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Axel Gomez : «Les Réunionnais peuvent investir à Maurice, mais en étant prudents»

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Axel Gomez : «Les Réunionnais peuvent investir à Maurice

Architecte de formation, Axel Gomez est le fondateur de 3AG et d’ALG Consulting, qui fête cette année ses cinq ans d’existence. Il envisage d’exporter son savoir-faire dans l’océan Indien, à commencer par Maurice.

BUSINESSMAG. Comment s’est développée 3AG ces cinq dernières années ?

3AG (Atelier d’Architecture Axel Gomez) existe depuis maintenant 14 ans. Nous comptons à notre actif près de 1 000 logements, des entrepôts, des bureaux et des complexes. Nous intervenons également dans la réhabilitation d’écoles, de crèches et d’équipements publics à La Réunion. Nous disposons également d’une équipe de dix personnes à plein temps.

BUSINESSMAG. Comment en êtes-vous venu à la promotion immobilière et à la création d’ALG Consulting ?

Pendant les sept premières années du cabinet, nous avons réalisé de nombreux projets pour des promoteurs immobiliers dans l’optique de mieux nous faire connaître. Puis, nous avons souhaité franchir une nouvelle étape en prenant nous-mêmes en charge les projets et en dépassant donc le cadre de notre mission d’architecte. Avec ma femme, ingénieure civile, nous avons décidé de créer ALG (Axel Laurence Gomez Consulting).

BUSINESSMAG. De quelle manière ces deux entreprises sont-elles liées ?

ALG Consulting, gérée par Laurence Gomez, s’occupe de la gestion administrative de 3AG, et crée des SCCV (société civile de construction vente) pour lancer des opérations immobilières, dont elle assure ensuite la gestion et la promotion, seule, ou avec des partenaires financiers ou des constructeurs.

BUSINESSMAG. Le secteur du BTP est en dents de scie à La Réunion. Comment arrivez-vous à tirer votre épingle du jeu ?

Les opérations de promotion immobilière mettent une à trois années avant de démarrer. Il faut donc en permanence être vigilant eu égard aux textes de loi qui régissent le secteur immobilier ou aux évolutions de la zone, et essayer d’avoir un coup d’avance. La société de promotion est en permanence en quête de nouveaux projets à lancer.

C’est ainsi qu’avant la fin de la loi Girardin, qui a gelé la défiscalisation sur le secteur de l’immobilier privatif, nous avons connu un vrai tournant. Nous nous sommes orientés vers les logements sociaux, grâce aux textes de loi permettant de faire des VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) entre les sociétés privées et les organismes publics. Nos deux sociétés nous permettent d’être réactifs, mais aussi de sortir en une année des opérations qui chez d’autres prendraient au moins le double.

BUSINESSMAG. Quelles sont vos plus grandes réalisations à La Réunion ?

Je citerai le complexe Ekwalis et l’immeuble IZI à La Possession, ou encore une opération de logements de standing nommée Les Spinelles à Bellepierre. Nous sommes également très impliqués dans les opérations sociales de la ZAC Moulin Joli à La Possession, pour lesquelles nous tentons d’améliorer la qualité architecturale à chaque nouvelle tranche.

BUSINESSMAG. Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez ?

Il y a d’abord l’R DU TEMPS à La Possession, un projet ambitieux à l’échelle de la ville et du département. Ce centre de vie ambitionne de repenser le modèle des centres commerciaux à La Réunion en offrant non seulement des commerces, mais aussi un lieu de rencontre et de vie pour les habitants. Ce sera également un outil de création d’emplois non négligeable pour la commune. Nous sommes très attachés à La Possession, et voulons être acteur de notre environnement et contribuer à son développement.

BUSINESSMAG. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous exporter à Maurice ?

Nous n’aimons pas la stagnation. Nous avions des ambitions de développement dans l’océan Indien. Nous avons osé ce pari car nous sommes à un tournant dans le domaine immobilier réunionnais, et l’ouverture à l’étranger est désormais indispensable. D’ailleurs, nous sommes membre du Club Export de La Réunion qui partage ce leitmotiv. Il y a un savoir-faire réunionnais et français que nous devons oser exporter. Nous avons ainsi créé Black Rock Luxury en septembre 2014, dans le cadre d’un lancement de 18 villas de standing sur le marché mauricien.

BUSINESSMAG. Quel avantage propose le Black Rock Luxury en matière de fiscalité et d’opportunités ?

Nous avons choisi le cadre juridique existant entre les deux pays, afin d’éviter toute situation qui ne serait pas claire en termes de fiscalité et pour que notre exportation ne soit pas perçue comme une évasion fiscale. Nos sociétés réunionnaises restent réunionnaises, sans aucune
ambiguïté.

Il existe un cadre légal pour qu’un Français crée une société de droit mauricienne tout en étant connue de l’administration française. À Maurice, le permis investisseur offre ainsi trois ans pour expérimenter une implantation. La condition de son renouvellement est la réussite de l’opération.

BUSINESSMAG. Vous y réalisez actuellement une première opération immobilière. Parlez-nous en.

La résidence Les Villas Intemporelles est située à Grand-Baie. Elle est proche de toutes les activités et commodités qu’offre cette station balnéaire réputée. Les 18 villas de standing, dans un lotissement sécurisé, sont au cœur d’un écrin de verdure paysagé. L’architecture intègre tous les éléments du développement durable. Moderne aux lignes épurées, elle offre une image revisitée des maisons traditionnelles de l’île Maurice où il fait bon vivre, optimise l’espace et valorise la pierre, le verre et le bois pour créer un lieu de vie chaleureux.

La résidence bénéficie d’un service de location saisonnière et d’entretien, comprenant la gestion administrative complète qui permettra d’optimiser la valeur de l’investissement à travers le temps. Le projet est approuvé par le Board of Investment en vertu des Investment Promotion (Real Estate Development Scheme) Regulations 2007, et bénéficie du statut RES.

BUSINESSMAG. Quels sont vos autres projets à Maurice ?

En fonction de la réussite de ce premier projet, nous espérons pouvoir lancer une deuxième phase. Nous sommes d’ailleurs déjà en discussion pour réaliser des villas de grand luxe.

BUSINESSMAG. Conseillerez-vous aux entrepreneurs réunionnais d’investir à Maurice ?

Bien sûr, mais avec prudence, et en analysant bien le secteur d’activité concerné. Il ne faut pas oublier que nous vendons essentiellement de la prestation intellectuelle.

Il faut inévitablement s’exporter, au risque de disparaître, mais cette affirmation est valable dans le domaine immobilier, que je connais. Dans bien des secteurs, au contraire, il faut plutôt se renforcer pour être le meilleur de la place ou de la région.

BUSINESSMAG. Quel bilan faites-vous de votre stratégie de diversification ?

Elle est enrichissante à bien des égards. C’est constamment un mélange de partage et de confrontation entre les acteurs d’un pays à l’autre, mais aussi un processus long qu’il faut bien appréhender. Nous aimons les défis et les remises en question. Dans ce domaine, nous sommes servis, et nous espérons arriver à l’aboutissement de nos ambitions !

BUSINESSMAG. Prévoyez-vous d’exporter vos services dans d’autres pays ?

Nos rêves d’exportation se situent au Mozambique, à Mayotte, à Madagascar, ou encore en Tanzanie.

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