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Plomberie et robinetterie: des signes de reprise donnent un nouveau souffle au secteur

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Plomberie et robinetterie: des signes de reprise donnent un nouveau souffle au secteur | business-magazine.mu

Le domaine de la plomberie, de la robinetterie et des sanitaires est intimement lié au secteur de la construction, qui fait grise mine depuis quelques années maintenant. Le secteur, figé par l’immobilisme des projets immobiliers, connaît cependant un léger regain de dynamisme depuis la fin de l’année dernière.

Les gros projets immobiliers se font de plus en plus rares. «Nous avons noté une inversion des tendances au niveau de notre clientèle : avant nous comptions 70 % de projets immobiliers et 30 % de particuliers, alors que maintenant c’est carrément le contraire», constate Stéphanie Lenoir, directrice marketing de Fralain Ltée. Même constat chez Manser Saxon: «Notre marché s’articulait essentiellement autour des hôtels, des centres commerciauxet des projets immobiliers. Maintenant, ils constituent moins de 10% de notre clientèle», confirmeNishamKhoody, Operations Manager au Plumbing Department de Manser Saxon Contracting.

Depuisdeuxans, les projets sont en panne et l’impact s’en ressent sur le chiffred’affaires qui évolue au ralenti. «Notre chiffre d’affaires a avoisiné les Rs 150 millions sur les trois dernières années, n’occasionnant pas de profits significatifs», ajoute Nisham Khoody. Cette stagnation serait principalement due à un durcissement des lois et donc à l’hésitation des investisseurs étrangers au niveau des projets IRS et RES. «Nos chiffres ne sont pas révélateurs car biaisés par l’inversion des tendances et les projets qui s’étendent sur de longues périodes», nous assure Stéphanie Lenoir.

Ce phénomène a obligé les sociétés à se réajuster par rapport au marché ciblé. «Participant régulièrement au Salon de la Maison, nous nous focalisons davantage sur les particuliers. Nous avons, en mai 2014, lancé un partenariat avec Mr. Bricolage», nous annonce Stéphanie Lenoir. Au niveau de Manser Saxon, c’est toute l’approche clientèle qui a changé : «Ces dernières années, nous avons dû accepter tous les petits projets des particuliers en revoyant nos marges à la baisse pour espérer atteindre nos objectifs. Nous avons aussi adopté un marketing plus agressif avec plus de publicités et la mise en place d’un tout nouveau site web», s’exprime Nisham Khoody.

Concurrence étrangère

Au niveau des hôtels, la situation n’est pas plus reluisante. «Normalement, les établissements hôteliers rénoventtous les cinq ans. Maintenant, ils attendent parfois une dizaine d’années avant d’entreprendre des travaux de rénovation. Ils favorisent de plus les stratégies de marketing et de rebranding au détriment des travaux d’infrastructure. Les promoteurs font désormais des liftings, tout au plus», déplore Alex Yee, CEO de QuincaillerieCentrale Heritage Bath and Tiles Company.

À cause d’un climat d’austérité économique, la tendance de la consommation générale des particuliers et chez certains promoteurs s’est dirigée vers les prix les plus bas, souvent au détriment de la qualité. «Certains gros promoteurs mettent en place des ‘procurement companies’ pour fournir leurs propres projets en sanitaires et accessoires, important de l’étranger. Cela paraît avantageux pour eux mais ils n’ont pas vraiment d’assurance qualitative et d’expertise dans le domaine», fait remarquer Alex Yee.

La démocratisation de cette démarche entraîne l’émergence de la concurrence étrangère au détriment des prestataire slocaux. «Le prix compte plus que les standards maintenant. Les produits rentrent sur le territoire sans expertise et sont imposés aux architectes. Parallèlement, les étrangers venant essentiellement d’Afrique du Sud et de Chine s’invitent sur le marché mauricien», commente Alex Yee. «Le nombre de compétiteurs a augmenté mais plusieurs petites boîtes locales ont mis la clef sous la porte», soutientVisham Khoody de Manser Saxon.

Paradoxalement, le marché chinois gagne de plus en plus en qualité avec l’importation des normes internationales et des innovations technologiques sur leur territoire. «L’écart entre la Chine et l’Europe se réduit au niveau des prix. Il y a toujours une grande disparité mais elle n’est plus aussi importante qu’il y a dix ans. Conséquence directe : l’Europe commence à baisser ses prix mais maintient toujours son avance au niveau de la technologie et surtout du design. Par exemple, un produit européen coûte 30 euros et son équivalent chinois 15 dollars», explique Alex Yee.

