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COVID-19 Kristel Durasamy-Froger, confinée dans sa cuisine

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COVID-19 Kristel Durasamy-Froger

«Le Coronavirus, j’en entendais parler au tout début. Et je me disais, que ce n’était pas bien grave. Puis en suivant l’actualité, j’ai vu que c’était loin d’être un petit truc de rien du tout. Plus les jours passaient, plus il y avait de cas confirmés, de gens en quarantaine et de décès. Avec mon entourage, on se disait que cela passerait vite. Sauf que l’annonce du confinement a fini par tomber. Le choc ! C’est là que j’ai vraiment réalisé l’ampleur des dégâts…

 

Avant le confinement, j’avais une vie trépidante. Pour resituer le contexte, je suis créatrice, styliste et animatrice culinaire. La plupart du temps, je suis sur la route car je travaille avec des clients un peu partout. Le reste du temps, je travaille de chez moi, ‘confinée’ dans ma cuisine à créer du contenu. Principalement des recettes pour les marques tout en imaginant des évènements culinaires.

 

J’ai toujours été très active ; ce qui m’a permis d’évoluer énormément dans mon travail. Jusqu’à recruter une stagiaire, Léa Drouet, pour m’accompagner. Elle le fait toujours en télétravail. On s’appelle une fois par jour pour faire le point sur les missions fixées. Je dois dire qu’elle avance de manière très autonome.

 

Même si ce confinement forcé a mis plusieurs projets clients en stand-by, il m’a permis de me recentrer. D’abord, sur ma passion pour le stylisme et la photographie culinaire. Ensuite, sur les petites choses que j’avais fini par mettre de côté faute de temps.

 

Le temps. Maintenant, c’est tout ce qui nous reste. Beaucoup de gens s’ennuient… Je reçois pas mal de messages en ce sens. Mais moi, je ne m’ennuie pas du tout ! J’ai toujours un truc à faire à la maison. J’ai repris goût à créer pour moi. Avant le confinement, je produisais surtout du contenu pour les autres. Jusqu’à m’oublier. Là, je reviens à la source. Mon inspiration reprend du poil de la bête et je crée sans m’arrêter. Ça coule tout naturellement.

 

Les plats que je réalise depuis le confinement sont principalement de mon île. Nous, les Mauriciens, on arrive à tout faire ou presque avec trois fois rien, en accommodant les restes, en ‘recyclant’. Je m’amuse donc à créer des plats avec ce que j’ai sous la main, à faire des ‘caris’ et des rougailles en tout genre, des gâteaux fait-maison.

 

On retrouve également le goût des vraies choses. On prend le temps de vivre et de s’occuper de sa famille. Je me suis même lancée des défis comme faire du pain-maison, des nouilles fraîches, etc. C’est vrai qu’en Europe, on cuisine peu ou moins qu’à Maurice car on court toujours partout et on vit pour le travail... Avec ce confinement, c’est comme si je me retrouvais jeune chez mes parents.

 

On a même fêté récemment mes 30 ans et c’était génial car c’était en petit comité avec les personnes principales que j’aime… Évidemment, je passe beaucoup de temps sur le Net. Me voilà ultra-connectée, suivant l’actualité. Quand je ne travaille pas sur des recettes adaptées au temps qui court, où on ne trouve pas forcément tous les ingrédients en grande surface.

 

Mais il y a une problématique autre que la rareté de certains produits : le souci économique pour les entrepreneurs ou les indépendants notamment. Si on ne travaille pas, on ne gagne pas d’argent. Alors il faut faire attention à tout, favoriser la cuisine maison. Le zéro déchet contribue à soulager le foyer…

 

En attendant, j’ai hâte de partager toutes les recettes restituées de mon enfance et  comme on dit, des ‘bane gran dimoun’. Le confinement c’est important. Pas seulement pour éradiquer ce virus qui est en train de ravager des populations, mais aussi pour retrouver les vrais goûts et les valeurs familiales ! J’ai une amie qui est en réanimation à l’hôpital… Cela me fait tout drôle car comme tout le monde, elle a eu des symptômes, on lui a dit que c’était une bronchite et elle a continué à vivre normalement.

 

S’il vous plaît les Mauriciens, si vous me lisez, ne prenez pas ce confinement à la légère. RESTEZ CHEZ VOUS ! Il vaut mieux passer deux mois à la maison que de priver vos proches de vous pour toute la vie. Testez mes recettes si vous n’avez rien à faire ! J’y consacre beaucoup de temps pour que vous puissiez avoir des idées de menu. Et manger permet de se remémorer des souvenirs et d’avoir l’impression qu’on est ailleurs. C’est ce qui m’arrive quand je mange mauricien. Je me crois de nouveau là-bas à Maurice, entourée de mes proches…» 


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