Isabelle Bouchaire: «Il faut dépersonnaliser le bien proposé en vente ou à la location»

Cette décoratrice d’intérieur, home stageur Feng Shui et diplômée du Campus Médicis de Paris, est spécialisée dans la décoration, la rénovation mais également dans la location et la vente de biens immobiliers.

BUSINESSMAG. Vous êtes spécialisée dans le home staging. Pourquoi avoir choisi ce créneau ?

J’ai exercé dans le métier du bâtiment en France pendant 15 ans. J’ai notamment créé et géré des entreprises dans la rénovation, la décorationmais également dans la location et la vente immobilière. Lors de mes séjours à Maurice, avant que je ne vienne m’y installer, je me suis rendu compte que l’offre de biens immobiliers n’était absolument pas mise en valeur. Résultat : la grande majorité des maisons ne se louent ou ne se vendent pas et restent très longtemps sur le marché.

Cette situation s’explique par une méconnaissance de ce que cherche la clientèle visée : les expatriés. Ces derniers, au vu des loyers pratiqués à Maurice, s’attendent à retrouver dans leur nouveau lieu de vie un niveau de confort au minimum comparable à ce qu’ils avaient en Europe.

BUSINESSMAG. C’est là que vous intervenez. En quoi consiste ce concept, concrètement ?

Il s’agit avant tout de mettre en valeur un bien immobilier destiné à la vente ou à la location. Il faut savoir que lorsqu’il y a plusieurs biens comparables sur le marché, notamment en ce moment, le client ne retiendra que celui pour lequel il aura eu «un effet coup de cœur.» Donc, si un bien reste banal et sans atout, il ne se louera ni ne se vendra, ou se négociera fortement dans le meilleur des cas. Le home staging consiste à créer cet effet coup de cœur. L’objectif étant : lorsqu’un client potentiel visitera les lieux, il pourra sans peine se projeter dans la maison en question. Il ne faut surtout pas qu’il se dise qu’il aura des travaux à faire ou à changer tel ou tel mobilier. Il est nécessaire qu’il puisse s’imaginer y vivre dès qu’il y posera ses affaires.

BUSINESSMAG. Qui dit revalorisation d’un bien, dit travaux. Un investissement conséquent est-il nécessaire pour y parvenir ?

Pas forcément. Cela peut aller d’un simple coup de peinture, afin de rafraîchir la maison, à la réorganisation de celle-ci en passant exceptionnellement par de gros travaux, comme enlever un mur si cela se révèle nécessaire. Le degré d’intervention dépendra beaucoup de l’état de la maison. Mais en général, le plus gros du travail consiste à mettre le mobilier au goût du jour ainsi qu’épurer le bien. Et cela ne nécessite pas un gros investissement. On essaie autant que possible de réutiliser les objets existants et d’y ajouter une « French Touch ». Il faut que ce soit joli, original, épuré, créer l’espace et la lumière au maximum.

Quand il s’agit d’un bien destiné à la vente, on estime qu’un home staging ne doit pas dépasser 2 % du prix de vente. Pour la location, en moyenne, on investira l’équivalent d’un ou de deux mois de loyer au maximum. La différence, c’est qu’une maison qui a été «stagée» restera sur le marché entre une et trois semaines alors qu’une maison qui ne l’a pas été reste en moyenne entre deux ou trois ans sans trouver preneur.

Les agences immobilières ont bien compris l’intérêt du ‘home staging’, et les résultats sont concrets et immédiats. Un exemple récent : l’agence Vip’s H’om vient de louer un bien où je suis intervenue dernièrement. Ce bien était proposé en location à Pereybère depuis deux ans. Le propriétaire a fait confiance à cette nouvelle agence qui lui a fortement conseillé le home staging. Résultat : il est loué dans la semaine !

BUSINESSMAG. La décoration mauricienne, on l’aura compris, ne plaît pas aux expatriés. Pourquoi, selon vous ?

Quand je visite des maisons, j’ai l’impression d’y retrouver ce que l’on voyait en France, il y a 30 ans. La décoration est, il faut bien le dire, quelque peu vieillotte. C’est, du coup, un énorme blocage pour les expatriés qui envisageraient de louer ou d’acheter le bien en question. Des études ont été réalisées et indiquent que 83 % des personnes dans le monde sont incapables de se projeter dans une maison si ce n’est pas à leur image. D’où la nécessité d’épurer au maximum la décoration et de dépersonnaliser le bien proposé afin que les visiteurs aient ce fameux «coup de coeur».