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Christine Marot : «Le concept de Smart cities va au-delà du développement immobilier»

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Christine Marot : «Le concept de Smart cities va au-delà du développement immobilier» | business-magazine.mu

Acteur majeur dans le secteur de l’immobilier, BlueLife a subi de lourdes pertes en raison, notamment, de la mauvaise performance de son pôle hôtelier. La société compte remonter la pente en planifiant de manière judicieuse le développement de ses terres. Sa nouvelle CEO fait le point et commente, par ailleurs, le projet de création de villes intelligentes.

BUSINESSMAG. BlueLife est engagée dans la promotion immobilière et la gestion d’actifs. Comment se portent vos activités ?

Après le développement des centres commerciaux Riverside et Circle Square, le focus de BlueLife au cours des dernières années a été le développement de la première phase d’Azuri. Ce projet ambitieux comprenait la création d’un hôtel de 100 chambres et de 230 résidences. Nous accordons une grande importance aux procédures pour pouvoir contenir les coûts et surtout améliorer la qualité du développement, mais au final, le but est de demeurer compétitif et d’offrir le meilleur à nos clients. Nous avons en projet la construction de 114 unités destinées à la clientèle locale. La livraison se fera au premier semestre 2016. Nous travaillons également sur deux projets IRS avec un concept novateur.

Concernant la gestion d’actifs (Asset management), nous notons une stabilisation du taux de remplissage dans nos centres commerciaux : Circle Square et Riverside. Nous constatons une saturation sur le marché, ce qui peut entraîner une baisse du prix du mètre carré.  Parallèlement, il faut faire très attention à la solvabilité de nos clients, surtout dans un contexte économique difficile où certains  domaines d’activités souffrent plus que d’autres. Dans la gestion d’actifs, le modèle opérationnel repose sur la vente des actifs matures au moment opportun. Au niveau de BlueLife, nous voulons nous recentrer sur le développement immobilier. Cela passera probablement par une rationalisation de certaines de nos lignes d’activités.

BUSINESSMAG. Comment voyez-vous le secteur de l’immobilier se développer dans les années à venir ?

Maurice a des limites géographiques et l’optimisation du territoire est essentielle. Il faut que le développement soit planifié pour permettre l’accès à la propriété aux Mauriciens, mais aussi aux étrangers qui souhaiteraient s’installer ou travailler à Maurice. Pour cela, il faut des logements de qualité.

Nous avons également noté une certaine saturation dans plusieurs régions de l’île. Il faudrait que les autorités fassent le planning nécessaire pour s’assurer que les infrastructures suivent. Sans quoi, nous ne pourrons donner de la valeur à la propriété. Nous devons demeurer compétitifs surtout quand nous nous positionnons sur le marché international. Nos compétiteurs offrent des incitations aux étrangers, à l’instar des golden visas.

BUSINESSMAG. Le gouvernement ambitionne de développer des Smart cities. Quel est votre avis ?

Maurice a emboîté le pas à un certain nombre de villes européennes, aux États-Unis et à l’Inde. Le concept de Smart cities va bien au-delà du développement immobilier. C’est un modèle économique en lui-même. Une ville intelligente doit reposer sur des éléments clés comme la citoyenneté et l’urbanisme – des dimensions humaines qui ne peuvent se construire du jour au lendemain.

Comme nous en avons fait l’expérience à Azuri, une ville repose sur des systèmes interdépendants. Au centre de l’écosystème d’une ville, il y a le citadin. BlueLife attend définitivement beaucoup plus de précisions des autorités sur les Smart cities. Quoi qu’il en soit, la prudence est de mise. Pour qu’une ville soit un succès, il est nécessaire de res-pecter tous les paramètres liés à son développement physique. L’inclusion sociale est également primordiale. Il faut pouvoir former des Smart citizens.

Nous attendons d’avoir plus de précisions des autorités concernant les incitations, les avantages et les obligations que ce statut entraîne. En ce qui concerne Azuri, nous avons été peut-être cités puisque nous avons déjà certains des critères jugés smart dans notre façon de développer. Il est vrai que le développement d’Azuri est soutenable, ce qui est d’ailleurs dans l’esprit des Smart cities, mais le concept n’est peut-être pas exactement celui qui nous avions envisagé pour nous développer.

