Argentine : une crise immobilière sans précédent

À Buenos Aires, la crise immobilière se déploie sous deux facettes bien distinctes : d’une part, l’attrait grandissant des étrangers pour les locations libellées en dollars et, de l’autre, les obstacles croissants rencontrés par les résidents locaux pour accéder à des logements abordables, en raison de l’inflation galopante et de la dévaluation du peso argentin.

La situation s’est davantage compliquée avec l’impact d’une loi locative qui, bien qu’initialement destinée à protéger les locataires, semble désormais agir à contre-courant. En vigueur depuis mi-2020 (alors que l’inflation était à ce moment-là de “seulement” 36 %), cette réglementation restreint les hausses de loyer à une fois par an. Toutefois, cette mesure se révèle être une bombe à retardement : les baux arrivant à échéance mi-2023 verront ainsi des augmentations de 100 %, prédit Alejandro Bennazar de la Chambre immobilière argentine.

Dans ce contexte, de nombreux propriétaires préfèrent laisser leurs logements vacants plutôt que de les louer à un tarif figé pendant un an, en attendant d’éventuels changements législatifs. Cette attitude réduit encore davantage l’offre disponible sur le marché. D’autres propriétaires décident quant à eux de louer en dehors de tout cadre légal, à des amis, des proches ou des connaissances, en imposant leurs propres conditions.