucoup ont compris la nécessité de faire appel à un service de contrôle des nuisibles. Ils comprennent que les divers produits qu’on retrouve un peu partout dans l’île sont souvent loin d’être efficaces sur le long terme.

«À mesure que les années passent, on note que les particuliers comme les compagnies se rendent compte de la nécessité de maintenir une atmosphère saine et sécurisante. Ils font ainsi appel à nos services et conseils», remarque Harold Leve Hang. Sa société, No Limit Export Ltd, propose des produits non seulement pour les résidences mais également pour les grands immeubles, les bureaux, les places publiques… En outre, elle propose aussi des produits pour le jardin ; ils éliminent les poux, les acariens et les guêpes.

Par ailleurs, les acteurs sont plusieurs à se rejoindre sur le fait qu’il faut souvent faire plusieurs traitements d’insecticides, comme pour la punaise, et les rats pour être sûr de les éliminer complètement et surtout empêcher une nouvelle prolifération. «Ces créatures prolifèrent rapidement si nous ne prenons pas de mesures de prévention. Très vite, un petit problème au départ peut prendre une ampleur incontrôlable qui peut être dommageable non seulement pour notre santé individuelle, celle des employés, pour l’environnement mais aussi pour la profitabilité et l’économie du pays en général», observe Harold Leve Hang.