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Albioma : Produire 80 % d’électricité à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2023

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Albioma : Produire 80 % d’électricité à  partir  d’énergies  renouvelables à l’horizon 2023 | business-magazine.mu

Acteur majeur du développement économique de La Réunion, Albioma a démarré ses opérations il y a 20 ans sur l’île avec la construction de deux unités de production. Aujourd’hui, elle opère une centrale moderne d’une puissance de 110 MW qui récupère et transforme la bagasse en énergie avec l’appui de ses 70 collaborateurs.

En 1995, Albioma met en service ses premières installations de cogénération qui valorisent 100 % de la biomasse, bagasse reçue directement de la production sucrière. Les premières tranches d’une puissance brute de 32MW chacune sont aujourd’hui renforcées par de nouveaux équipements. Et pour cause, il y avait nécessité d’augmenter la puissance disponible et de créer une troisième tranche destinée à renforcer les moyens de production sur le réseau électrique. La centrale thermique Albioma du Gol est ultramoderne, dotée d’équipements complètement automatisés et qui «répondent grandement aux problématiques environnementales», selon le directeur général chargé des activités en France délégué, Pascal Langeron.

Outre ces atouts techniques, Albioma met en avant les connaissances, le savoir-faire de ses collaborateurs formés à ce métier spécifique du traitement de la bagasse. Un métier qu’Albioma exporte aujourd’hui à l’international, au Brésil et dans d’autres départements français ultramarins. En 2014, Albioma était le premier producteur d’électricité de La Réunion, avec  53 % de parts de marché. L’an dernier, EDF, acheteur unique d’électricité à La Réunion, totalisait, pour sa part, 39 % des parts de marché dans la production. Les 9 % restants revenant aux autres producteurs selon les estimations d’Albioma. Cette dernière activité a généré 160 emplois directs. Et l’essor du groupe laisse augurer un accroissement de ses effectifs durant les années à venir.

Investissement de 200 M d’euros jusqu’en 2020

À l’horizon 2020, ce ne sont pas moins de 200 millions d’euros qui seront investis dans le développement de la  centrale. Albioma, ce sont également plusieurs fermes solaires sur toitures dans le chef-lieu, au Port, à Saint-Leu, Saint-Pierre et Saint-Benoît. C’est aussi et avant tout deux centrales au Gol (Saint-Louis) et sur le site de Bois-Rouge (Saint-André).  La centrale du Gol et celle de Bois Rouge totalisent une puissance de 210 MW. Avec ses 26 MW de solaire, Albioma est le premier producteur d’énergie solaire à La Réunion sous sa filiale Albioma Solaire Réunion.

Dans les cinq prochaines années, Albioma sera confrontée à des défis majeurs, à travers notamment le projet de turbine à combustion dans le sud de l’île, un moyen de pointe en cours d’instruction, dont la livraison est programmée pour début 2017. Cet équipement fera office de moyen de secours pour compenser les besoins en électricité lors d’épisodes de pointe ou de défaillance du réseau. L’investissement ici s’élève à un peu plus de 50 millions d’euros. 150 millions d’euros d’investissements seront dédiés à la mise en conformité de la directive IED – nouvelles directives européennes sur les émissions de gaz – de toutes les installations existantes sur l’île (70 millions d’euros pour chacune des usines).

De passage à La Réunion dans le cadre du vingtième anniversaire d’Albioma, le PDG du groupe, Jacques Pétry (ingénieur civil des Ponts et Chaussées, ancien PDG de Sita, puis de Suez Environnement de 2001 à 2007), a profité de la vitrine médiatique pour évoquer la vision stratégique d’Albioma. Sur l’île pour remercier ses collaborateurs, Jacques Pétry est revenu sur les atouts du groupe en phase d’expansion mondiale. «Nous nous basons sur une connaissance approfondie du process sucrier et de ses problématiques énergétiques», a-t-il rappelé. Ce savoir-faire mis en avant par les dirigeants d’Albioma correspond à la valorisation à haute efficacité énergétique des coproduits du sucre et de l’éthanol.

Depuis plus de vingt ans, Albioma assure la combustion de la bagasse et de la paille qu’elle réceptionne chaque année. À moyen terme, il sera question de méthanisation des mélasses, vinasses et de la paille car il faut une production fiable de vapeur et d’électricité pour couvrir les besoins énergétiques du partenariat sucrier. L’export de l’électricité excédentaire continuera de servir à l’alimentation du réseau électrique général.

La bagasse constitue aujourd’hui une des principales sources de biomasse dans le monde. À ce jour, 450 millions de tonnes de bagasse sont disponibles. Moins de 10 % sont exploitées aujourd’hui, dont seulement 3 % à un haut niveau de performance énergétique. Pour Albioma, il s’agit de développer ce volet et de privilégier de façon croissante un combustible renouvelable et stockable pouvant être utilisé en fonction des besoins du réseau électrique

L’enjeu est évidemment de remplacer progressivement le charbon par la biomasse. S’agissant du marché, Albioma, bien qu’en pleine croissance, ne pèse aujourd’hui que 2 % du marché mondial structuré par un millier de sucreries et dont la majeure partie de l’activité se concentre sur le territoire brésilien. Le groupe réunionnais s’est d’ailleurs implanté dans le pays lusophone pour concrétiser sa stratégie d’expansion.

Dans sa conquête des marchés mondiaux, Albioma peut s’appuyer sur de solides atouts : combustion de la bagasse et de la biomasse, chaudières à haute pression, turbines à vapeur et au fioul, production d’électricité, capacité de fournir à des sucreries équipées de production d’éthanol. La société a construit plus de dix unités de cogénération depuis 1992. 120 kWh par tonne de canne à sucre sont exportés sur le réseau électrique pour les centrales à très haute pression.

Le mix énergétique d’Albioma, dans lequel la part de l’énergie fossile atteignait 59 % en 2014, évoluera d’ici à 2017. Durant cette année pivot, la part de l’énergie fossile deviendra mineure par rapport à celle des énergies renouvelables qu’Albioma entend porter à 55 % avant d’atteindre l’objectif de 2023 : 80 % d’énergies renouvelables et 20 % d’énergie fossile.

La loi de transition énergétique dans les départements d’outre-mer a fixé à ces territoires de sérieux
objectifs à atteindre : 50 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020. Par ailleurs, dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un premier plan  devra être validé à la fin de cette année. Il s’agira de fixer la stratégie énergétique de l’île d’ici à 2023.