Lonbraz Kann, production locale à dimension universelle

Le premier long-métrage de notre compatriote David Constantin se retrouvera dans les salles de l’île fin novembre après avoir fait la tournée des festivals internationaux.

Lorsqu’on visionne la bande-annonce de Lonbraz Kann, premier long-métrage de notre compatriote David Constantin, il s’en dégage une émotion propre à la peinture sociale de sa trame. Celle-ci est en effet construite autour de la fermeture d’une sucrerie qui touche toute une communauté villageoise, la poussant à se repenser face à un projet de villas de luxe et de parcours de golf qui fera disparaître, à terme, le village en question. Une thématique si proche de nos réalités et en même temps tellement universelle.

Malgré l’intérêt que suscite la bande-annonce, le public mauricien devra attendre la fin de novembre pour voir Lonbraz Kann sur grand écran. Logique des festivals oblige, le film de David Constantin a commencé par être présenté dans ce circuit. Ainsi, il a été projeté le 2 octobre à l’île de La Réunion, en ouverture de l’édition 2014 du Festival international du film d’Afrique etdes îles (FIFAI). Une avant-première mondiale pour la production de 88 minutes, en compétition dans la catégorie « Fé net océan Indien ».

Puis Lonbraz Kann et son réalisateur se sont retrouvés en Belgique pour deux autres projections, les 4 et 7 octobre, en sélection du Festival international du film francophone de Namur. Le long-métrage y était en compétition dans les catégories « Bayard d’Or de la meilleure première œuvre de fiction », « Prix Découverte » et « Prix du Public ». Contacté il y a quelques jours, David Constantin nous confiait qu’il a eu un « très bon retour » des deux festivals. L’ouverture au FIFAI s’est faite devant 250 spectateurs alors que la première séance à Namur, « le vrai test », a eu lieu devant un public d’une centaine de cinéphiles, dont des Mauriciens. À la mi-novembre, Lonbraz Kann se mesurera à d’autres productions au Stockholm Film Festival, en Suède, annonce le cinéaste.

Si l’histoire de Lonbraz Kann est aussi celle « des ouvriers des chantiers navals français, des usines textiles ou automobiles européennes », elle est avant tout bien mauricienne. Plantée à l’ombre des champs de canne de Nouvelle Découverte, où Marco, Bissoon et leurs amis ont passé leur vie à travailler pour la sucrerie. L’arrêt - pourtant annoncé - des activités de l’usine est synonyme pour eux d’effondrement et de chaos. Accrochés aux vestiges du passé, les personnages n’ont d’autre choix que de s’adapter aux conditions qu’impose la mo-dernisation. Pourtant, ensemble, ils décident de faire « front dans la débâcle ».

Coscénariste, réalisateur et producteur de Lonbraz Kann, à travers sa société Caméléon Production, David Constantin s’est investi pleinement dans ce projet dont la concrétisation a pris sept ans, même si le tournage s’est déroulé sur une période d’une année environ, depuis juin 2013. Le Mauricien a bénéficié du soutien du producteur exécutif et co-producteur Fred Eyriey, de la société réunionnaise Lithops Films. Lonbraz Kann s’insère de fait dans la mouvance d’une nouvelle démarche de promotion : un modèle mutualisant les compétences et les moyens techniques disponibles dans la région avant de se tourner vers l’Europe. L’objectif étant de développer l’échange ainsi que l’acquisition d’aptitudes dans les métiers du cinéma en vue de l’émergence d’un cinéma mauricien à l’accent définitivement régional, comme en témoigne la thématique de Lonbraz Kann.

Rappelons que le film de David Constantin a été financé par le fonds d’aide ACP Culture+ de l’Union européenne à hauteur de 193 000 euros ; par l’Organisation internationale de la Francophonie, à travers son Fonds d’aide à la production audiovisuelle du Sud, à hauteur de 40 000 euros et par le Film Rebate Scheme du Board of Investment (30 % des dépenses encourues localement pour la production du film). Le crowd funding a permis de lever près de 12 000 euros alors que l’aide du Global Film Initiative des États-Unis et de Cinémas du Monde a aussi été obtenue.