BUSINESSMAG. Vous venez d’être nommée aux fonctions de CEO. Quelles sont vos priorités pour développer BlueLife ?

J’ai accepté le rôle de CEO le 1er mai, mais  j’ai assumé les fonctions d’Acting CEO depuis novembre 2014. Aujourd’hui, il est question de se concentrer sur le développement des 85 % de terrains restants d’Azuri, qui est un actif extrêmement important. Cela passera par une revue du master plan qu’il faudra ajuster tout en établissant les prochains axes de développement. Cet aspect est crucial pour que nous puissions correctement développer ces terres sur les 10 à 15 prochaines années. Surtout que nous souhaitons poursuivre sur la voie d’un développement durable qui prend en considération le bien-être des habitants de la région et l’environnement.

Par ailleurs, nous restons à l’écoute des opportunités de développement immobilier qui se présenteront. L’agilité dont on fera preuve pour les saisir sera un vecteur de croissance. Au-delà du simple domaine immobilier, le suivi de l’évolution de l’environnement économique nous aidera à établir notre évolution.

BUSINESSMAG. Au 31 décembre 2014, la compagnie accusait des pertes de Rs 550 millions. Quelle est votre stratégie pour remonter la pente ?

Le déficit de cette année est largement imputable à des pertes opérationnelles de Rs 205 millions. Celles-ci sont attribuables au pôle hôtelier de BlueLife à hauteur Rs 133 millions, et ensuite à la location de résidences, qui est adossée au pôle hôtelier, pour environ Rs 36 millions. Nous avons également enregistré un manque à gagner sur la vente de nos résidences car nous avons eu un surcoût, de Rs 136 millions, que nous n’avions pas anticipé. Cela a été directement imputé au compte des résultats. Nous avons eu aussi le write-off d’un goodwill qui se rapportait à l’amalgamation qui était intervenue entre IOREC et BlueLife et qui était liée au développement de la phase 1 d’Azuri. C’est une écriture comptable qui nous a impactés à hauteur de Rs 185 millions.

Et pour pouvoir rebondir, il est évident que le pôle hôtelier devra commencer à générer des profits. À noter que le surcoût mentionné ne représentait que 3,5 % d’augmentation comparé à la valeur du développement que nous avons réalisé à Azuri. Le groupe dispose d’actifs de Rs 5,9 milliards. À l’avenir, c’est en développant judicieusement ces actifs que nous pourrions renverser la vapeur.

BUSINESSMAG. Dans quelle mesure ces pertes ont-elles impacté sur le titre BlueLife en Bourse ?

Quand nous parlons de BlueLife et de son introduction en Bourse, cela a été fait en deux phases. BlueLife a d’abord été introduite sur le Development and Enterprise Market en 2013 avec une action évaluée à Rs 5,85. Nous avions alors 1 800 actionnaires. Ensuite, nous avons fusionné avec IOREC et nous avons été admis sur le marché officiel de la Bourse. Depuis, nous comptons quelque 2 800 actionnaires.

Cependant, les pertes affichées et les surcoûts ne jouent pas en notre faveur puisque les investisseurs deviennent frileux et cela impacte sur le cours qui a chuté. L’action se vend actuellement à 35 % de discount par rapport à ses Net assets. Les fonds propres sont encore importants, même si nous avons constaté une baisse de 12 % en 2014. La compagnie a une assise solide. Nous envoyons des signaux positifs. Nous espérons qu’ils seront accueillis favorablement par la communauté des affaires et que le cours de l’action pourra évoluer positivement. Il faut savoir qu’environ 30 % des actions sont entre les mains de petits porteurs. Enfin, il est important de noter que les deux actionnaires de référence – Actis et GML Ineo – ont participé, avec les banques, à une restructuration du bilan de la compagnie, afin de lui donner plus de moyens pour l’avenir.