Pour faire face à une situation de plus en plus concurrentielle, certains ont su tirer parti des marchés émergents. «Nous avons une usine en Chine qui fonctionne selon des normes européennes très strictes pour garantir la qualité de nos produits, et surtout la certification Watermark, délivrée par l’Australie, pays reconnu pour son intransigeance sur les enjeux d’économie d’eau et d’écologie. Nous exportons depuis un an vers La Réunion et, plus récemment, vers l’Afrique du Sud», élabore Stéphanie Lenoir de Fralain. «Le Currimjee Group of Companies, dont nous faisons partie, intervient dans des projets aux Seychelles, notamment Le Méridien Barbarons. À la mi-2014, Manser Saxon a créé sur place ESL Ltd, une compagnie prenant en charge le suivi de nos activités, intervenant dans l’électricité, la mécanique, la climatisation et la plomberie. Nous avons toute une équipe de plombiers spécialisés sur place», souligneVisham Khoody du département Plumbing de Manser Saxon.

Service personnalisé

En attendant que les affaires repartent, beaucoup de compagnies ont préféré se concentrer sur les services offerts. «La clientèle a baissé en quantité mais est devenue plus exigeante. Malgré un chiffred’affaires de plus en plus modeste, nous nous concentrons sur l’accompagnement personnalisé des clients : nos vendeurs font des propositions surmesure par rapport au budget disponible, au type de construction (maison, appartement), à la superficie et aux dispositifs installés (types de pompes et de chauffe-eau). La clientèle veut aussi des conseils», expose Alex Yee de Quincaillerie Centrale Heritage Baths and Tiles. «Plutôt que de multiplier les points de vente, nous préférons privilégier un service personnalisé et intimiste, nous focalisant sur la formation de no sconseillers à Mr Bricolage», intervient Stéphanie Lenoir. «Nos conseillers et vendeurs reçoivent régulièrement des formations de nos fournisseurs et connaissent les produits sur le bout des doigts», précise Franck Challier, directeur général de Batimex Mauritius.

Outre de revoir le service, certains passent en revue l’organisation structurelle de l’entreprise. «Notre compagnie est multiculturelle et nous en tirons profit. Lors de la sélection de nos produits, tout le monde vote. Notre bureau centralisé autour d’un espace ouvert permet une communication fluide et dynamique», nuance Stéphanie Lenoir de Fralain. Cela a pour effet de dynamiser les procédures et le service clientèle. «Au regard du comportement du marché ces dernières années, nous avons réduit nos stocks et proposons essentiellement des commandes spéciales aux clients», affirme, pour sa part, Alex Yee de Quincaillerie Centrale.

Malgré les efforts stratégiques, certains facteurs externes échappent au contrôle des compagnies locales. «L’évolution du dollar aura certainement un impact sur nos prix à terme, même si nous mettons tout en œuvre pour maintenir nos prix de vente. Par ailleurs, nous devons aussi faire avec la réglementation des ports en Chine, les contrôles et procédures souvent à l’origine de retards allant d’un mois à cinq semaines de délais additionnels dans les livraisons», reconnaît Stéphanie Lenoir de Fralain. «La hausse du cours de l’acier s’est répercutée chez nos fabricants. Heureusement, les taxes douanières qui ont été revues à la baisse compensent cela», remarque Franck Challier.

Malgré quelques fuites qui ont plombé leurs activités ces dernières années, les différents prestataires intervenant dans la plomberie, la robinetterie et les sanitaires ont su de manière générale garder la tête hors de l’eau. Rouillés par une stagnation prolongée, les grandsacteurs du secteur resserrent les boulons en prévision de la reprise du secteur qui déjà montre des signes encourageants. «Les gros projets mis en suspens à cause de la période électorale sont progressivement réactivé set les rénovations reprennent petit à petit. Il y a de nombreux projets à l’horizon»,soutient Arnaud de Robillard, responsable des ventes au département Protools de CMH. «Les projets démarrent et redémarrent. Nous sommes actuellement engagés dans une trentaine d’entre eux et avons bon espoir pour 2015», rassureVisham Khoody de Manser Saxon.

Gageons que ce regain de dynamisme siphonnera l’amertume des années passées et perdurera au cours des années à venir.

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