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Ramtoola Papers : se maintenir à flot face à la déferlante numérique

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Ramtoola Papers : se maintenir à flot face à la déferlante numérique | business-magazine.mu

Fondée il y a 45 ans, la filiale d’A.A.R. Oosman a su demeurer profitable dans un secteur du papier aux prises avec une rude concurrence et la montée inexorable du numérique. Sa planche de salut : l’innovation.

En 1971, lorsque RamtoolaPapers, filiale d’A.A.R. Oosman, voit le jour, le marché sur lequel elle se positionne n’anticipe pas encore la révolution numérique qui viendra changer les règles du jeu à l’aube du XXIe siècle. L’entreprise, opérant dans l’importation, le stockage et la distribution du papier, s’installe à la rue sir Virgil Naz, Port-Louis et au fil des années, arrive à se faire une place parmi les principaux acteurs – une vingtaine de compagnies – d’un marché estimé à Rs 2,61 milliards (imprimerie et autres activités connexes) en 2015, selon les chiffres publiés dans le Top 100 Companies.

Si à sa création, il y a 45 ans, RamtoolaPapers a nécessité un investissement de Rs 7 millions, aujourd’hui, l’entreprise compte un effectif d’une cinquantaine de personnes alors qu’elle affiche un chiffre d’affaires de Rs 120 millions pour l’année financière écoulée et de
Rs 89,94 millions ainsi que des profits de Rs 1,62 million pour 2014. Elle peut donc se targuer d’une santé financière stable sur un marché qui l’est moins.

Au chapitre des éléments affectant le secteur du papier à Maurice comme à l’international, Mohamed Aly, Administrative Assistant à RamtoolaPapers, met l’accent sur des politiques de plus en plus orientées vers la protection de l’environnement. «Les lois au niveau mondial, tournées vers l’écologie, font que le prix du papier augmente alors que la demande est en baisse constante», explique-t-il. La matière première utilisée dans la fabrication du papier, la pâte à papier, est principalement obtenue à partir du bois. Or, en mai 2009, le prix de cette matière première à la tonne était sous la barre des € 400 mais il s’est accru au point d’atteindre le chiffre record de € 814 en novembre 2015, soit le double. Descendu à € 790 en juillet 2016, il suit néanmoins une courbe ascendante et pourrait continuer à augmenter. Dans une telle conjoncture, Ramtoola Papers, qui s’approvisionne auprès de fournisseurs en Europe et en Asie, a pris le parti de diversifier ses activités. En plus de l’importation et de la vente de papier, la compagnie commercialise ainsi des fournitures et appareils de bureau tels que des destructeurs de documents. Elle a aussi ouvert dans les années ’80 une entreprise sœur au sein du groupe A.A.R. Oosman, sous le nom de Premier Paper Processing. Les opérations de cette dernière se concentrent sur la découpe de papier.

Ramtoola Papers a, par ailleurs, opté pour une stratégie d’adaptation aux nouvelles règles d’un marché où l’écologie fait désormais loi. Dans cette optique, en juillet, l’entreprise a lancé un bloc-notes fabriqué localement à partir de papier recyclé de la gamme Nautilus, produit par la multinationale autrichienne Mondi. Il est à souligner que les papiers Nautilus portent l’Écolabel européen – système d’étiquetage visant à promouvoir les produits à faible impact environnemental. «Nous l’avons fait pour deux raisons : se placer sur ce marché émergent mais aussi participer à la préservation de l’environnement», soutient Mohamed Aly avant d’ajouter, en pesant ses mots : «N’oublions pas que le papier, c’est avant tout des arbres». Force est de constater que la tendance en faveur de produits plus écologiques gagne du terrain à Maurice. En témoigne la loi concernant l’interdiction des sacs en plastique, entrée en vigueur début 2016 et qui a eu, en contrepartie, un effet positif sur l’industrie des sacs en papier. Or, si le gouvernement met en place une politique résolument favorable aux produits en papier recyclé, il va sans dire que les compagnies déjà engagées dans cette voie auront une longueur d’avance sur la concurrence.

Le papier relégué au second plan

Comme mentionné plus haut, les entreprises opérant dans le secteur du papier ont vu grandir peu à peu la menace du numérique ces dernières années, l’accessibilité en continu de contenus divers (livres, journaux, magazines…) sur différents supports et en particulier le smartphone et la tablette, reléguant l’usage du papier au second plan. Ainsi, Philip Meyer annonçait-il déjà en 2004 dans son livre The Vanishing Newspaper: Saving journalism in the information age, la fin de la presse papier pour 2040. Mais plutôt que d’adhérer à cette vision inéluctable d’un futur où l’on ne trouvera des livres et autres écrits sur support papier que dans des bibliothèques poussiéreuses, Ramtoola Papers, à l’instar de nombreuses compagnies vivant du commerce du papier, se veut obstinément optimiste. Et Mohamed Aly de clamer que «même si les avancées technologiques jouent un grand rôle quant à la place du papier, nous réalisons que beaucoup de gens retournent vers le côté tangible et authentique de cette matière

Pour faire face à la concurrence, Ramtoola Papers mise sur la combinaison entre des produits de qualité et une relation de proximité avec sa clientèle. Une équipe mobile parcourt le pays à cet effet. «Nos marketing et merchandising officers quadrillent l’île. Nous approvisionnons une clientèle appartenant surtout au secteur de l’imprimerie et parvenir à le faire dans des délais aussi courts que possible est aussi un atout pour notre entreprise», souligne à ce propos l’Administrative Assistant.

Durement frappée par la décision des plus importantes entreprises de la presse écrite à Maurice d’importer elles-mêmes leurs matières premières, Ramtoola Papers a été contrainte, dès lors, de se contenter du marché des petites publications. Toutefois, à leur tour, celles-ci se sont tournées vers les grandes imprimeries de l’île, leur laissant, en outre, le soin d’acheter le papier requis. Notre interlocuteur cite ici l’exemple du Sunday Times, «qui nous achetait régulièrement du papier pour son hebdomadaire. Après le changement qui s’est opéré au niveau du management, nous avons perdu ce client fin 2015, quand il a préféré avoir affaire à une imprimerie de grande envergure.»

Malgré les déboires qu’elle a subis en plus de quarante ans d’existence, Ramtoola Papers n’est pas prête à tourner la page du commerce du papier. Armée d’une capacité d’innovation à toute épreuve et prônant la prise de risque calculée, l’entreprise a fait de la satisfaction de sa clientèle sa priorité. «Il est vrai qu’en termes de papier, les innovations ne sont pas aussi courantes que dans le domaine des technologies mobiles, par exemple, mais pour rester au contact de la demande, la compagnie recherche constamment de nouveaux types de papier qui sont les plus convoités à l’extérieur ; il en arrivera d’ici peu à Maurice», fait ressortir, pour conclure, Mohamed Aly.

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